February 2016 /251

Portrait royal

Colloque sur François Ier

FrançoisIer2015 a marqué le 500e anniversaire de l’avènement de François Ier (le 1er janvier 1515) et celui de la victoire de Marignan (13 et 14 septembre 1515), spectaculaire épisode des guerres d’Italie. En prolongement de cette commémoration, Laure Fagnart, chercheuse qualifiée du FRS-FNRS (Transitions), organise – avec Isabelle Lecocq, de l’Institut royal du patrimoine artistique – un colloque international intitulé “François Ier et les artistes du Nord (1515-1547)”, parrainé par le prestigieux Comité international d’histoire de l’art. « Les relations avec le Nord sont l’un des parents pauvres des études consacrées à François Ier, dont on connaît surtout les liens avec l’Italie », signale Laure Fagnart.

JEAN CLOUET, PORTRAITISTE OFFICIEL

Nombre de tableaux de Raphaël, de Léonard de Vinci ou encore de Titien, aujourd’hui conservés au Musée du Louvre, sont issus des collections du roi Valois, grand amateur d’art italien. Mais cet héritage éblouissant ne doit pas faire oublier que c’est vers les artistes des anciens Pays-Bas méridionaux qu’il s’est tourné pour asseoir son image officielle. « Dès le début de son règne, François Ier décide de ne pas faire appel aux portraitistes engagés par son prédécesseur, le roi Louis XII. L’objectif est de mettre au point une nouvelle image, selon la tradition qui perdure encore aujourd’hui lors de l’avènement d’un nouveau président ou d’un nouveau monarque », poursuit la chercheuse.

En 1516, Jean Clouet, fils d’un artiste originaire de Valenciennes, vraisemblablement formé dans le Nord, devient ainsi portraitiste officiel de la Cour. Travaillant à partir de dessins, il réalisera plusieurs portraits du roi, dont le plus célèbre date de 1524-1525. Le ton est donné. « Le cadrage est plus éloigné. Une grande importance est accordée au costume, ce qui confère au souverain une certaine monumentalité et accroît son pouvoir, son autorité. Si tout est méthodiquement mis en scène, le portrait dégage aussi une impression de spontanéité, comme s’il était pris sur le vif », commente Laure Fagnart. À la manière des grands artistes flamands comme Memling ou Roger van der Weyden, le modèle fixe le spectateur « comme si François Ier s’adressait directement à ses sujets. »

COMPTES ROYAUX

FagnartLaureC’est encore un artiste du Nord, Joos van Cleve, qui rejoindra Jean Clouet à la Cour dans les années 1530. L’intérêt de François Ier pour l’art des Pays-Bas méridionaux est par ailleurs perceptible dans les comptes royaux. « Ils font état de l’achat de tableaux de chevalet sur le marché de l’art anversois mais aussi de tapisseries flamandes, dont on sait qu’elles participent fortement à la circulation des modèles, des formes, des motifs. C’est donc aussi par ce biais que François Ier a oeuvré à la propagation de l’art flamand, bien au-delà du Nord. » Heureuse fatalité des calendriers : le Musée du Louvre organisera à l’automne 2017 une exposition sur l’art des Pays-Bas dans la France de François Ier. Les Actes du colloque organisé à Bruxelles devraient donc être publiés très rapidement afin de coïncider avec cet événement, lequel témoigne de l’intérêt grandissant pour un aspect méconnu du règne du “grand roy Françoys”.

François Ier et les artistes du Nord (1515-1547)

Colloque organisé par le groupe de contact du FRS-FNRS
“Modèles, échanges et réalisations artistiques (XVe-XVIe siècles)”, les 25 et 26 février, à l’Institut royal du patrimoine artistique, parc du Cinquantenaire 1,1000 Bruxelles.

Informations sur http://web.philo.ulg.ac.be/transitions

Julie Luong
Portrait : Joos van Cleve, Portrait de François Ier, 1532- © Philadelphie, Philadelphia Museum of Art
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