Septembre 2014 /236

De Strebelle à Ransonnet

Un jour à l’ULg : le Musée en plein air du Sart-Tilman a été créé le 6 octobre 1977

Au détour des allées du Sart-Tilman surgissent les oeuvres du Musée en plein air. Créé officiellement le 6 octobre 1977, ce musée situé au coeur du site universitaire* abrite aujourd’hui une collection riche de 126 pièces (principalement sculptées) et offre au visiteur un « bel aperçu de l’art contemporain en Belgique francophone », comme le souligne la conservatrice Karlin Berghmans. Pierre Alechinsky, Jo Delahaut, Félix Roulin ou encore Serge Vandercam : ces signatures plastiques animent un des espaces de vie majeurs de la communauté universitaire.

MurViseenCette volonté d’intégration artistique remonte aux débuts de l’urbanisation du campus, à l’aube des années 1960 : Claude Strebelle, une des chevilles ouvrières du développement du Sart-Tilman, encourage alors les synergies entre architectes et artistes. Sa propre collaboration avec le plasticien Pierre Culot aboutit, en 1967, à la création du Mur de pierre d’âge viséen, une des premières oeuvres du domaine. Derrière ce titre, poétique hommage tant à l’origine des pierres qu’à leur ancienneté, se cache une ode aux carrières de notre région. Réminiscence du fond des âges, son illusoire vieillesse noue un dialogue contrasté avec la modernité des bâtiments environnants.

Conçues en harmonie avec le lieu qu’elles investissent, les nombreuses sculptures du musée, ces fragments de sens, écrivent, de la beauté naturelle du campus à la ligne sobre de ses architectures, une histoire commune. Fruit de la morphologie particulière des collections, l’imbrication originelle s’exprime tout particulièrement dans certaines oeuvres, comme l’Esplanade de Jo Delahaut ou le Labyrinthe de Léon Wuidar. A l’abstraction colorée de la première – née d’une collaboration avec l’architecte André Paulus et le céramiste Jean-Claude Legrand –, répond la géométrie austère du second. Déployés devant la faculté de Psychologie et des Sciences de l’éducation, les méandres de marbre blanc et de granit noir (subtile évocation du pavement des cathédrales gothiques) font écho à la complexité de l’esprit humain.

PatreAux interventions, imaginées spécifiquement pour le Sart-Tilman, s’ajoute une autre forme d’intégration : celle d’oeuvres préexistantes. Cette délicate combinaison de deux univers s’illustre dans l’acquisition de L’endormie n°5 d’Olivier Strebelle, du Pâtre d’Idel Ianchelevici, ou encore, à proximité de la mare aux chevreuils, de la Jeune fille agenouillée de Charles Leplae, tête-à-tête aérien entre la douceur féminine et la quiétude du décor aquatique. Le mécénat a également offert au musée quelques-uns de ses fleurons, dont la Vierge folle de Rik Wouters. Réalisé en 1912, ce bronze (le plus ancien des collections) incarne par sa matière vivante et triomphale la joie de vivre et l’allégresse du corps en mouvement.

Loin de s’inscrire dans une immuable fixité, les collections du musée s’enrichissent constamment : au mois de novembre 2013, elles accueillaient les courbes gracieuses du Sapin rouge de Jean-Pierre Ransonnet. Paré de vermillon, le géant d’acier Corten est installé au croisement du boulevard du Rectorat et de l’allée du 6-Août. Soigneusement choisi, cet emplacement répond aux fonctions assignées au conifère : devenir un point de repère, un lieu de rendez-vous, faire sens dans le paysage universitaire. A ces nouvelles acquisitions répondent également des expositions régulières : en octobre prochain, les visiteurs découvriront l’univers artistique de Serge Vandercam et de son entourage.

Outre l’agrandissement des collections, l’avenir du Musée en plein air s’articule autour de plusieurs axes essentiels : un de ses enjeux cruciaux est sa visibilité au sein du campus. Pour Karlin Berghmans, la rencontre entre le personnel, les étudiants, les visiteurs et les oeuvres est en effet une priorité. Dans cette optique, le musée se dotera prochainement d’un nouvel espace d’accueil, plus central, en s’installant dans la Galerie des arts (au B7b). Un nouvel écrin, ouvert sur la communauté universitaire, qui viendra rehausser un des joyaux du patrimoine de l’ULg.

* La date de naissance du Musée en plein air du Sart-Tilman est celle de la publication des statuts au Moniteur belge, le 6 octobre 1977. Cependant, la collection d’oeuvres a été inaugurée en même temps que le domaine du Sart-Tilman, le 6 novembre 1967, par une cérémonie aux Grands Amphithéâtres. Le Mur de Pierre Culot peut à cet égard être considérée comme la pièce fondatrice du Musée en plein air.

Musée en plein air du Sart-Tilman Université de Liège

Contacts : tél. 04.366.22.20, courriel musee.pleinair@ulg.ac.be, site www.museepla.ulg.ac.be

 

Julie Delbouille
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