April 2015 /243

Le vélo, une nouvelle façon de vivre ?

Alors que le vélo représente 22% des déplacements à Gand et 55% à Copenhague, Liège s’éveille lentement à ce moyen de locomotion, mais sûrement. Entretien avec Marie-Claire Schmitz, conseillère en mobilité douce à la ville de Liège, et Philippe Hanocq, directeur de Demeter-ULg (développement territorial et urbanisme).

SchmitzMarieClaireLe 15e jour du mois : Cela fait presque 25 ans qu’on parle de plan de mobilité douce à Liège. Où en est-on aujourd’hui ?

Marie-Claire Schmitz : La réflexion ne date pas d’hier effectivement. Plusieurs études ont été réalisées sur le sujet et des concrétisations ont vu le jour : la réappropriation des quais par les piétons et cyclistes grâce au Ravel, la création de sens uniques limités, la pose d’arceaux vélos. Cela dit, ce n’est qu’en 2009 que la fonction que j’occupe actuellement a été créée. Ce poste a permis de définir une stratégie globale de mobilité axée sur différents volets (aménagement, stationnement, formation, sensibilisation, services aux cyclistes), laquelle s’est traduite par l’adoption en 2011 du “plan communal cyclable” et par la sélection de Liège comme “ville pilote Wallonie cyclable”. Concrètement, un réseau cyclable structurant composé de plusieurs itinéraires qui desservent les quartiers et les commerces, tout en tenant compte du relief et de la densité de l’habitat, est en cours de réalisation.

Le 15e jour : Quel est ce réseau cyclable ?

M.-C. S. : Il se compose de six itinéraires qui quadrillent la ville, qui connectent la rive gauche et la rive droite et créent progressivement un maillage pour les déplacements à vélo. Après la réalisation des axes Saint-Léonard/Bressoux, Opéra/Amercoeur, Destenay, rue de Hesbaye, c’est cette année le quartier de Bressoux qui sera aménagé en zone 30 ou “quartier apaisé” et, en 2016, le quartier du Longdoz. La vitesse est en effet un facteur d’insécurité et l’objectif des quartiers apaisés est de permettre la cohabitation des différents usagers – dont les cyclistes – de manière conviviale.

Le 15e jour : Pourquoi n’y a-t-il pas de vélos en libre-service à Liège ?

M.-C. S. : La ville de Liège a préféré Vélocité, un système de location sur le moyen et le long termes, initié en 2011 déjà en collaboration avec la Maison des cyclistes. L’accent est mis sur les déplacements utilitaires. Le but est de permettre aux Liégeois de profiter à moindre coût (on parle de 10 euros par mois) d’un vélo de qualité. 300 vélos sont disponibles et la formule rencontre un beau succès. Il y en aura 700 de plus dans les prochains mois afin de proposer dès aujourd’hui une alternative au déplacement automobile.

HanocqPhilippeLe 15e jour du mois : Cela fait presque 25 ans qu’on parle de plan de mobilité douce à Liège. Où en est-on aujourd’hui ?

Philippe Hanocq : Les plans de mobilité ou de circulation sont nombreux à Liège, c’est indéniable. Là où le bât blesse, c’est généralement dans la mise en oeuvre lorsque le décideur est confronté à la question des moyens financiers. Une des études à laquelle j’ai participé voici plusieurs années a donné quelques résultats, comme des sas aux carrefours gérés par des feux, des pistes marquées en chaussée ou des itinéraires cyclables signalés par un logo au sol. Ce résultat répondait partiellement aux demandes des associations de cyclistes qui privilégiaient alors beaucoup d’aménagements légers dans le centre-ville. Mais on est resté assez bien en-deçà des objectifs fixés par l’étude.

Le 15e jour : Liège est-elle le bon élève de la classe cycliste ?

P. H. : Dire qu’elle est en tête de la course serait un peu prétentieux par rapport à des villes de taille comparable comme Gand, Strasbourg ou Berne. Cependant, on ne peut nier l’importance de facteurs socio-culturels qui sont un terreau favorable à l’utilisation du vélo, comme en Flandre ou aux Pays-Bas. Par ailleurs, il faut aussi noter l’excellent maillage des transports en commun à Liège. L’offre, même si elle peut encore être améliorée, est très complète et dessert la presque totalité des quartiers de manière régulière. Or, il existe, en particulier pour les étudiants, une relation inverse entre les deux modes de transport : plus on utilise l’un et moins on utilise l’autre.

Le 15e jour : Les incitants fiscaux sont-ils une réponse au problème ?

P. H. : Certainement. J’en vois au moins deux : une incitation à l’acquisition d’un vélo, sous la forme d’une prime à l’achat ou à la location, et la prime fiscale pour l’utilisation d’une bicyclette dans le cadre d’un déplacement lié au travail. Ces deux mesures sont de nature à augmenter l’utilisation du vélo, tout comme la mise à disposition de vélos de service par l’employeur. L’ULg, engagée dans l’opération “Tous vélos-actifs”, est manifestement sensible au développement du vélo comme alternative à la voiture et il y a un gros potentiel que ce soit en ville ou au Sart-Tilman entre le CHU et les amphithéâtres, par exemple. Mais jusqu’à présent, malgré les incitants, l’utilisation du vélo reste assez marginale. On peut sans doute mieux faire.

Le développement du vélo à Liège

La MSH et Liege Creative organisent, le jeudi 23 avril à 12h30, un “rendez-vous urbain” sur le thème “Le développement du vélo à Liège : une nouvelle façon de vivre et penser la ville”, avec Marie-Claire Schmitz et Philippe Hanocq, à l’Espace ULg Opéra, galerie Opéra, 4000 Liège.

Contacts : tél.04.366.48.28, courriel msh@ulg.ac.be

 

Propos recueillis par Pierre Demoitié
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