Janvier 2016 /250

Un jour a l'Université : 4 décembre 1907

Inauguration de la nouvelle maternité

L’accueil à l’hôpital des femmes sur le point d’accoucher est une préoccupation assez récente. « Ce n’est qu’au XVIIIe siècle, en effet, que la profession médicale commence à s’intéresser entre autres domaines, à l’accouchement, expose Geneviève Xhayet, directrice du Centre d’histoire des sciences et des techniques (CHST). Le règlement de l’hôpital de Bavière (dû au prince-évêque Ernest de Bavière) en 1602, par exemple, excluait d’emblée les femmes enceintes, qui “doivent être reçues dans d’autres lieux”. » Les naissances se déroulent généralement à la maison, sous la responsabilité d’une accoucheuse empiriquement formée.

MaterniteEn 1783, à l’instigation du prince-évêque François-Charles de Velbrück, une “École gratuite sur l’art d’accoucheur” fut érigée à Liège. « Mais c’est le préfet Desmousseaux, le 16 juillet 1804 – sous le régime français – qui institua un hospice pour soigner les parturientes pauvres, lequel pouvait aussi participer à la formation des futures sages-femmes ainsi qu’à la propagation de la vaccine », précise la chercheuse. Cet hospice “de la Maternité” fut installé rue du Crucifix, le 1er janvier 1805, avec comme directeur, Pierre-Michel Ramoux, professeur d’accouchement. En 1817, c’est le professeur de chirurgie Nicolas-Joseph Ansiaux qui prit en charge la théorie et la clinique obstétricale à l’ULg. « Lors du départ à la retraite de Ramoux en 1825, Jacques Simon devient directeur de la maternité et sera nommé agrégé chargé des cours d’obstétrique lors de la réorganisation universitaire de 1835 », note Geneviève Xhayet. Il gardera sa double fonction jusqu’en 1860, ce qui permettra l’intégration complète de l’ULg dans cet établissement.

Suite à une épidémie de fièvre puerpérale – maladie infectieuse mortelle, qui touche la femme relevant de couches –, l’hospice doit fermer ses portes et déménager rue des Carmes en 1829. « Désormais, la faculté de Médecine s’implique dans les soins spécifiques des femmes parturientes, non sans une certaine réticence de la part des couples, puisque, de facto, ce sont des étudiants (masculins !) en médecine qui entendent suivre les grossesses et procéder aux accouchements », note Geneviève Xhayet.

« À la fin du XIXe siècle, la maternité de la rue des Carmes ne suffit plus aux besoins de la ville et est par ailleurs inadaptée aux nouvelles normes d’hygiène, explique Arlette Joiris (histoire, 1973). En 1881, sa reconstruction est programmée, en partie sur des terrains appartenant aux Hospices civils. » Mais il faudra patienter quelques années encore. En 1887, l’ancienne Maison Porquin (située sur l’actuelle place de l’Yser), transformée en hôpital au XVIIIe, est délaissée au profit de nouvelles installations du boulevard de la Constitution. Le nouvel hôpital de Bavière est inauguré par le roi Léopold II le 12 septembre 1895. Grâce à la ténacité de Ferdinand Fraipont, qui réunit pour la première fois, en 1889, obstétrique et gynécologie, la faculté de Médecine de l’ULg fut, au tournant du siècle, dotée d’une double clinique universitaire dédiée aux femmes.

Maternite2Le 4 décembre 1907 s’ouvre, enfin, la nouvelle clinique d’accouchements et de gynécologie (CAG) entre le boulevard de la Constitution et les rues Dos Fanchon, Curtius et de Villenfagne. Le bâtiment principal – dû à l’architecte Henrotte – est formé d’ailes disposées en carré autour d’une cour intérieure, ailes qui seront au fil du temps transformées en jardins. Cet établissement – auquel reste annexée l’école des sages-femmes – a bénéficié des plus récents perfectionnements scientifiques et regroupe trois services distincts : le service des accouchements opérés par des sages-femmes sous la direction du Dr Brouha, les services universitaires d’obstétrique ainsi que de gynécologie. Le Pr Fraipont en assure la direction générale et y introduit une polyclinique. Même les femmes non mariées sont reçues et soignées !

« En 1975, la maternité compte 52 lits d’obstétrique, 21 de gynécologie et 29 de néonatologie ouverts en 1971 pour assurer les soins d’urgence et spécialisés aux nouveau-nés, sous la surveillance d’une équipe de pédiatres. L’année 1973 voit la totale transformation des polycliniques, comprenant également un service de sénologie, un planning familial, un service de gymnastique pré et post-natale et post-opératoire », indique Arlette Joiris.

En attendant l’ouverture des nouveaux complexes hospitaliers, seules quelques modernisations auront encore lieu. Mais la clinique d’accouchements et de gynécologie continue, jusqu’à sa fermeture au milieu des années 80, à pratiquer une médecine d’avant-garde et à veiller au confort des accouchées et des malades. Aujourd’hui le bâtiment héberge l’Académie de musique Gretry.


Patricia Janssens
Photos : Julien A. - coll. artistiques - ULg
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