November 2015 /248
La diversité et l’emploi font-ils bon ménage ?La gestion de la diversité en question, lors d'un colloque les 10 et 11 décembre
Les 10 et 11 décembre prochains auront lieu pour la première fois à Liège les 11es Rencontres de la diversité. Une occasion de questionner les politiques de gestion de la diversité dans les ressources humaines et d’établir un état des lieux, à l’heure où les opinions publiques et les employeurs s’interrogent sur ces politiques importées des États-Unis. Faire le point sur les politiques de gestion dans différents pays, voilà l’objectif du colloque intitulé “La gestion de la diversité en question”. Outre les personnalités académiques présentes, chaque atelier fera intervenir des employeurs du privé comme du public, de jeunes chercheurs et des doctorants, des membres de la société civile aussi. Ces 11es Rencontres de la diversité vont innover en intégrant la pluralité des créateurs d’entreprises et les indépendants. « Cela me tenait beaucoup à cœur, précise Annie Cornet, professeur à HEC-École de gestion de l’ULg et fondatrice de l’unité de recherche “Études sur le genre et la diversité en gestion” (Égid). J’ai beaucoup travaillé sur l’entrepreneuriat féminin, puis ensuite sur l’entrepreneuriat ethnique, c’est-à-dire la création d’entreprises par des personnes d’origine étrangère. Celles qui sont victimes de discrimination sur le marché du travail vont, souvent par nécessité, devenir leur propre patron. La question est alors : comment faire pour que cette création d’activité constitue réellement une source de revenus ? » C’est la raison de la présence au colloque du Pr Norbert Alter, sociologue français (Paris-Dauphine), qui viendra parler de son ouvrage La force de la différence. Itinéraires de patrons atypiques1. À travers une série de portraits et d’interviews, il montre comment des individus hors norme ont trouvé leur place et sont main- tenant reconnus au sein des clubs d’entreprises ou encore auprès des chambres de commerce et d’industrie. Au-delà du genreHormis cette nouveauté, le colloque proposera une série d’ateliers auxquels il sera possible de s’inscrire librement. Au programme notamment : un atelier sur le handicap en présence d’Yves Veuillet, responsable de la politique de la diversité d’IBM dans le monde, et un atelier sur la question de l’orienta- tion sexuelle. Il y aura aussi deux ateliers sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, et sur l’intégration des personnes d’origine étrangère. En outre, fidèle à la vocation internationale de la rencontre, des ateliers spécifiques sur l’Afrique subsaharienne et sur le Maghreb sont prévus. Approche pragmatiqueRéticentes au début, les entreprises avaient fini par s’intéresser à cette problématique avec à la clef la désignation de responsables de la diversité au sein des plus grandes d’entre elles. Cet engouement des acteurs du privé était fortement lié au fait que « les politiques de gestion de la diversité ont d’abord été articulées autour des questions de business case ». Autrement dit, promouvoir l’égalité profession- nelle profite à l’entreprise, car cela engendre des bénéfices : plus de revenus financiers, plus de nouveaux clients, plus de créativité. « Cette approche pragmatique a permis de sortir les publics-cibles de leur situation de victimes, de mettre en avant leurs atouts », observe le Pr Annie Cornet. 1 Norbert Alter, La force de la différence. Itinéraires de patrons atypiques, Paris, PUF, 2012. Embellie pour l’emploi des jeunes ?Les derniers chiffres du Forem indiquent une embellie sur le front de l’emploi des jeunes en Région wallonne depuis 2013. Pour ceux qui ont moins de 25 ans, le taux de chômage est passé de 40,3% en septembre 2013 à 28,8% en juin 20152. Si la nouvelle est assez rare pour être soulignée, il reste néanmoins difficile de déterminer les raisons de cette amélioration. On note que ce sont surtout des postes en intérim qui sont offerts aux jeunes. Le Forem souligne d’autre part l’importance de l’intervention du législateur et de la puissance publique plus généralement, dans ce sursaut d’activité. En effet, en tant que public prioritaire, les jeunes bénéficient d’un accompagnement individuel dans la recherche d’un emploi. Parmi les dispositifs existants, citons par exemple le fameux plan Activa qui a été renforcé depuis juillet 2013 au niveau fédéral. Mais d’autres mesures prises récemment obligent à prendre avec précaution ces statistiques à première vue encourageantes. Ainsi, il faut rappeler que, depuis le 1er janvier 2015, un jeune ne peut plus bénéficier d’allocations d’insertion après ses études au-delà de 25 ans. Auparavant, il y avait droit jusqu’à 30 ans. Cette mesure pourrait décourager le jeune concerné à se réinscrire au Forem, ce qui fausserait à la longue les statistiques. Elle paraît de plus faire fi d’une réalité indiscutable : l’allongement de la durée des études universitaires qui fait que le nombre de jeunes de moins de 25 ans à la recherche d’un emploi a diminué. 2 Rapport de septembre 2015, “Les jeunes wallons et le marché de l’emploi”, www.leforem.be
Ariane Luppens
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