Avril 2016 /253

Parcours d'un alumni : Paul Hautecler

Paul Hautecler, architecte de la restauration du musée de la Boverie.

Du 5 au 8 mai, la métropole liégeoise “entrera en métamorphoses”. En point d’orgue des festivités à Liège aura lieu l’inauguration du musée de la Boverie. Architectes de sa restauration, Paul Hautecler et son partenaire Rudy Ricciotti l’ont rénové dans l’esprit de Versailles, c’est-à-dire dans le plus grand respect du monument.

C’est à l’Institut supérieur d’architecture de la ville de Liège que Paul Hautecler a commencé ses études qu’il termina, en 1981, à l’Institut supérieur d’architecture de la ville de Hasselt. Très vite, il se passionne pour l’histoire de l’art. En 1976, il décroche la bourse Darchis pour un séjour d’étude à Rome, un “voyage en Italie” dans la lignée des architectes du XVIIIe siècle qui partaient étudier l’art ancien. Il rédige à l’époque un mémoire consacré à “La pérennité de la notion de baroque dans l’architecture romaine”. C’est dire si l’histoire de l’architecture lui tient à cœur : elle servira d’ailleurs de fil rouge à toute sa carrière presque entièrement tournée vers la restauration des bâtiments.

PAS D’AVENIR SANS PASSÉ

HauteclerPaulJeune diplômé, Paul Hautecler commence son stage auprès de l’architecte Henri Debras, puis poursuit sa formation à Bruxelles au bureau d’Hervé Gilson où il participe à l’aménagement des salles de concert du Palais des beaux-arts. En 1999, il s’associe avec l’architecte d’intérieur Pascal Dumont et fonde à Liège le cabinet p.HD qui mène à bien la restauration d’ensemble de la collégiale Saint-Barthélemy.

Parallèlement à cette activité, il enseigne à l’Institut supérieur d’architecture Lambert Lombard et, depuis janvier 2016, est professeur à la faculté d’Architecture de l’ULg où il dirige un atelier d’architecture avec le Pr Rita Occhiuto. Il est membre de la Commission régionale des monuments, sites et fouilles spécialisé dans les décors anciens.

Après la rénovation de l’hôtel de Hayme de Bomal (inséré aujourd’hui dans le musée Curtius), c’est assez naturellement que Paul Hautecler a répondu, en 2012, à l’appel de la ville de Liège pour la restauration du musée d’art moderne et d’art contemporain (Mamac) situé dans le parc de la Boverie. « J’ai déposé un projet en partenariat avec Rudy Ricciotti, bien connu pour ses nombreuses réalisations en France dont celle du musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) à Marseille. C’est donc en duo que nous avons participé au concours, en trio dirais-je, car Rita Occhiuto, ma collègue de la Faculté, a grandement contribué au projet en élaborant une analyse fouillée et déterminante du parc. » L’association des cabinets pHD et Ricciotti remporte la mise. Les travaux commencent en 2015.

Boverie1200 M2 SUPPLÉMENTAIRES

Créée à la fin du XIXe siècle – au moment où Liège décidait de canaliser les eaux en creusant la Dérivation afin d’éviter les inondations dues au débit inégal de l’Ourthe –, l’île de la Boverie fut pensée et élaborée comme un “parc à l’anglaise”, didactique et d’agrément. Le bâtiment fut érigé pour l’exposition universelle de 1905 ; placé sur une butte, il domine le parc tout en s’y intégrant harmonieusement.

« Notre projet reposait sur le respect du parc et de l’édifice conçu par les architectes Charles Soubre et Jean-Laurent Hasse, résume Paul Hautecler. Si vous vous en souvenez, le troisième mur du musée était aveugle. Or, les plans originaux montrent qu’il y avait eu un projet d’extension de ce côté. Nous avons dès lors décidé de tirer profit de la vue sur la Dérivation pour augmenter la superficie des salles d’exposition, dans l’esprit des dessins de 1900. » De façon naturelle, la partie ancienne a été confiée à Paul Hautecler, la partie nouvelle à Rudy Ricciotti.

Tout en respectant la typologie muséale de l’époque – les colonnes en bois et les chapiteaux doriques en stucs –, les deux architectes ont mis leurs pas dans ceux de leurs prédécesseurs en ce qui regarde l’approche résolument moderne des techniques et du choix des matériaux. « L’utilisation du verre et du béton fibreux ultra performant répond à ces mêmes préoccupations de modernité », confie Paul Hautecler. Par ailleurs, les salles situées en sous-sol ont été recreusées afin d’augmenter leur volume et, ainsi, les surfaces disponibles pour les expositions. Autre élément nouveau : au sud du bâtiment, Paul Hautecler a imaginé des bassins qui reflètent la façade et rappellent l’élément aqueux du lieu.

Grâce à l’éclairage zénital, la lumière naturelle fait à nouveau partie des atouts du musée de la Boverie qui, outre ses deux grandes salles en enfilade, offre maintenant une nouvelle extension très lumineuse sur la Dérivation et campe dès lors un cadre remarquable pour les collections liégeoises et autres expositions temporaires.

Voir aussi l’article sur www.culture.ulg.ac.be/Boverie

 

Métamorphoses

Les 5, 6, 7 et 8 mai.

* www.liegetogether.be/fr/

Métamorphoses en métropole liégeoise

Dans le cadre de Liège Créative, rencontre avec Jean-Christophe Peterkenne, directeur stratégie et développement de la ville de Liège  et Philippe Kauffman, directeur artistique de Métamorphoses; le mercredi 20 avril à 17h30 rue Paradis 78, 4000 Liège.

Inscriptions sur le site www.liegecreative.be

 

Patricia Janssens
Photos : J.-L. Wertz (portrait), M. Verpoorten-Ville de Liège (bâtiment)
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