September 2015 /246

Ingénieur d’élite

Lancement du programme CII

Où sont les ingénieurs ? De moins en moins sur les bancs. Les statistiques sont éloquentes : 1200 diplômés par an en Belgique francophone, contre 1500 il y a dix ans, et même 1700 cinq ans auparavant. De moins en moins dans les entreprises locales, aussi. Une fois sur le marché du travail, beaucoup se laissent séduire par des boîtes internationales.
Un coup dur pour les sociétés de la région. L’équation est simple : le redéploiement économique du sud du pays passera par l’innovation technologique de ses PME qui elles-mêmes ont besoin de talents pour la mettre en oeuvre. Une situation incompatible avec une fuite des cerveaux…
Implacable constat ? Le programme CII, pour “Corps des ingénieurs intrapreneurs”, entend inverser la tendance. « Ceci n’est pas une formation au sens strict, cadre d’emblée François Pichault, professeur à HEC-ULg et cheville ouvrière du projet. Il s’agit plutôt d’un accompagnement dans le démarrage d’une carrière. » Dans le but de constituer un groupe d’élite, un vivier de talents. Le CII regroupe quatre filières de formation d’ingénieur (HEC-ULg, l’Institut Gramme, Gembloux Agro- Bio Tech et la faculté des Sciences appliquées de l’ULg), ainsi que des entreprises dont le centre décisionnel se trouve en Wallonie – même en ayant une vocation internationale – comme CMI, Sonaca, Techspace Aero, Carmeuse, Eloy, Mithra, Lampiris, etc.
Pour intégrer ce corps, les jeunes diplômés doivent rentrer une candidature au CII. Si celle-ci est acceptée, ils pourront tenter de séduire ces employeurs partenaires et, si l’alchimie opère, ils seront alors admis dans la première phase du programme. « Pendant deux à trois ans, ils feront leurs armes sur le terrain tout en étant exposés à l’international, détaille François Pichault. Ils seront aussi accompagnés par un mentor, qui ne sera pas quelqu’un de leur société. »
Une fois jugés suffisamment mûrs, les jeunes entreront alors dans la phase de formation durant deux ans. Une formule hybride, entre doctorat et MBA, comportant trois volets. D’abord la réalisation d’un travail de recherche en entreprise sur un thème technologique, sous la houlette d’un professeur.
Ensuite la participation à des séminaires d’approfondissement de sujets clés en management, stratégie et innovation : 11 week-ends où les ingénieurs ne seront pas seulement des étudiants, mais aussi des acteurs. « Ce ne seront pas des cours traditionnels, c’est pour cela qu’il faut d’abord avoir acquis deux ou trois ans d’expérience. » Enfin, un volet comportemental les familiarisera avec la gestion de crise ou de conflits, avec la communication, etc.
Au terme d’une sélection finale par un jury, les participants seront “labellisés”. Pas de diplôme à la clé, mais bien l’intégration du corps et de tous les avantages qu’il sera censé apporter. Réseautage, contact avec les grands patrons wallons, participations à des conférences… Et, peut-être un jour, prise de responsabilités au sein d’une société. Avis aux amateurs : les candidatures sont d’ores et déjà ouvertes. « On ne vise pas tellement les “plus grandes distinctions”, prévient François Pichault, mais plutôt ceux qui ont une certaine appétence pour la pratique et le désir de faire grandir la région d’où ils proviennent ! »

Renseignements par courriel contact@cii-embt.org

Mélanie Geelkens
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