February 2016 /251

Rester humain dans un monde numérique

L'opinion d'André Blavier

Vous entrez dans un restaurant et vous vous installez à une table pour déguster un menu composé pour vous par un… “robot maître d’hôtel”, sur base de vos goûts. Son interaction, la manière dont il vous sert ou le rythme de succession des plats sont également basés sur vos préférences. Ensuite, dans un magasin de vêtements, un assistant numérique intégré au miroir de la cabine d’essayage vous recommande une tenue qui correspond à votre taille ou à un usage particulier. Il vous suggère également de profiter de réductions temporaires sur vos produits favoris. Enfin, vous payez directement avec votre smartphone pour éviter de faire la file.

C’est avec ces deux scénarios que le cabinet de conseil Gartner, spécialisé dans l’IT, a choisi d’introduire ses dix prédictions pour 2016 en matière de numérique. Deux scénarios parmi de nombreux autres désormais possibles dans un monde algorithmique et intelligent, un monde où humains et machines devront apprendre à fonctionner ensemble. Désormais, le numérique se matérialise, au sens premier du terme, au coeur même de notre vie, privée ou professionnelle, individuelle ou collective. Mobilité, santé, industrie, villes, éducation, commerce, dans tous les domaines de notre vie, nous allons sans doute bientôt devoir répondre à cette question fondamentale: que signifie être “humain” dans un monde “numérique” ?

Gartner parle à ce sujet du “Digital Mesh”, littéralement le “maillage numérique”, que l’on pourrait aussi traduire par “un environnement numérique global”.

Plusieurs vagues technologiques successives ont conduit à une augmentation rapide du nombre de dispositifs connectés dans notre environnement, public, privé ou professionnel : smartphones, voitures, électroménager, caméras, mobilier intelligent, thermostat, vêtements, robots, etc. Ces dispositifs produisent des quantités énormes de données sur nos usages, nos préférences, notamment au travers des applications pilotées par les smartphones.

“L’Internet de Tout” va ainsi prendre tout son sens, puisque nous serons physiquement au coeur d’une “toile” de dispositifs connectés interagissant entre eux et avec nous, dans des logiques de communautés privées, professionnelles ou gouvernementales. Développer une nouvelle génération d’applications et d’interfaces pour interagir dans le contexte d’un environnement ultra-connecté est un véritable défi, que certains experts abordent sous l’angle d’une expérience utilisateur “fluide”. Ces applications devront tirer parti des capacités de synchronisation et de collaboration entre dispositifs connectés. À terme, leur “intelligence” sera telle qu’ils seront capables d’interagir avec nous sans que nous en soyons réellement conscients, dans une logique d’expérience utilisateur “ambiante”.

Cette expérience intégrera des éléments factuels, comme la localisation, le bruit, la météo, la lumière, etc., et des éléments plus subjectifs, comme les émotions, les goûts, les interactions sociales…

Dans une perspective business, les entreprises qui pourront activer la puissance de ces données disposeront d’un avantage compétitif majeur sur leurs concurrents. Pour cela, elles devront développer leur capacité à capter les données issues de sources multiples, à identifier les informations porteuses d’une véritable valeur stratégique et à proposer de nouveaux modèles business soutenus par des algorithmes.

Dans les processus industriels, l’intervention humaine, généralement concentrée dans les phases initiales (analyse contextuelle, mise au point, configuration, pré-production, etc.) ou dans la résolution des problèmes, sera de plus en plus remplacée par des machines. Les tâches réservées aux humains devront donc remonter à un niveau encore supérieur de ces processus.

Enfin, l’intelligence artificielle soulève évidemment de nombreuses questions éthiques. À ce sujet, il faut souligner l’initiative OpenAI lancée par plusieurs entrepreneurs américains, dont notamment Elon Musk (fondateur de SpaceX et Tesla Motors). OpenAI est un organisme à but non lucratif dont l’objectif est de garantir que la recherche sur l’intelligence artificielle se fera au bénéfice de l’humanité dans son ensemble.

André Blavier
Communication Manager,
Agence du numérique
Affiliate Professor (HEC-ULg)

Texte complet sur www.digitalwallonia.be/tendances-gartner-2016/

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