February 2015 /241

Féminisme(s) : regards croisés

Noir Chantilly, Féminisme(s), une exposition à la Châtaigneraie de Flémalle

DesperateHousewives-FrugierAudreyDès le 14 février, une nouvelle exposition investira les murs de la Châtaigneraie, étendant ses ramifications jusqu’à la galerie Juvénal à Huy : Noir Chantilly, Féminisme(s). Abritant les oeuvres de près de 25 artistes féminines, elle offre une réflexion plurielle sur une thématique longtemps passée sous silence, parfois controversée, mais résolument inscrite dans l’actualité.

“La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune”. De cette assertion d’Olympe de Gouges en 1791, extraite de sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, au délicieux scandale entourant la vie de George Sand, de la naissance du Deuxième Sexe sous la plume de Simone de Beauvoir au questionnement distillé par Élisabeth Badinter, la mouvance féministe n’a eu de cesse d’interroger la place occupée par les femmes au sein de la société. Enracinée dans l’histoire depuis plusieurs siècles, elle prend une ampleur nouvelle au tournant du XXe, en s’engageant dans plusieurs combats majeurs – comme le suffrage féminin, la libération sexuelle ou, plus récemment, le droit à l’avortement.

Mais ces dernières décennies semblent avant tout marquées par une diversification des problématiques, pointant entre autres du doigt le harcèlement sexuel, les diktats de la mode ou encore l’image de la femme véhiculée par la publicité. Comme le souligne Marie-Hélène Joiret, directrice du Centre wallon d’Art contemporain, la genèse de l’exposition installée à la Châtaigneraie réside justement dans cette pluralité, qui pousse à délaisser l’emploi au singulier du terme “féminisme”. La diversité des techniques représentées, ainsi que le caractère international de la sélection d’artistes, permet de conjuguer les apports de différentes sensibilités : la pensée de la peintre y côtoie celle de la vidéaste, et les courbes sculptées répondent à la poésie des installations.
Ainsi, au détour d’une salle, un balai efface les traces d’un désastre de cristal, sous l’intitulé Desperate Housewife. Loin du cliché vindicatif souvent associé à la tendance féministe, l’oeuvre d’Audrey Frugier suscite une réflexion teintée d’ironie sur la société de consommation, mais également sur l’hiatus existant entre “réalité austère et vie fantasmée”. Plus loin, une scène familière accroche le regard : les courbes opalescentes de l’Origine du monde de Courbet arborent, tel un clin d’oeil potache, une culotte aux froufrous dentelés ; cousus par Fanny Viollet, ces tissus constituent la signature récurrente de l’artiste française.
Suspendu à un des murs, un dessin reproduit des allégories de notre enfance. Anne-Sophie Arnould nous y livre une vision intimiste et passionnelle du loup et du chaperon rouge : « Le chaperon n’en avait que faire des précautions dictées par la grand-mère. Elle voulait faire, se laisser faire, fougueusement, furieusement, inconsciemment, avec toute l’innocence d’une petite fille amoureuse qui court à sa perte. [...] Elle est là, enchaînée dans un tourbillon amoureux face à un loup qui ne se sent pas capable de l’aimer. » Ces quelques perles artistiques, complétées d’une vingtaine d’autres, sont à découvrir jusqu’au 5 avril prochain à la Châtaigneraie.

Noir Chantilly, Féminisme(s)

Du 14 février au 5 avril à la Châtaigneraie, chaussée de Ramioul 19, 4400 Flémalle.

Contacts : tél. 04.275.33.30, courriel chataigneraie@belgacom.net

Julie Delbouille
Photos : Audrey Frugier - Desperate Housewives, 2014 - Swarovski Elements
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