April 2015 /243

Les réceptions de l’ambassadeur

La langue arabe du Pr Frédéric Bauden

AmbassadeursA la fin du mois d’avril, à l’initiative de l’unité de recherche en langue arabe et études islamiques, se tiendra un colloque sur la “culture matérielle et contacts diplomatiques entre l’Occident latin, Byzance et l’Orient islamique (du XIe au XVIe siècle)”. « À l’époque, les ambassadeurs et autres messagers officiels circulaient entre le monde latin et l’Orient islamique, note le Pr Frédéric Bauden. Si leur rôle est assez connu, le déplacement, l’accueil des délégations ne l’est pas encore. Comment les cadeaux offerts à cette occasion s’insèrent-ils dans les pratiques diplomatiques ? Et comment acheminer sur plusieurs centaines ou milliers de kilomètres des objets précieux ? Comment les délégations – parfois munificentes – apportent-elles l’argent dont elles ont besoin (frais de voyage et frais de bouche, politique ostentatoire auprès de l’hôte, transmission d’un tribut, etc.) ? »

Photo : Le sultan seljoukide Berk-Yaruq ibn Malik-Shāh (1093-1105) reçoit des ambassadeurs.

Le colloque tentera d’apporter des éléments de réponse à ces questions tout en examinant aussi l’enjeu que représentent les documents écrits dans la fonction diplomatique, par exemple. Inscrit dans le cadre du programme de l’IFAO “La paix : concepts, pratiques et systèmes politiques, 2012-2016”, nul doute qu’il apportera sa pierre à l’édifice.
Directeur de l’unité de recherche en “langue arabe et études islamiques” au sein du département des sciences de l’Antiquité, le Pr Frédéric Bauden consacre ses recherches à l’islam médiéval, pour la période, et sur les manuscrits des historiens de l’époque, pour le sujet. Il étudie notamment les méthodes de travail à l’oeuvre dans les manuscrits autographes conservés à l’ULg. « L’Université dispose d’une très belle collection de manuscrits arabes médiévaux, explique-t-il, grâce au don de Melle Dargent qui, en 1986, a cédé à son ancienne Alma mater plus de 400 manuscrits de l’époque. Un legs qui a considérablement enrichi le premier fonds constitué par Victor Chauvin, du nom d’un professeur d’arabe et d’hébreu à l’ULg au XIXe siècle. Aujourd’hui, la collection compte environ 500 volumes, ce qui en fait la plus riche de Belgique. » Une mine d’or pour la recherche et un atout de poids pour lancer un nouveau projet soutenu par le FNRS – “Ex(-)libris ex Oriente” –, soit une base de données reprenant pour chaque manuscrit tous les éléments de son histoire.
Etudier l’arabe, c’est aussi comprendre le monde contemporain. « La langue arabe standard moderne présente des traits de forte continuité avec la langue arabe classique, surtout pour la syntaxe, précise Frédéric Bauden. La vulgate coranique a été fixée dans sa forme écrite au VIIe siècle et, étant donné que la langue dans laquelle la révélation s’est faite était l’arabe, ceci lui confère un caractère “sacré”. » Si la plupart des cours de langue sont dispensés aux étudiants inscrits en langues orientales et en langues et lettres modernes, le Pr Bauden intervient aussi dans les formations “accélérées” organisées par l’Arabe Académie au sein de la Cité internationale Wallonie-Bruxelles. Les cours sont alors destinés aux personnes travaillant dans des entreprises qui souhaitent nouer des contacts commerciaux avec les pays arabes ainsi qu’aux demandeurs d’emploi qui voudraient travailler dans une entreprise de ce genre.

Culture matérielle et contacts diplomatiques entre l’Occident latin, Byzance et l’Orient islamique (XIe-XVIe siècle)

Colloque, les lundi 27 et mardi 28 avril, à la salle des professeurs, place du 20-Août 7, 4000 Liège.

Contacts : courriel f.bauden@ulg.ac.be, site http://web.philo.ulg.ac.be/islamo

BaudenFredericSi vous deviez citer trois découvertes historiques majeures

  1. 16 avril 1997 : j’identifie dans la collection de l’ULg un manuscrit atypique de l’historien égyptien al-Maqrizi (XVe siècle) qui sera à la base de toutes mes recherches ultérieures.

  2. 17 janvier 2008 : découverte en Angleterre d’une aiguière en cristal de roche datant de l’époque fatimide, aux alentours du XIe siècle. Une très belle pièce pour l’histoire de l’art islamique médiéval.

  3. 1972 : découverte, lors de travaux de restauration aux toits de la Grande Mosquée de Sanaa (Yémen), de plusieurs milliers de fragments de manuscrits du Coran sur parchemin, certains ayant pu être datés, depuis lors, de la fin du VIIe siècle, ce qui en fait les plus anciens témoins du texte sacré.
Patricia Janssens
Photo : Rashid al-Din, Jami al-tawarikh (Edinburgh University Library)
|
Egalement dans le n°269
Éric Tamigneaux vient de recevoir le prix ACFAS Denise-Barbeau
D'un slogan à l'autre
Résultats de l'enquête auprès de "primo-arrivants" en faculté des Sciences
21 questions que se posent les Belges
Le nouveau programme fait la part belle à l’histoire de la cité
Panorama des jobs d'étudiants