Avril 2014 /233

Interactivités

Sans gluten, sans produits laitiers, sans sucre, sans graisse, tout crus, pas bleu-pas blanc-pas rouge...
Que faut-il penser de ces nouveaux régimes alimentaires restrictifs ? Bons ou mauvais pour la santé ? Et qu’en est-il du plaisir de manger ?

LeclercqPierreDepuis l’énonciation de principes diététiques dans le corpus hippocratique (III e siècle avant J.-C.) et l’oeuvre de Galien (II e siècle après J.-C.), l’alimentation et la santé sont intimement liées. Cette diététique ancienne se donne pour but de maintenir le corps en bonne santé par le bon choix des aliments qui maintiendront l’équilibre des humeurs dans le corps. Ce choix varie selon une série de facteurs dont font partie le tempérament de l’individu, son âge, la saison, la position des astres, etc. On s’aperçoit donc que les Anciens se privaient déjà d’une série d’ingrédients (par exemple la salade trop froide et trop humide pour un tempérament déjà froid et humide) pour raison diététique. A partir du XIXe siècle, la diététique a fortement évolué avec le progrès des sciences, mais la volonté de se maintenir en bonne santé en consommant une alimentation saine selon les critères diététiques est restée intacte !
Pierre Leclerc (alumni, licence en histoire 2003, collaborateur scientifique)

GalambosStefanAprès l’ère du politiquement correct, bienvenue dans celle de l’“alimentairement correct”. Nos systèmes, avec leur obsession à aseptiser et à standardiser nos vies, sont rentrés dans nos demeures pour contrôler nos assiettes (et pas toujours dans le louable but de nous préserver et d’éviter les conflits).
A notre époque, manger des fraises en hiver n’est pas plus bizarre qu’un tram ne s’arrêtant pas au stade de Sclessin les jours de match et nous pouvons profiter d’un choix infini de denrées alimentaires qu’aucune génération n’a eu à sa disposition avant nous. Mais le diktat des bien pensants a tôt fait, pour notre bien, de mettre sous coupes réglées nos penchants trop gourmands et mal équilibrés, car dangereux pour notre santé et donc contre-productifs pour nos systèmes libéraux.
Si vous vous souvenez, il y a quelques années, en Belgique (sauf entre Ougrée et Tilleur…), nous mangions déjà tous bio sans le savoir. Nos parents et grand parents exploitaient leurs jardins et produisaient des fruits et légumes très certainement de meilleure qualité que les produits pré-calibrés de nos grandes surfaces. La seule différence étant que votre pomme ne coûtait que la sueur de votre front et que vous n’aviez pas à subir un matraquage publicitaire vous culpabilisant de vos mauvaises habitudes alimentaires.
Hélas, les temps changent et il n’est plus toujours possible, ni pratique, de produire nos propres vivres. Notre subsistance repose désormais à 99% sur les grands groupes agroalimentaires. Sans sombrer dans la paranoïa “complotiste”, on pourrait se demander si ce n’est pas les magnats de la “mal bouffe” qui contrôlent aussi la “bouffe santé”. Rien n’est plus rentable que de créer le problème et sa solution, payants tous les deux bien sûr.
De la sorte, ces grands consortiums du bio-bobo auront fait d’une pierre deux coups en nous proposant des produits “santé” doublement rentables car en plus d’augmenter leur marge bénéficiaire, ils œuvrent pour une saine et productive société où “le travail c’est la santé”.
Heureusement pour nous, notre institution a su nous protéger de cette bio-arnaque en diminuant nos chèques repas : mettant ainsi ces onéreux produits hors de notre portée.
Mais nous avons toujours le choix. Ne pas manger bio n’est pas totalement ringard : il y a encore ce restaurant familial d’origine écossaise où il est possible de manger des mets variés comme ces petits pains agrémentés de bœuf haché, de cornichons et d’une moelleuse tranche de cheddar. Un repas équilibré tout en un.
Stéphane Galambos (informatique, ARF)

GoreuxLaraJe me permets de réagir aux régimes “sans gluten”. Certaines personnes suivent un régime sans gluten sans avis médical (certains magazines en viennent à conseiller de réduire le gluten), mais c’est une démarche que je trouve stupide : si la personne n’est pas malade, inutile pour elle de se priver. Si elle l’est, le régime qu’elle s’impose n’est jamais strict et, au final, elle ne fait qu’aggraver la situation, ce qui est dangereux. En Belgique, la plupart des gens qui suivent ces régimes souffrent en réalité d’une véritable maladie auto-immune, la maladie coeliaque. Dans ce cas, manger sans gluten est vital, ce n’est pas un régime comme ça, parce que ça fait maigrir, se sentir mieux, etc. Ce n’est vraiment pas une partie de plaisir, croyez-moi, je suis ce régime par absolue nécessité, car la maladie coeliaque ne dispose pas d’autre traitement...
Lara Goreux (étudiante en 1er master, langues et littératures anciennes, orientation classiques)

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