October 2015 /247

Contourner les difficultés d’apprentissage

Un accueil adapté pour tous les étudiants dyslexiques

Selon la fondation Dyslexie, entité belge de soutien et de sensibilisation, le pourcentage de dyslexiques dans la population est généralement estimé à 5%, avec des chiffres variant entre 3 et 10, voire 12% en fonction des critères utilités pour définir ce trouble1. Il s’agit en réalité d’une difficulté d’apprentissage de la lecture qui peut être associée ou non à d’autres troubles d’origine neurologique comme la dysorthographie (grandes difficultés orthographiques), la dyscalculie (trouble de la logique et de l’utilisation des nombres) et la dyspraxie (troubles de la réalisation du geste). Les tableaux cliniques sont différents d’une personne à l’autre, tout comme l’importance de leur influence sur les études.

Statut spécifique

Reconnue comme handicap, la dyslexie permet aux étudiants chez qui elle est présente de bénéficier du statut d’“étudiant en situation de handicap” créé en 2010 au sein de notre Alma mater. Dans la limite des possibilités et pour autant que les demandes d’aménagement soient raisonnables, ce statut leur permet de mener à bien des études universitaires dans les meilleures conditions possibles. « Je trouve que le terme “handicap“ est un grand mot pour ce qui me concerne. Mais je suis parvenue à en rigoler, relève Victoria Sanchez, étudiante dyslexique de 1er bachelier en langues et littératures modernes. Je suis une sorte d’exception puisque les dyslexiques ont généralement du mal avec l’apprentissage des langues. Il se fait que j’ai appris très jeune à parler l’espagnol. Mais mon principal problème est que, depuis la 1re primaire, je suis vraiment plus lente que les autres. En secondaire, un devoir terminé en cinq minutes par les autres me demandait 30 minutes de travail. J’ai besoin de me concentrer pour lire deux ou trois fois l’énoncé en faisant comme si je le lisais à haute voix. » Du coup, comme tous ceux qui sont atteints par les mêmes troubles, Victoria est pénalisée du temps imparti lors des examens.
C’est la raison pour laquelle un temps supplémentaire peut être accordé lors des épreuves écrites et un délai de préparation allongé lors des oraux aux étudiants dyslexiques officiellement reconnus comme tels par l’ULg (via une commission d’experts qui analysent les dossiers). « Pour l’année académique échue, cela concernait 35 étudiants dyslexiques, une étudiante dyscalculique et un étudiant dyspraxique, confirme Catherine Cuvelier, qui travaille au service qualité de vie des étudiants. Une commission composée de deux médecins – dont un psychiatre – et de trois psychologues analyse les dossiers et valide ou pas les adaptations proposées. » Un rapport logopédique récent est demandé au préalable, lequel peut être effectué par exemple dans le cadre d’une collaboration avec des experts de la clinique psychologique et logopédique universitaire où la liste d’attente est assez longue. Hélène, étudiante de 2e bachelier en psychologie, est, pour sa part, dyscalculique, ce qui lui pose des problèmes dans le cours de statistiques. « Pour moi, les chiffres ne représentent rien du tout, et je ne suis pas loin de devoir compter sur mes doigts pour des opérations mathématiques simples. »

Négociations

Côté aménagements (objet de “négociations” avec les Facultés et les professeurs), certains étudiants ont la possibilité d’utiliser un logiciel spécifique comme le Kurzweil (outil d’aide à l’écriture, la lecture et à l’étude) ou simplement un dictionnaire orthographique. « Nous engageons en outre des étudiants de dernière année en philosophie et lettres se destinant à l’enseignement pour corriger l’orthographe de leurs rapports », complète Catherine Cuvelier. On l’aura compris, chaque situation est spécifique et doit être gérée comme telle pour permettre à chacun d’atteindre ses objectifs tout en ne touchant pas au niveau d’exigence des études.

Voir aussi la vidéo sur www.ulg.tv/handicap

1 www.fondation-dyslexie.org

Service accompagnement des étudiants en situation de handicap

Contacts : tél. 04.366.91.06, courriel ash@ulg.ac.be

 

 

F.T.
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