Juin 2015 /245

900m² supplémentaires au Cyclotron

Le 24 juin, la nouvelle aile du Cyclotron sera inaugurée au Sart-Tilman

Le 24 juin, la nouvelle aile du Cyclotron sera inaugurée au Sart-Tilman. Un bâtiment destiné à permettre au centre de recherches d’élargir ses activités et de rester à la pointe de la technologie.

Celui qui se promène dans les couloirs pourrait ne pas remarquer qu’il déambule dans un bâtiment flambant neuf. Sauf peut-être s’il regarde au sol. Pas de doute : quelques années séparent le carrelage de part et d’autre de la porte principale entre l’ancienne et la nouvelle aile du Cyclotron. Si l’architecture a été pensée pour que l’une prolonge l’autre sans discontinuité, à y regarder de plus près, quelques indices laissent transparaître le caractère récent des lieux : une grande baie vitrée donnant sur une salle d’attente et d’accueil plus agréable pour les visiteurs, une installation électrique dernier cri, des bureaux clairs et lumineux.

Multidisciplinaires

Surtout, une pièce abrite une nouvelle caméra IRM, plus performante mais aussi capable d’imagerie médicale par résonnance magnétique du corps entier, là où la précédente se concentrait sur la tête. « Cela va permettre d’ouvrir la recherche à la cardiologie, à l’oncologie, etc. Nous pourrons encore davantage être multidisciplinaires », se réjouissent les Prs Éric Salmon et André Luxen, respectivement directeur médical et directeur du Cyclotron.
Ce centre de recherches vit ainsi sa cinquième grande évolution depuis sa création en 1975. Après Londres et Paris, Liège était à l’époque la troisième ville européenne à se doter d’un tel accélérateur de particules, une machine permettant de produire des composés radioactifs “de courte demi-vie” (dont la radioactivité disparaît au bout de quelques heures).
Le premier axe de développement fut basé sur la tomographie par émission de positons, plus connue aujourd’hui sous le nom de “PET scan”. « Les premières recherches utilisaient des molécules traceuses radioactives; c’est pour cela qu’on avait besoin d’un cyclotron, rappelle Éric Salmon. Ensuite, nous sommes passés à l’électrophysiologie. Nous avons commencé à réaliser des études sur le sommeil en utilisant des électroencéphalogrammes. »

Par la suite, le centre s’est mis à utiliser l’IRM et à centrer ses activités sur la neurologie et les neurosciences. Comment le cerveau est-il structuré ? Comment fonctionne-t-il ? Ces questions agitent les 70 chercheurs et techniciens qui y travaillent de façon multidisciplinaire.
Enfin, depuis deux ans, une section préclinique réservée aux rongeurs a été installée, utilisant de micros PET scan et IRM. « On peut désormais tenter de répondre à des questions importantes sur la santé de l’homme et le fonctionnement de son cerveau grâce à des études chez l’animal », résume le directeur médical.

Besoin d’espace

CyclotronLa nouvelle aile, qui sera inaugurée le 24 juin, n’accompagne pas cette fois une réorientation scientifique mais répond plutôt au besoin d’extension des activités. « Les technologies évoluent à une vitesse extraordinaire, il faut rester à la pointe », souligne André Luxen.
Outre la machine IRM dernier cri, le bâtiment de 900 m2 est aussi doté de chambres de sommeil où des volontaires viennent participer durant plusieurs jours à des études scientifiques. Au premier étage, un espace de bureaux est réservé aux entreprises qui collaborent avec le Cyclotron pour bénéficier de composés radioactifs dont elles ne pourraient assumer seules la production. En 40 ans, les cyclotrons se sont évidemment multipliés partout en Europe. Mais le site liégeois garde sa spécificité. « Cette collaboration avec le monde de l’entreprise, notre plateforme animale, celle de radiosynthèse, voilà une combinaison peu fréquente », soutient le Pr Salmon.
L’agrandissement des installations, qui a nécessité un investissement de 9,5 millions d’euros, ajoutera une corde supplémentaire à l’arc du centre qui a publié depuis sa création pas moins de 1000 articles scientifiques ! Dont plusieurs ont été remarqués, tels ceux abordant les maladies dégénératives d’Alzheimer et de Parkinson, qui ont essayé de comprendre comment le cerveau fonctionnait normalement pour mieux appréhender la pathologie et qui ont progressivement établi un lien entre la matière et l’esprit. Ou encore les études se penchant sur les états de conscience modifiée, qui ont prouvé que le cerveau d’une personne inconsciente était loin d’être inactif.
Les chercheurs du Cyclotron furent aussi parmi les premiers à lancer des études sur le sommeil, qui se poursuivent toujours aujourd’hui. Au moment de notre visite des lieux, plusieurs participants étaient d’ailleurs en train de jouer les “cobayes” dans les chambres aménagées dans l’ancien bâtiment. Cette étude, qui s’achèvera en septembre, aurait dû utiliser les nouveaux espaces. Mais les nombreux retards qu’a subis le chantier (qui avait débuté en 2009) en ont décidé autrement. Pour une fois, la science fut la plus rapide !

Contacts : Cyclotron, tél. 04.366.36.87, site www.cyclotron.ulg.ac.be

Mélanie Geelkens
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