Novembre 2014 /238
TypeArt

Alleluia

Un film de Fabrice Du Welz (2014)
Avec Laurent Lucas, Hélène Noguerra, etc.
A voir au cinéma Sauvenière

 Alleluia

 

Michel, un quadra un peu paumé, mais diablement séduisant, assure sa subsistance en mettant la main sur les économies de femmes qui tombent sous son charme. Lorsque sa route croise celle de Gloria, c’est le choc. La flamboyante Ibère, qui a perdu ses marques au fil d’une existence triste, tombe amoureuse de ce beau passant qu’elle ne va plus lâcher. Commence alors une incroyable odyssée sanglante où les deux amants qui se présentent comme une fratrie vont s’enfoncer dans la folie furieuse...

Dans le paysage cinématographique belge, Fabrice Du Welz est un cas à part, un solitaire qui revendique presque son statut, un électron libre qui ne suit que ses instincts comme ligne de conduite artistique. Il n’y a qu’à observer ses déboires avec les studios (le cas Colt.45 que le cinéaste renie pour divergences artistiques avec la production) pour cerner la personnalité, perfectionniste et radicale – parfois trop – que l’auteur possède et, par extension, imprime sur ses films. Alleluia, sorte de prolongement de Calvaire (le premier film choc de Du Welz, avec déjà Laurent Lucas et le décor des Ardennes belges), ne s’impose aucune limite, aucun interdit, et va jusqu’au bout de ses idées, bonnes ou mauvaises.

Le film s’inspire d’un fait divers authentique, l’histoire de Martha Beck et Raymond Fernandez qui a secoué les Etats-Unis de 1947 à 1949. Pourtant, c’est davantage dans l’histoire du cinéma que le cinéaste puise son inspiration : dans la première adaptation du fait divers notamment, The Honeymoon Killers de Leonard Kastle, mais aussi dans le Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper (le côté organique du film, avec le grain saturé de l’image et la propension à filmer de très près les personnages), dans le Shining de Stanley Kubrick (la froideur des séquences, l’importance du non-dit), bref dans tout un genre transcendé par des cinéastes eux aussi indépendants dans les années 70. Plus qu’un film provoc, c’est un cri d’amour cinématographique que lance Du Welz, certes truffé de petites maladresses mais qui sont éclipsées par la volonté du film de se démarquer par tous les moyens possibles. Surprenant, déroutant, parfois décevant (les seconds rôles, le scénario un peu faible), Alleluia a malgré ses défauts un mérite incroyable : celui de tenter un cinéma différent, appelé à devenir culte pour ceux qui oseront franchir la porte des salles de cinéma. Car l’oeuvre n’est pas à mettre devant tous les yeux.

Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’ASBL Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.48.28, le mercredi 19 novembre entre 10 et 10h30, et de répondre à la question suivante : comment s’intitule la trilogie de Du Welz initiée par Calvaire et dont Alleluia est le deuxième opus ?

Bastien Martin
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