March 2015 /242

La qualité en TV

Un mémoire primé par le CSA

En proposant une alternative à la prépondérante mesure d’audience, le mémoire d’Aude Quinet – diplômée en information et communication de l’ULg – consacré à la qualité en télévision a littéralement séduit le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) dont il reçoit le prix et ouvre la voie à de nouvelles recherches sur le sujet.

Mesure d’audience vs qualimat

« Le public, ses attentes et ses comportements ont été au coeur des préoccupations dès l’apparition du petit écran », explique d’emblée Aude Quinet. Cependant, petit à petit, avec l’arrivée de la télévision privée, de la publicité et de la concurrence, les mesures d’audience ont pris le pas sur les mesures de qualité. Dans le secteur privé, elles sont même devenues, dans un souci de rentabilité – une audience élevée étant indubitablement synonyme de réussite –, le critère de vie ou de mort d’une émission. C’est moins le cas des chaînes publiques. « A cause de leur statut, de leur financement, la question de la qualité des programmes et de sa mesure a toujours été un enjeu important pour ces dernières. C’est en effet un moyen de légitimer leurs contenus, de se différencier clairement des télévisions privées », poursuit l’ancienne étudiante.
Si envisager le rapport programmes/téléspectateurs de manière non pas quantitative mais qualitative n’est donc pas une nouveauté en soi, l’originalité du travail d’Aude Quinet se situe surtout au niveau de la méthodologie utilisée, comme le souligne d’ailleurs Christine Servais, professeur de médiation esthétique et des théories de la réception, qui a supervisé l’étude : « Nous avons confronté le point de vue scientifique des travaux réalisés sur la télévision à l’avis des téléspectateurs et des professionnels. Cela ne signifie pas, bien sûr, qu’on aboutisse à une qualité “objective”, car il n’y a de qualité que pour quelqu’un, mais du moins s’est-on assuré du type de critères – formels, techniques, éthiques, esthétiques, etc. – sur lesquels les différents genres d’émission ont été évalués. »

Reconnaissance

Des qualités qui ont indubitablement séduit le jury du CSA qui, chaque année, distingue un(e) étudiant(e) pour son travail de fin d’études. « Son mémoire remplissait non seulement les critères recherchés (intérêt du sujet pour la régulation et/ou l’audiovisuel, richesse documentaire, qualité de la recherche) mais il se distinguait également par l’important travail de “décryptage” de la notion de qualité télévisuelle. L’état des lieux réalisé sur cette notion est parfaitement rigoureux, précis et clairvoyant. Sans compter qu’il vient appuyer intelligemment le processus méthodologique Qualimat mis en place ultérieurement », développe Muriel Hanot, directrice des études et des recherches au CSA.
Véritable mise en pratique, ce travail de longue haleine a en effet abouti au développement du “Qualimat Télépro”, un outil qui permet désormais à l’hebdomadaire, commanditaire de l’étude, d’évaluer pour sa rubrique “Top et Flop”, la qualité des chaînes francophones regardées en Belgique. Pour Christine Servais, également directrice du Laboratoire sur les médias et la médiation (Lemme) dans le cadre duquel s’est effectuée le travail, certaines parties du mémoire pourront également faire l’objet de recherches ultérieures, en particulier pour en exploiter les résultats ou analyser les critères retenus par les téléspectateurs. Ce n’est donc qu’un point de départ car, en matière de qualité en télévision, le téléspectateur n’a pas fini de nous livrer ses secrets.

Informations sur le site http://www.csa.be

Martha Regueiro
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