Avril 2016 /253

20 mai 1876

Augmentation des inscriptions et extension des bâtiments

Il y a 140 ans, en 1876, une loi ouvre davantage l’Université aux classes moyennes et produit assez vite ses effets : alors qu’on dénombre 760 étudiants en 1873 à l’université de Liège, le chiffre grimpe à 1200 en 1881 et ne cessera d’augmenter régulièrement.

Depuis sa création en 1817, et jusqu’à la grande vague de constructions des années 1880, le “problème des locaux” est perçu de manière particulièrement aiguë à l’Université. Avec l’afflux d’étudiants, cette perception va aller croissant. De plus, les évolutions scientifiques venues pour l’essentiel d’Allemagne requièrent de plus en plus de locaux spécialisés, notamment des laboratoires.

SalleAcademiquePhoto : Site de l’Université et salle académique, 1885.

Initialement localisée sur la place de l’Université (qui n’est pas encore appelée le “20-Août”), l’université de Liège a connu une première décentralisation en 1840 avec l’installation du jardin botanique dans un quartier promis à une intense urbanisation entre le centre historique et le nouveau pôle de la gare des Guillemins. C’est donc sur le site central, remanié à plusieurs reprises, que se donnent les cours et différentes commissions se saisissent du problème d’adaptation optimale de ces bâtiments, dont une en 1873 qui rendra ses conclusions en avril 1874. Elle est officiellement installée par le recteur Loomans et présidée par Théodore Schwann, le célèbre biologiste. Elle réunit une dizaine de professeurs des facultés des Sciences et de Médecine. À cette époque (et jusqu’en 1931), ce sont les municipalités d’accueil qui financent les travaux d’aménagement des universités et cette commission cherchera avant tout à alerter l’autorité communale sur les difficultés rencontrées. Elle va tout d’abord réaliser un vaste travail d’inventaire des plaintes et griefs ainsi que des nouvelles nécessités engendrées par les progrès scientifiques : auditoires spécialisés, salles de vivisection, cuisine anatomique, chambre obscure, atelier d’essai de matériaux (architecture industrielle), salle de dessins (géométrie descriptive, architecture industrielle), salles pour loger les modèles (exploitation des chemins de fer), etc.

Alors qu’au début de ses travaux, des discussions s’engagent en faveur de l’hypothèse de la reconstruction complète de l’Université, la Commission opte finalement pour une solution moins ambitieuse : l’appropriation optimale de l’existant. Toutefois, lorsqu’elle aura à communiquer avec la Ville, elle reviendra à cette idée de reconstruction totale : sans doute en vue de “noircir” le tableau et de préparer le terrain aux futures évolutions. Ce débat de la reconstruction traverse tout le XIXe siècle (et sera particulièrement vif vers 1880) et il ne trouvera de traduction concrète qu’en 1960 avec le Sart-Tilman. Petite curiosité au vu de la faveur dont elle jouit actuellement : la salle académique n’était guère appréciée par la communauté universitaire de l’époque. Dans le rapport, on le qualifie de “triste monument”, de “véritable étouffoir” et l’on préconise même sa démolition.



Pierre Frankignoulle, chargé de cours en faculté d’Architecture
Illustration : Collections artistiques de l’université de Liège
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