Avril 2016 /253

Matteo Ricci, missionnaire en terre chinoise

Une exposition, complétée par une série de conférences, sur ce pionnier des échanges de savoirs entre Chine et Europe.

L’Institut Confucius de Liège, la galerie Wittert et le centre d’histoire des sciences et des techniques (CHST) de l’ULg accueilleront, du 15 avril au 25 mai, une exposition consacrée au missionnaire jésuite italien Matteo Ricci, pionnier des échanges de savoirs entre Chine et Europe. Mise sur pied en 2011 par l’Institut Ricci de Paris à l’occasion du 400e anniversaire de la mort du missionnaire, l’exposition sera complétée par une série de conférences.

Missionnaire italien, Matteo Ricci fut, en 1583, l’un des premiers jésuites à pénétrer en Chine, empire encore largement inconnu des Européens. Agé de 30 ans à peine, il parvint, avec Michele Ruggieri, un autre jésuite italien, à élire domicile à Zhaoqing, dans le sud de la Chine continentale, étendant ainsi, pour la première fois, le rayonnement du missionnariat jésuite au-delà de la presqu’île de Macao. « Homme d’Église, Matteo Ricci fut aussi homme de sciences », rappelle Rachel Delcourt, codirectrice de l’Institut Confucius de Liège. Ce sont en effet ses connaissances en mathématiques, en astronomie et en cartographie qui lui valurent d’être invité, par des mandarins locaux, à résider à Zhaoqing et y ouvrir une mission. Une première. Le projet de Matteo Ricci fut, bien sûr, d’évangéliser. Pour ce faire, il chercha d’emblée à “devenir chinois”, portant d’abord l’habit des moines bouddhistes, puis bientôt, comme ils étaient méprisés par les élites locales dont Ricci entendait se rapprocher, celui des lettrés initiés à la philosophie de Confucius. À l’instar de ceux-ci, Ricci se laissa également pousser les cheveux et la barbe. Ardent promoteur du christianisme, il en souligna notamment les similitudes avec les traditions religieuses chinoises.

À l’aube du XVIIe siècle, la renommée de Ricci le conduisit à partir pour Pékin, où il fut reçu par Wanli, empereur de la dynastie Ming dont il demeura proche. Et Wanli permit à Ricci, cet “étranger estimé”, d’être inhumé à Pékin, en 1610. « Il vécut toute sa vie en Chine. Il y apprit la langue et se montra curieux de la culture de ses hôtes. Dans le même temps, il traduisit en chinois bon nombre d’ouvrages de mathématiques et d’astronomie, explique Rachel Delcourt. Matteo Ricci affina également la cartographie de la région et révéla aux Chinois la situation de leur empire par rapport au reste du monde. Il est aussi l’auteur de ce que nous appelons de nos jours “Le Grand Ricci”, un monumental dictionnaire en sept volumes de la langue chinoise. Inversement, il contribua à faire connaître le confucianisme en Occident. Matteo Ricci est donc considéré comme un passeur de culture et de savoirs entre la Chine et l’Europe de la Renaissance. »

L’exposition donnera à voir une vingtaine de panneaux en tissu « qui résument les apports scientifiques de Ricci et leur réception dans la Chine des Ming » ; elle sera enrichie d’une série d’objets issus des collections du Musée de la vie wallonne, de la galerie Wittert et de la Bibliothèque générale de l’ULg. L’exposition Matteo Ricci s’inscrit dans le contexte de “1000 peuples, un seul savoir”, un ensemble d’expositions servant de prélude à la “Conférence mondiale des humanités” qui aura lieu à Liège en 2017. Elle sera doublée d’une série de quatre conférences : l’une d’entre elles, donnée par un chercheur de l’université de Laval (Canada), examinera notamment la stratégie d’adaptation de Matteo Ricci.


“Matteo Ricci (1552-1610), pionnier des échanges scientifiques entre la Chine et l’Europe”

Exposition du 15 avril au 25 mai à la galerie Wittert de l’ULg, place du 20-Août 7, 4000 Liège.

Conférences (place du 20-Août 7, 4000 Liège) :
- jeudi 21 avril à 18h15, au séminaire Médias : Li Shenwen (Québec), “Adaptation et succès : stratégie de Matteo Ricci en Chine”
- mardi 3 mai à 18h15, à la salle Wittert : Catherine Jami (Paris), “Les jésuites de la mission de Chine (1582-1722) : enseignement et circulation des savoirs scientifiques”
- mardi 10 mai à 18h15, à la salle Wittert : Isaia Iannaccone (Bruxelles), “Le cahier de doléances de Matteo Ricci : méfiance et préjugés d’un Occidental dans la Chine des Ming”
- jeudi 12 mai à 18h15, à la salle Wittert : Noël Golvers (Leuven), “Le père Johann Terrentius, chasseur de livres et d’instruments pour la mission de Chine”



* www.confucius.ulg.ac.be et www.wittert.ulg.ac.be

Patrick Camal
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