Spiral, passeur de frontière

Le centre de recherche Spiral célèbre ses 20 années d’existence et organise un colloque international les 15 et 16 octobre.

Ils sont politologues, sociologues, ingénieurs, anthropologues, économistes : depuis deux décennies, sous la houlette du centre de recherche Spiral de l’université de Liège, ils consacrent leurs recherches respectives à la compréhension des enjeux sociopolitiques des interactions multiples entre science, technologie et société. À l’occasion de son 20e anniversaire, le Spiral organise un colloque intitulé “Trading Zones in Technological Societies” les 15 et 16 octobre.
Un choix de nom naturel pour le centre du département de science politique, organisé autour de trois pôles : risque et gouvernance; science, technologie et société (STS); administration et politiques publiques. « Sur le plan méthodologique, les chercheurs du Spiral développent et mobilisent une série de méthodes participatives et délibératives. Nous les employons pour créer le débat, soutenir les processus décisionnels ou comprendre plus finement les choix de société qui se cachent derrière l’apparente neutralité des développements scientifiques et technologiques », explique Pierre Delvenne, directeur adjoint du Spiral en charge du pôle STS et co-organisateur de la rencontre.
« Il s’agit de recherche fondamentale principalement, continue le chercheur, mais nos investigations peuvent inclure une forte composante de recherche-action.» La société est leur laboratoire. Par exemple : une grande entreprise du secteur énergétique souhaite implanter un parc éolien dans une commune. Elle constate une opposition systématique des riverains et fait appel au Spiral pour en comprendre les rouages. Plutôt que de travailler à favoriser l’acceptabilité sociale d’une technologie, le centre de recherche refuse le piège de l’instrumentalisation et propose de travailler avec toutes les parties prenantes concernées pour mettre en évidence la coproduction des technologies liées à l’énergie et du contexte social dans lesquels elles sont insérées. Le résultat peut être de nature à modifier le projet initial, mais il a le double avantage de susciter une adhésion plus large et d’améliorer l’innovation proposée.
Lors du colloque, le Spiral mettra trois sujets en évidence : génomique et santé publique, sûreté et énergie nucléaire, gouvernance des sociétés de la connaissance. Des concepts qui sont au coeur de l’actualité. « Dans un futur proche, on peut imaginer que le génome humain sera utilisé pour identifier les personnes ou pour estimer leur probabilité de déclarer telle ou telle pathologie d’origine génétique », expose le chercheur. Le phénomène interroge, de l’éthique aux choix politiques, de l’économie à l’ingénierie. « L’anniversaire de notre centre de recherche est donc l’occasion d’organiser à Liège un événement scientifique international d’envergure. Nous avons invité des personnes qui font autorité dans leur domaine pour nous présenter leurs travaux les plus récents mais aussi pour présider les sessions : Sheila Jasanoff (Harvard), Andrew Stirling (Sussex), Pierre-Benoît Joly (Paris) et Arie Rip (Twente) », conclut Pierre Delvenne qui annonce la parution de plusieurs publications après l’événement afin de faire rayonner davantage encore les travaux du Spiral en Belgique et à l’étranger.
Le colloque s’adresse d’abord aux scientifiques intéressés par les thématiques ou par le lien qui noue leurs pratiques à la société. Cerise sur le gâteau, l’événement sera clôturé par une dégustation de bières belges. Et puisque c’est dans son ADN, le Spiral a prévu de recourir à la guidance d’un anthropologue spécialiste de l’étude… du goût.

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