Décembre 2013 /229

Variations du paysage

Le nouveau décret sur l’enseignement supérieur est paru

Après des mois de négociations et de discussions parfois enflammées, le décret “Paysage” (définissant le paysage de l’enseignement supérieur et l’organisation académique des études) a été voté le 6 novembre par le parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. De nombreux changements sont en perspective, tant pour le pilotage global du système d’enseignement supérieur – que l’on veut plus concerté et harmonisé – que pour le parcours de l’étudiant, lequel sera davantage individualisé. Les nouvelles mesures s’appliqueront dès la prochaine rentrée pour les étudiants qui s’inscriront en 1er bachelier.

PaysageLes nouvelles structures fédératives ont été largement commentées. Au sommet, l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (Ares), lieu de dialogue et de concertation entre tous les acteurs (universités, hautes écoles, enseignement des arts et de promotion sociale). Il s’agit d’une instance d’avis (par exemple sur les nouvelles habilitations, octroyées par un décret) chargée aussi de représenter notre système à l’étranger, de produire les statistiques, d’examiner les grands programmes de recherche, de coopération, etc. Son but est d’assurer le pilotage et la cohérence globale de l’enseignement supérieur. A l’étage inférieur, cinq pôles académiques, dont celui de Liège-Luxembourg, organisent la collaboration entre les mêmes acteurs sur un plan régional concernant tous les sujets d’intérêt commun, en particulier ceux améliorant les services aux étudiants (information sur les études, orientation, bibliothèques, infrastructures sportives, culturelles, etc.). Trois zones académiques interpôles ont également été créées.

Moins commentés, les changements dans l’organisation des études vont pourtant considérablement faire évoluer le parcours de l’étudiant et obliger les institutions à réaménager leurs programmes d’études.

Un système par accumulation de crédits. Si le programme reste présenté en “année d’études”, le nouveau système prévoit cependant que l’étudiant acquière et accumule progressivement des crédits. Il s’inscrit chaque année à un ensemble d’unités d’enseignement pour un minimum de 60 crédits, en tenant compte des crédits éventuellement non encore acquis l’année précédente. Le programme de chaque étudiant doit recevoir l’accord du jury, qui veille notamment au respect des prérequis (un cours qui doit être acquis avant l’inscription à un autre) et corequis (un cours qui doit être suivi au plus tard la même année) du programme. Ce système implique que les programmes d’études soient réaménagés en fonction de ces prérequis et corequis, véritables balises garantissant la cohérence formative d’un cursus dans un système où chaque étudiant réalise un parcours de plus en plus individualisé. Un autre défi, ici, sera sans doute d’éviter les chevauchements d’horaires…

Pas de changement pour le 1er bachelier. Pour faciliter la transition secondairesupérieur, les étudiants de 1re année de bachelier continuent de suivre un programme prédéfini. Ce n’est qu’ensuite que le système par accumulation de crédits s’appliquera. L’étudiant qui, au terme de sa 1re année, aura au moins 45 crédits pourra choisir des cours de 2e ou 3e année (toujours en tenant compte des prérequis et corequis).

Réussite à 10/20. Deux systèmes d’évaluation coexistaient, non sans effet pervers potentiel : le nouveau décret harmonise le tout. Désormais, le seuil de réussite est à 10 sur 20, non seulement pour chaque cours mais aussi pour la moyenne d’une année et lors de la délibération de fin de cycle.

Evaluation obligatoire à la fin du quadrimestre. Tous les cours sont “quadrimestrialisés” (sauf exceptions motivées pour raisons pédagogiques) avec une période obligatoire d’examens en fin de quadrimestre, en ce compris pour des cours restés annuels (épreuve partielle). Les résultats des examens sont transmis au plus tard un mois après la clôture de la session et la consultation des copies est possible.

La mention en fin de cycle. Chaque année, le jury délibère sur le programme spécifique suivi par l’étudiant, mais c’est lors de la délibération de fin de cycle qu’il recevra éventuellement une mention (réussi, réussi de manière satisfaisante, avec distinction, etc.).

Passerelles : fin de l’année préparatoire. L’accès au 2e cycle dépendant des conditions particulières fixées par les autorités académiques. Pour les bacheliers de type court, 60 crédits maximum peuvent être imposés dans le programme. Pour des bacheliers ou des étudiants ayant un master de type long, 15 crédits maximum.

Masters de spécialisation. Ils remplacent les masters complémentaires. Le décret prévoit que l’habilitation pour un master de spécialisation peut être perdue si l’on diplôme moins de dix étudiants en moyenne au cours des trois dernières années.

1re année en médecine. Le décret confirme le test d’orientation et les modalités de la session de janvier, telles qu’organisées pour la première fois en 2013.

Didier Moreau
Photos © J.-L. Wertz
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