March 2015 /242

La dynamique des marchés du travail

Chaire Francqui au Pr Pierre Desmarez (ULB)

Le Pr Pierre Desmarez, de la faculté des Sciences sociales et politiques à l’ULB, est titulaire de la chaire Francqui attribuée au titre belge 2014-2015, à l’Institut des sciences humaines et sociales.

Au mois de mars, les étudiants auront l’occasion d’assister à cinq leçons autour du thème suivant : “La dynamique des marchés, du travail : approches comparatives et longitudinales”. Nul doute que le sujet ne manquera pas d’éveiller l’intérêt. Le travail est en effet un “trésor” comme le disait Esope en son temps. C’est une ressource que l’on va prospecter sur un marché ou sur “des” marchés selon la nuance apportée par Pierre Desmarez : « On parle du marché du travail comme s’il y avait une offre et une demande qui se rencontraient avec un prix d’équilibre, incarné par un salaire. Mais depuis les années 1950, certains auteurs ont mis en évidence des sous-ensembles au sein du marché du travail. C’est ce qu’on appelle la théorie du dualisme ou de la segmentation. Ces sous-ensembles ont des fonctionnements particuliers liés aux caractéristiques d’un métier, à l’expérience, à la volonté de certaines entreprises aussi de s’attacher certaines catégories de travailleurs plus stables pour pouvoir compter sur eux dans la durée. Ils permettent d’expliquer l’existence de situations de pénurie d’emplois et du chômage. »
Parler “des” marchés du travail amène donc à analyser plus finement toute une panoplie de situations différentes et de réaliser qu’il s’agit d’espaces soumis à un réseau d’interdépendances extrêmement complexe à identifier et à appréhender. L’objectif principal des leçons sera avant tout de mettre en évidence comment le travail peut être un dénominateur commun à ces situations, tout en donnant lieu à des relations très diverses selon la manière dont l’activité “travail” est organisée. En fonction de l’organisation adoptée, la frontière du “travail” peut varier. Aller chercher ses enfants à l’école représente la même activité que si cette tâche est déléguée à une tierce personne. Mais les relations ne sont pas de même nature puisque, dans le deuxième cas de figure, l’activité devient rémunérée. Cet exemple peut s’étendre à toutes les activités dites domestiques qui vont avoir un impact sur le marché du travail suivant la façon dont on les organise.
L’étude des relations qui s’établissent autour de l’activité “travail” demande également de se pencher sur les différents statuts du travailleur, et de ne pas se cantonner à la relation employeur/salarié qui a longtemps façonné les marchés du travail mais qui tend à « s’émietter » de plus en plus au fur et à mesure que la flexibilité prend de l’ampleur. Il faut de ce fait prendre en considération le travail indépendant ou intérimaire, évoquer la disparition progressive des entreprises monolithiques en faveur des sous-traitants, aborder l’externalisation d’activités telles que le nettoyage, la restauration, la comptabilité au sein d’une même entreprise et mettre en évidence que « cette situation n’est pas favorable à la communauté d’intérêts et au rassemblement en vue de défendre ces intérêts ». D’où des tentatives, et parfois même des réalisations pour tenter de recréer une unité. Cependant, la description de tels phénomènes n’a de sens que par l’adoption d’« approches comparatives et longitudinales », précise le Pr Desmarez. Entendez ici la prise en compte de la dynamique des marchés du travail au niveau international : que se passe-t-il dans les autres pays et comment cela influence-t-il les marchés locaux ? Il faut aussi se placer dans une perspective historique pour comprendre que « ce marché du travail classique est en réalité une fabrication sociale, issue d’un processus historique. Quelle que soit la relation, rien de tout cela n’est naturel ».

La dynamique des marchés du travail

Les leçons auront lieu à 16h30 dans l’auditoire de Tocqueville (bât. B31), Sart-Tilman, 4000 Liège :

  • le mardi 24 mars : “Frontières et segments”
  • le mardi 21 avril : “Normes et institutions”
  • le mardi 5 mai : “Organisations et transactions”
  • le mardi 12 mai : “Flexibilités et interdépendances”

Contacts : courriel s.lodato@ulg.ac.be

 

Ariane Luppens
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