En mémoire d’Ihsane

Depuis le meurtre ignoble d’Ihsane Jarfi à Liège en avril 2012, il ne se passe plus une semaine sans que la presse se fasse l’écho de propos, d’actes ou d’agressions homophobes en Europe ou ailleurs. Malgré les évolutions relativement positives des législations dans plusieurs pays qui tendent vers une plus grande égalité entre les citoyens, les faits d’homophobie n’ont jamais diminué ; pire, en ces temps troublés, ils semblent être en constante augmentation.
Flash-back. C’est parce qu’il était homosexuel que ce jeune Liégeois fut enlevé, torturé et assassiné en sortant d’une discothèque du centre de Liège. Nous avons créé la fondation Ihsane Jarfi en sa mémoire. Nous n’imaginions pas à quel point notre combat contre l’intolérance et la haine de l’autre à cause de sa différence serait d’une telle actualité. La dignité et la force de la famille Jarfi – en particulier d’Hassan Jarfi, le père d’Ihsane – nous ont montré la voie à suivre.
La fondation Ihsane Jarfi, que j’ai l’honneur de présider, s’est donnée pour objectifs de lutter contre toutes les formes de discrimination et de violence, et plus particulièrement celles motivées par l’homophobie. Son action s’appuie sur quatre axes stratégiques qui définissent le champ d’activités :
• la culture comme vecteur de lutte contre l’intolérance;
• l’interculturalité comme mise en dialogue des univers de représentation;
• la jeunesse comme espoir dans l’avenir;
• le monde du travail comme lieu sans discrimination.
La fondation réalise et finance directement des actions de lutte contre l’homophobie et dispose depuis peu d’un appel à projets, lequel s’est clôturé en septembre 2015; les lauréats seront désignés prochainement. Elle réalise également une action vers le monde de l’éducation grâce aux témoignages du père d’Ishane. Pour atteindre ses objectifs, la fondation recherche et s’appuie sur des financements privés provenant de particuliers, d’institutions et d’entreprises. Son conseil d’administration est composé de diverses personnalités issues des mondes politique, économique, académique et associatif. Elle compte également dans ses rangs les dirigeants de ces grandes institutions culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles que sont l’Orchestre philharmonique royal de Liège, l’Opéra royal de Wallonie et le Théâtre de Liège. La toute nouvelle Cité Miroir apporte également un soutien actif.
Grâce à ses partenaires, elle organise chaque année à Liège (mais bientôt également à Bruxelles et en Flandre) un événement culturel dont le but est de récolter des fonds afin d’être en mesure de développer ses actions.
Après l’Orchestre philharmonique en 2014, c’est au tour du Théâtre de Liège de prêter son concours à l’organisation d’une soirée de gala dont l’entièreté des bénéfices sera reversée à notre organisation. Pour ce faire, Serge Rangoni, directeur du Théâtre, a pu convaincre Pippo Delbono, immense acteur italien, de venir nous proposer “Récits de juin” le mardi 10 novembre à 20h. Le spectacle, dont les places sont en vente à la billetterie du Théâtre, sera suivi d’une réception. La fondation Ihsane Jarfi est jeune. Elle n’a pas encore deux ans, elle se construit et se développe avec la collaboration des acteurs de terrain. Elle agit concrètement. Elle compte sur le soutien de chacun.

Bernard Thiry
président de la fondation Ihsane Jarfi,
président du comité de direction Ethias, chargé de cours émérite de l’ULg (HEC-ULg)

Informations sur le site www.fondation-ihsane-jarfi.be
Réservations pour le spectacle “Récits de juin“ via le site www.theatredeliege.be