Janvier 2016 /250

Le pied à l’étrier

La thérapie cellulaire liégeoise s’exporte au Texas

RevaTis, spin-off de l’université de Liège dont l’unité de production est basée au Novalis Science Park de Ayen près de Marche-en-Famenne, a mis au point une technique innovante en matière de thérapie cellulaire équine. Elle s’implante aujourd’hui au Texas.

Tendinites, problèmes articulaires ou osseux : les troubles locomoteurs sont la première cause de réforme des chevaux de course. « 30 à 40 % des chevaux rencontrent ce type de problème au cours de leur vie », explique le fondateur et conseiller scientifique de RevaTis, Didier Serteyn, professeur en chirurgie et orthopédie des équidés à l’ULg. Alors que ces pathologies répondent mal aux traitements usuels, la thérapie cellulaire s’est imposée depuis une dizaine d’années comme une alternative des plus prometteuses pour “réparer” les chevaux. Mais le prélèvement des cellules souches nécessaires à ce traitement, par ponction osseuse ou liposuccion, demeure un acte invasif et donc limité à certaines situations critiques.

PRÉVENIR POUR GUÉRIR

RevaTis« RevaTis a mis au point et breveté une nouvelle technique de prélèvement. Nous avons identifié une population de cellules souches pouvant être obtenues à partir d’une technique très peu invasive grâce à une micro-biopsie musculaire », annonce Didier Serteyn. Par conséquent, il est désormais envisageable d’effectuer des prélèvements préventifs sur des chevaux jeunes et en bonne santé. « C’est la même philosophie que pour le cordon ombilical du nouveau-né. On propose au propriétaire du cheval de prélever les cellules et de les stocker dans une biobanque : si un jour le cheval en a besoin, on peut alors immédiatement les transférer au vétérinaire pour un traitement de médecine régénérative. » Seules ou éventuellement associées à une matrice spécifique – par exemple, un gel viscoélastique –, les cellules souches sont placées dans le tendon, l’articulation ou l’os endommagé.

De nombreux vétérinaires utilisent déjà cette technique sous leur responsabilité personnelle. Mais le souhait de RevaTis est aujourd’hui de la faire reconnaître comme médicament. Des démarches ont donc été entreprises auprès de l’Agence européenne du médicament ainsi que de la Food and Drug Administration (FDA). Par l’entremise de l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers (Awex) – qui entretient depuis plusieurs années des liens privilégiés avec l’état du Texas –, la spin-off liégeoise vient en effet de créer la société américaine RevaTis AM. « Cela prendra la forme d’une joint-venture entre l’Awex, la spin-off, l’université Texas A&M et des investisseurs privés texans », souligne le fondateur. Septième dans le ranking mondial, l’université du Texas A&M a accueilli avec enthousiasme le projet liégeois. « Ils ont salué cette technique comme la plus innovante en thérapie cellulaire de ces dix dernières années, se réjouit Didier Serteyn. Notre unité de production sera incorporée dans les laboratoires annexes de l’université du Texas. Dans le futur, nous espérons partager le volet recherche et développement, avec par exemple des doctorants communs à nos deux laboratoires. »

UNE TECHNIQUE TRANSPOSABLE

Inutile de préciser que, dans cet État qui compte le plus de chevaux en terre américaine, RevaTis tombe à point nommé. Pour autant, la société ne compte pas se limiter à la sphère équine. « Nous avons l’ambition d’appliquer cette technique à l’homme, d’abord dans les pathologies que nous traitons déjà chez le cheval : arthrose, tendinite, etc. » Mais les potentiels vont bien au-delà. Les cellules souches obtenues peuvent en effet être utilisées “telles quelles” pour leurs propriétés immuno-modulatrices – dans les maladies inflammatoires, entre autres – ou prédifférenciées en un tissu spécifique, comme du cartilage de l’os ou du tissu cardiaque. « RevaTis intervient en amont, dans le prélèvement et la mise en banque des cellules souches. Ces cellules seraient alors disponibles pour toute thérapie cellulaire autologue tout au long de la vie », conclut Didier Serteyn. Ces premières applications chez l’homme devraient voir le jour dans les deux ans.

Contacts : Novalis Science Park, tél. 084.840.230, courriel info@revatis.com

Julie Luong
Photos : RevaTis
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