Décembre 2014 /239
TypeArt

Coming Home

ConcoursCinema-ComingHome

Un film de Zhang Yimou (2014)
Avec Gong Li, Chen Daoming, etc.
A voir aux cinémas Le Parc, Churchill et Sauvenière

Lu Yanshi, prisonnier politique, est libéré à la fin de la Révolution culturelle. Lorsqu’il rentre chez lui, il découvre que sa femme souffre d’amnésie. Elle ne le reconnaît pas et, chaque jour, elle attend le retour de son mari, sans comprendre qu’il est à ses côtés.

Figure incontournable du cinéma chinois contemporain, Zhang Yimou n’en est pas moins un sujet de polémique à lui seul, un contestataire modéré, capable d’ignorer la politique de l’enfant unique tout en rendant hommage à la Chine et ses dirigeants dans une cérémonie d’ouverture très controversée des JO de Pékin en 2008. Le cinéma de Yimou est, depuis quelques années, à l’image de l’homme : séduisant, parfois inattendu, souvent ambigu.

Coming Home est l’une des oeuvres les plus troublantes du cinéaste sur le fond, relecture un peu fade et surtout trop lisse de la Révolution culturelle, que Yimou minimise presque. Il y avait, dans les récents films à grands spectacles du cinéaste, une réflexion sur les bienfaits du statu quo du pouvoir (La Cité interdite), s’éloignant fondamentalement de son cinéma plus polémique de ses débuts, celui qui lui avait permis d’être reconnu en Europe et de susciter à l’occasion l’ire du gouvernement chinois (qui frappa le réalisateur d’une interdiction de sortie du pays pour 20 ans après la sélection de Vivre ! au Festival de Cannes).

Mais au-delà d’un fond politique très limite, la forme même du film déçoit quelque peu. Certes, Yimou reste l’un des meilleurs plasticiens du cinéma asiatique ; chaque plan est d’une beauté à couper le souffle et le film mérite presque le déplacement pour le simple plaisir des yeux. On ne peut hélas pas en dire autant de la narration même du film, mélo superficiel usant et abusant d’effets faciles, étouffant toute délicatesse possible dans un maelström de violons, de crises de larmes et de scènes répétitives. D’autant plus grande est la déception que le cinéaste avait su, avant ses grandes fresques peu subtiles il est vrai, rendre ses premiers opus poignants par une simplicité narrative admirable (Epouses et concubines ; Qiu Ju, une femme chinoise).

Coming Home n’est pas un mauvais film, loin de là, avec de réelles qualités visuelles, mais il constitue une surprise peu agréable, tant de la part du cinéaste que dans son approche d’un genre extrêmement codifié depuis Douglas Sirk. Un film bancal mais accessible, faussement subversif mais toujours aussi beau à voir. S’il donne l’envie à quelques spectateurs de découvrir l’oeuvre de Yimou, ce sera là sa véritable réussite.

Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’ASBL Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.48.28, le mercredi 17 décembre entre 10 et 10h30, et de répondre à la question suivante : dans les années 2000, Yimou a réalisé le remake d’un film des frères Coen; lequel ?

Bastien Martin
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