Mai 2015 /244

Du 10 au 13 mai 1971

Le premier congrès du Cired

En 2013, la consommation d’électricité dans notre pays s’est élevée à 78,03 téraWatt-heure (soit des milliards de kWh). Si ce nombre est en très légère diminution par rapport aux années précédentes, il témoigne de l’importance du domaine, véritable enjeu pour notre société. Une fois produite, l’électricité est transportée en haute et très haute tension (la plus élevée est de 400 kV en Europe), puis distribuée en moyenne et basse tension (la plus faible étant la tension de l’alimentation domestique). C’est justement la distribution de l’électricité qui constitue le fer de lance des congrès biennaux organisés par la Conférence internationale des réseaux électriques de distribution (Cired) depuis 1971.

1967 et 1969, premiers intérêts

Cired2015À Liège, l’histoire commence en 1969. L’Association des ingénieurs de Montefiore (AIM) organise des journées internationales d’étude sur les réseaux de distribution d’électricité. Elle veut en effet attirer l’attention des professionnels du secteur sur cette problématique précise, et non sur le transport qui ressort du Conseil international des grands réseaux électriques (Cigre) à Paris depuis 1921. Si la longueur des réseaux de transport se mesure en milliers de kilomètres (à peu près 5000 km en Belgique pour des tensions supérieures à 70 kV), celle des réseaux de distribution, elle, se calcule en dizaines de milliers de kilomètres (plus de 200 000 km en dessous de 36 kV en Belgique). « L’étendue, nettement plus grande, entraîne plus de problèmes et a fortiori des coûts différents : il était important de s’y intéresser de près », explique le Pr Jean-Louis Lilien, du département d’électricité, électronique et informatique de l’ULg, membre du comité d’organisation du Cired et membre du conseil d’administration de l’AIM depuis une quinzaine d’années.
Deux ans auparavant, en 1967, le Royaume-Uni avait montré lui aussi son intérêt pour la thématique lors d’un colloque organisé à Edimbourg par l’Institute of Engineering and Technology (IET). Les deux institutions, belge et anglaise, ont alors décidé d’unir leurs forces pour organiser en alternance une Conférence internationale qui prendra le nom de “Cired”. Au niveau de la direction scientifique, les Prs Pol Pirotte et Ernest Méan de l’ULg font partie des pères fondateurs d’un comité interpays qui créa les statuts de l’association Cired où tout le monde travaille alors bénévolement. Depuis le premier congrès de Liège, le Cired se tient tous les deux ans, organisé une fois par l’AIM en Belgique, une fois par l’IET en Angleterre. Il prend son envol européen en 1997, faisant escale notamment à Vienne en 2007, à Prague en 2009, à Francfort en 2011 et à Stockholm en 2013. Son audience prend de l’ampleur, passant de quelques centaines de participants à plus de 1300 à l’heure actuelle.
Avec l’essor du renouvelable domestique et industriel connecté au réseau de distribution, le congrès bénéficie d’un regain d’intérêt. « Avec l’arrivée des panneaux photovoltaïques et des éoliennes notamment, le particulier, jusqu’alors simple consommateur, endosse le rôle de producteur », précise le Pr Jean-Louis Lilien. Ces “prosommateurs”, prosumers en anglais, comme on les appelle dans le métier, amènent, malgré eux, des difficultés qu’il faut résoudre : la gestion des réseaux devient de plus en plus complexe avec ces apports (nouveaux) de puissance.
À ses débuts, le Cired était plutôt axé sur le matériel et l’application sur le terrain, moins sur la recherche scientifique. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. L’expansion des énergies propres nécessite une réflexion pertinente. « Qui souhaite encore de l’énergie nucléaire à l’heure actuelle ? Il faut embaucher plus d’ingénieurs pour y réfléchir », commente Jean-Louis Lilien. Principalement adressé aux industriels au départ, le congrès s’ouvre davantage aux acteurs liés à la distribution de l’électricité (académiques, distributeurs, régulateurs). Plus de 1600 propositions de communication sont parvenues au comité en 2015. La moitié seulement pourra être présentée à Lyon.

Lyon 2015

Le prochain congrès, le 23e du genre, se déroulera en effet du 15 au 18 juin dans la capitale rhodanienne. Il abordera comme de coutume six thématiques distinctes. Au programme, notamment, la qualité de l’électricité, le bon fonctionnement du réseau, l’intégration de l’énergie renouvelable ou encore la planification à long terme des réseaux. Le tout en gardant à l’esprit l’incorporation des énergies intermittentes. En plus des séances orales consacrées à la présentation de rapports d’intérêt général, des “posters” seront présentés par leurs auteurs lors de visites guidées. Ici, des problématiques plus spécifiques sont envisagées. De nombreuses organisations sociales sont prévues en parallèle, telles que le dîner du congrès et une grande exposition de matériel (100 exposants sur 8000 m2).
Ce rassemblement permet aussi de rappeler aux étudiants la réelle nécessité de la recherche universitaire dans ce domaine. « Grâce à Cired, le Pr Damien Ernst de l’Institut Montefiore et six étudiants et chercheurs de son service auront l’occasion de côtoyer les experts internationaux du secteur électrique et ainsi de valoriser ce qui se fait à l’Institut », conclut le Pr Lilien.

Cired 2015 à Lyon du 15 au 18 juin

Informations : courriel m.delville@cired2015.org, site www.cired2015.org

L’Association des ingénieurs sortis de Montefiore (AIM) est une association regroupant ingénieurs électriciens, électroniciens, électromécaniciens, informaticiens et les licenciés en informatique de ULg. Elle organise des journées d’études et congrès partout dans le monde et est localisée rue des Homes 1, campus du Sart-Tilman, 4000 Liège.

Contacts : AIM, tél. 04.222.29.46, courriel m.delville@aim-association.org

Boris Lambert
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