February 2015 /241

Tous à la bibli !

Succès de l’élargissement de l’offre des salles d’étude

Bibli2C’était une importante revendication taut o logique, qui avait notamment été portée par la liste Essentiel lors des élections étudiantes. Il n’est dès lors pas étonnant que l’extension des horaires d’ouverture des bibliothèques et la présentation d’une offre élargie de locaux idoines aient été largement relayées, au point que plusieurs médias se soient fait l’écho d’un nouveau phénomène comportemental qui pousserait davantage les étudiants à étudier groupés, dans des lieux calmes et propices à la concentration. A l’entame de la session hivernale d’examens, Hautes Écoles, écoles supérieures et Université avaient en effet appliqué un programme commun d’optimisation des places, dans des salles d’études polymorphes.

Les places sont chères

Bénéficiant d’une réciprocité ancrée dans le Pôle académique Liège-Luxembourg, les étudiants des Hautes Écoles eurent donc la possibilité d’accéder aux infrastructures de l’ULg et vice-versa. « Cette année, nous avions largement étoffé l’offre des bibliothèques en proposant des jours d’ouverture supplémentaires et des horaires étendus, détaille Stéphanie Audrit, attachée à la direction des bibliothèques. Elles étaient ouvertes tous les jours durant la période de Noël, hormis les dimanches et jours férié, jusqu’à 21h au centre-ville et jusqu’à 20h au Sart-Tilman. » Les Chiroux avaient également mis à disposition des salles supplémentaires et Helmo aussi, lorsque deux espaces surveillés par des étudiants jobistes étaient tout autant accessibles au Sart-Tilman, dans la surface qu’occupaient jadis les restaurants universitaires (B8).
Bibli1Il reste que, parce qu’elles demeurent les plus accessibles pour ceux qui kotent au centre ville, les bibliothèques du 20-Août demeuraient bondées, comme leurs équivalentes au CHU (sciences de la vie) et en faculté de Droit (bibliothèque Graulinch) qui, ont elles aussi, bénéficié d’une belle fréquentation. « C’est la folie pour trouver une place. Dès 8h, on fait la file. Et, à midi, on est obligés de laisser une partie de nos affaires sur les tables pour ne pas se retrouver dans les salles d’études annexes à notre retour. Le succès résulte aussi d’un bouche à oreille », témoignent Claire et Anne-Laure, étudiantes en communication.
La très grande majorité des étudiants interrogés sur leurs motivations à travailler en bibliothèque servent autant de déclinaisons du même triptyque : éviter les tentations de distraction, s’immerger dans un climat de concentration collective motivant (voire contraignant) et pouvoir poser des questions auxquelles ils obtiennent plus rapidement une réponse auprès de leurs voisins d’étude. « Mais tout cela répond également à un besoin de quitter les parents en allant vers une socialisation plus externe à la famille, avance le Pr Jean-Marie Gauthier, spécialiste de la psychologie de l’adolescent à la faculté de Psychologie et des Sciences de l’éducation, qui sous-entend que le brouhaha familial ne justifie pas à lui seul la fuite de certains. On peut voir deux types de socialisation. Le premier passe par le virtuel et les réseaux sociaux ; j’observe d’ailleurs ce besoin étonnant de se connecter sur Facebook en sortant des cours. Le second est caractérisé par le besoin de se retrouver en présence physique des autres, même sans paroles, auquel répond notamment la présence en bibliothèque. Le rassemblement collectif devient aussi un moyen de se protéger des moyens technologiques toujours à sa portée. »

Dimension corporelle

Facebook, la manie épidémique de ce début de siècle, devait forcément venir sur le tapis. Son influence orienterait donc les forçats du blocus, par un tropisme commun, vers les lieux où leurs semblables se concentrent déjà en nombre. Et le Pr Gauthier ajoute : « La nature humaine se réexprime en dehors des moyens technologiques auxquels il manque une dimension corporelle de l’affect, qui ne se communique que par des excès. Les smileys utilisés dans les discussions via internet ne remplacent pas le ton de la voix, la posture, les regards, etc. »
Ce phénomène notable ne concerne cependant pas tous les étudiants. Beaucoup préfèrent encore le confort de la maison. « J’aime bien être au calme et tranquille pour réviser et, chez moi, je peux faire une pause quand je veux comme je veux. J’aime bien écouter de la musique, manger un truc, regarder une série. Et puis je peux dormir un peu plus tard, sans avoir à m’habiller autrement qu’avec des vêtements confortables », résume Sandra, future vétérinaire.

Fabrice Terlonge
Photos : J.-L. Wertz
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