Octobre 2014 /237

Interactivité

Comment l’Europe peut-elle réagir face à des situations difficiles et complexes ? Sanctions économiques ? Embargo ? Action politique ? Opération militaire ?

ArtigeLionelLes réactions sont multiples et dépendent des acteurs concernés. S’il s’agit de la crise ukrainienne, l’intervention militaire est exclue. Quant aux sanctions économiques, elles sont toujours à double tranchant. Le commerce international suppose qu’il y ait un vendeur et un acheteur et les deux peuvent bénéficier du commerce international. Par exemple, l’Europe a besoin du gaz russe et la Russie a besoin d’importer des biens agricoles et industriels européens.

Quand l’Union européenne prend des sanctions économiques contre la Russie, cela a des conséquences défavorables sur l’économie russe. Mais quand la Russie prend des mesures de rétorsion contre l’Europe, cela a des conséquences négatives sur les économies européennes. La détérioration des relations UE-Russie aura pour résultat une baisse des échanges économiques entre les deux acteurs, ce qui aura un effet négatif sur leurs activités respectives. D’un côté, c’est le prix à payer pour le coup de menton de Poutine, et, de l’autre, c’est le prix à payer pour que l’UE existe politiquement. Néanmoins, elle aurait été bien avisée de mesurer anticipativement les effets politiques sur ses relations avec la Russie de l’accord d’association qu’elle a proposé à l’Ukraine. C’est tout de même cet accord qui est à l’origine de la crise. Ou bien c’est intentionnel de la part de l’Europe, et il n’y a rien à redire sur le prix à payer; ou bien cela ne l’est pas, et l’impéritie politique européenne est préoccupante. S’agissant d’une crise comme celle provoquée par le groupe terroriste Etat islamique, c’est une question essentiellement politique et militaire qui requiert des réponses politiques et militaires.

Pr Lionel Artige (HEC-ULg)

LikaLiridonL’Union européenne (UE) ne veut pas mener d’opération militaire, même si elle condamne ce qui se passe pour l’instant en Syrie et en Irak. A la demande des autorités irakiennes, la France et le Royaume-Uni, soutenues par la Belgique et le Danemark par l’envoi des avions de combat F 16, ont décidé d’agir manu militari (par des frappes aériennes) contre les jihadistes, mais elles agissent de manière individuelle, c’est-à-dire en dehors des instances européennes ; d’autres États européens tels que l’Allemagne ou encore l’Italie livrent seulement des armes aux combattants kurdes dans le nord de l’Irak. La liberté d’action militaire relève de la compétence exclusive de chaque Etat.

C’était aussi le cas dans les années 1990 : l’Europe communautaire a essayé d’arrêter la désintégration de l’ex-Yougoslavie, mais elle s’est montrée incapable d’agir collectivement et d’éviter de graves violations des droits de l’homme : je pense notamment au massacre de Srebrenica. Toutefois, depuis les années 2000, l’UE a notamment envoyé des missions de paix dans les Balkans occidentaux et ouvert la porte aux différents Etats de cette région. La Slovénie puis la Croatie ont rejoint ses rangs ; l’Albanie, la Macédoine, le Monténégro et la Serbie sont candidats à l’adhésion. Mais les pourparlers concernant le Kosovo sont encore au point mort : cinq pays sur 28 refusent encore aujourd’hui de reconnaître son indépendance.

Liridon Lika,
assistant et doctorant au sein du “Center for International Relations Studies” (Cefir) du département de science politique.

(Propos recueillis le 29 septembre)
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