Mars 2014 /232

Politiques de crise, crises du politique

Congrès de l’ABSP à Liège

Les 10 et 11 avril prochains se tiendra à l’UL g le 6e congrès triennal de l’Association belge francophone de science politique (ABSP) sur le thème “politiques de crise, crises du politique”. Rencontre avec Geoffroy Matagne, maître de conférences au département de science politique et vice-président de l’ABSP.

Le 15e jour du mois : Pour quelle raison avoir choisi ce thème ?

MatagneGeoffreyGeoffroy Matagne : Notre idée était de déconstruire le concept de crise. Il s’agissait de questionner la crise, non pas comme une période limitée – soit une parenthèse dans le temps – mais bien comme faisant référence à des transformations profondes et structurelles. Des liens existent entre les politiques publiques, que les acteurs politiques tentent de mettre en place dans une période de crise, et les critiques qui sont portées sur ces actions alimentant la crise du politique. De manière plus générale, la question de la construction de nouveaux projets politiques pour assurer le vivre-ensemble sera posée.

Le 15e jour : Comment va s’organiser ce congrès ?

G.M. : Outre les 18 sections thématiques, une plénière sera consacrée à chaque partie du chiasme “politiques de crise, crises du politique”. Parmi nos invités de la plénière du jeudi 10 avril, consacrée à la crise du politique, nous accueillerons Youssef Sadik, qui nous exposera son point de vue depuis le Maroc, pays qui ne connaît pas les mêmes développements récents que ses voisins. Jean Faniel, directeur général du Centre de recherche et d’information socio-politiques (Crisp), prendra aussi la parole dans une perspective belge et européenne. Il s’agira donc d’éclairages comparatifs dans deux contextes nationaux/régionaux différents. Petra Meier (université d’Anvers) va, elle, développer une perspective plus transversale à partir de réflexions sur la diversité, le genre, les discriminations, la notion d’égalité dans la période que nous connaissons, marquée par l’austérité et la rigueur. La crise frappe-t-elle davantage ou différemment les femmes ou certaines minorités ? La plénière du vendredi 11 avril sera consacrée aux politiques de crise. Nous aurons notamment l’occasion d’écouter Maximos Aligisiakis, un collègue grec de l’université de Genève, qui nous parlera des politiques d’austérité en Grèce et de leur impact sur le tissu social et économique.

Le 15e jour : Sera-t-il aussi question du Printemps arabe ?

G.M. : Une section thématique est en effet consacrée aux bouleversements dans le sud et l’est de la Méditerranée et aux événements de ces trois dernières années. C’est une belle illustration du caractère à la fois imprévisible – et en tout cas imprévu – de certaines crises politiques et de la manière dont elles se déploient.

Le 15e jour : Comment se manifeste la crise du politique ?

G.M. : La montée de partis d’extrême droite comme Aube Dorée en Grèce ou du FN en France qui dépasse l’UMP et le PS dans certains sondages pour les élections européennes en est un des symptômes. On enregistre par ailleurs une hausse de l’abstention électorale, une crise de confiance des citoyens dans les institutions publiques, etc.

Le 15e jour : Un exemple de politique de crise ?

G.M. : Je dirais que c’est un continuum entre, par exemple, le fait de fermer une télévision publique en Grèce tout en diminuant les salaires de la fonction publique jusque 20% et le fait de réformer le système d’allocations chômage en Belgique ou le non-remplacement de fonctionnaires partant à la retraite.

Le 15e jour : Ne trouvez-vous pas que la crise est également une justification récurrente des acteurs politiques à leur impuissance?

G.M. : La crise est souvent utilisée comme argument, c’est exact. Cependant, avouer tout simplement son impuissance n’est pas politiquement payant. Au-delà de l’élection, c’est sa capacité à agir sur le monde qui rend l’acteur politique légitime. On attend de lui une certaine expertise et du volontarisme. Une vision. Faute de quoi il risque de perdre sa légitimité.

Politiques de crise, crises du politique

6e congrès de l’ABSP, jeudi 10 et vendredi 11 avril place du 20-Août 7, 4000 Liège.

Informations sur le site www.sciencepolitique.be

Les Presses universitaires de Liège sont partenaires officiels du congrès.

 

Ariane Luppens
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