Avril 2016 /253

Autisme : favoriser la communication

La difficulté de communiquer est un problème majeur chez les personnes souffrant d’autisme. Pour aider ces patients, l’équipe du Pr Christelle Maillart a collaboré à la mise au point d’une plateforme spécifique, grâce aux technologies nouvelles.

Depuis trois ans, le projet “Platform for Autism and Therapist Help” (PATH) est mis sur pied dans le cadre d’un partenariat entre les universités et les entreprises privées, sous l’impulsion de la Région wallonne. L’unité de logopédie clinique du Pr Christelle Maillart participe entre autres partenaires* à cette réalisation d’envergure. « Nous avons conçu, tous ensemble, en fonction de nos spécialisations respectives, différentes applications dédiées à la prise en charge logopédique des troubles du spectre de l’autisme, explique-t-elle. Les applications sont également disponibles sur tablette tactile pour le patient. »

Le but est donc de rendre les tableaux de communication, déjà utilisés dans le trouble du spectre de l’autisme, faciles d’accès, interactifs, progressifs et plus individualisés. « Ces tableaux comportent des pictogrammes, des images que la personne souffrant d’autisme peut pointer. Le mot correspondant à l’image est alors émis par synthèse vocale, précise Orianne Dor, logopède à l’ULg, qui a participé à l’élaboration de cette plateforme. Par ailleurs, en plus de ces tableaux, nous avons prévu une interaction à distance entre le patient et le logopède qui peut se connecter à la plateforme, adapter un tableau de communication à son patient, ce qui rend l’outil plus individualisé. Nous mettons ainsi la technologie au service de la communication augmentée et alternative, ce qui vise à améliorer une parole qui serait présente mais peu intelligible, ou qui serait absente en la remplaçant par des moyens alternatifs… »

Ce type de programme n’est pas le premier du genre : « Mais la plupart sont en anglais. Il fallait donc développer l’offre en français et, surtout, nous voulions accentuer l’aspect personnalisé de l’outil, avec la possibilité d’intégrer des photos de membres de la famille du patient, d’animaux domestiques lui appartenant, etc. L’important était aussi de confier la réflexion sur les besoins des patients à des professionnels. Cette plateforme se veut en outre progressive, capable d’être adaptée selon le niveau de compréhension et de production, allant d’un simple mot à une phrase complexe », enchaîne Christelle Maillart.

La dimension collaborative est accentuée. « Par exemple, à travers les “chats” entre les parents ou les proches du patient et les thérapeutes. Nous nous sommes basés à la fois sur les besoins et demandes émis par chacune des parties et sur ce qui existait déjà », conclut Orianne Dor.

La plateforme a été testée avec succès sur quelques patients ; elle est aujourd’hui en cours de validation sur le plan scientifique, afin de voir si les bénéfices qu’elle apporte sur la capacité à communiquer sont supérieurs à ceux d’une thérapie traditionnelle. Les résultats sont attendus pour l’automne prochain.

Aujourd’hui, la plateforme est utilisée avec les enfants, mais elle peut aisément être transposée aux adultes et même à des patients atteints d’autres troubles de la communication.

* La société Acapela, qui travaille sur des projets de synthèse vocale, est le promoteur du projet. Elle collabore avec les sociétés Multitel (centre de recherche en télécom, traitement du signal et de l’image), TripTyk (spécialisée dans la création graphique), ainsi qu’avec le laboratoire de phonétique de l’UMons et l’unité de logopédie clinique du Pr Christelle Maillart de l’ULg.

Informations sur http://recherche-technologie.wallonie.be

Carine Maillard
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