Avril 2016 /253

Agroécologie

D’Arlon à Paris, en passant par Bruxelles et Gembloux : un nouveau master dès la rentrée 2016-2017.

Circuits courts, production biologique, travail du sol sans labour, maraîchage en permaculture, agriculture urbaine, etc. Dans le domaine agroalimentaire, les nouvelles initiatives de transition ne cessent d’éclore. Le plus souvent, elles répondent aux associations et citoyens inquiets devant les crises planétaires (climat, biodiversité, énergie). Encore faut-il que les agriculteurs puissent être accompagnés par des professionnels disposant des compétences nécessaires pour concrétiser et crédibiliser les projets.

Le nouveau master interuniversitaire en agroécologie, proposé dès la rentrée académique prochaine, tombe à propos. Son objectif : former des experts capables d’analyser la dynamique et la complexité des agrosystèmes, tant d’une manière quantitative que qualitative. Telle est, en effet, l’ambition de l’agroécologie, discipline en plein essor : questionner la durabilité des systèmes agroalimentaires classiques et, en réponse aux impasses rencontrées, proposer des modèles plus sûrs, plus durables, plus équitables, plus résilients.

UNE RECHERCHE DE SENS

Agroecologie« Les prises de position répétées d’Olivier De Schutter, l’ex-rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, ont joué un rôle clé dans la légitimation internationale de l’agroécologie, estime Pierre Stassart, cofondateur et président du Groupe interdisciplinaire de recherche en agroécologie (Giraf, FNRS), responsable, depuis trois ans, du certificat en agroécologie et transition sur le site arlonnais de l’ULg. Mais la FAO elle-même soutient la discipline depuis 2014 et, chez nos voisins français, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll l’a inscrite très officiellement à l’agenda du gouvernement. En outre, les jeunes sont demandeurs de sens. Ils veulent davantage de liens entre les disciplines qui leur sont enseignées et les grandes questions d’actualité. »

Les deux mots clés de ce nouveau master, orienté tant sur les zones tempérées que tropicales, sont “interuniversitaire” et “interdisciplinaire”. Le premier, parce qu’il s’organise en partenariat avec l’École interfacultaire de bio-ingénieurs de l’ULB et AgroParisTech de l’université Paris-Saclay : ainsi, d’un quadrimestre à l’autre, les étudiants fréquenteront successivement les campus d’Arlon, de Gembloux et de Bruxelles, et, in fine, celui de Paris (de manière facultative). Le second, parce que la formation, au-delà des approches strictement techniques des sciences du sol ou du paysage, flirtera largement avec les sciences sociales. « Et pas seulement au travers des approches théoriques des enseignants, souligne Jérôme Bindelle, professeur de production animale dans l’unité d’élevage de précision et de nutrition de Gembloux Agro-Bio Tech, autre cheville ouvrière du master. Outre les bio-ingénieurs, il s’agit, aussi, d’attirer des étudiants originaires de filières non agricoles – biologie, géologie, géographie, sciences sociales, médecine vétérinaire, etc. – afin que les questionnements sur l’agroécologie dans le cadre des cours soient réellement interdisciplinaires. »

SUR LE TERRAIN

En matière d’interdisciplinarité, les formations respectives des trois compères de l’ULg sont éloquentes : agronome et sociologue pour Pierre Stassart, docteur en sciences agronomiques et ingénieur civil pour Jérôme Bindelle, et écologie pour Marc Dufrêne. « Les étudiants inscrits – nous en espérons une quinzaine – seront confrontés à des expériences de terrain très variées, souligne Marc Dufrêne. Il y aura aussi des études de cas, des mises en situation, etc. L’idée forte est de les amener à comprendre les facteurs de blocage des situations complexes, mais aussi les impacts systémiques des décisions susceptibles d’être prises en réaction à celles-ci, qu’elles soient assumées ou pas par les acteurs concernés. »

Contacts : courriels marc.dufrene@ulg.ac.be et p.stassart@ulg.ac.be, site http://www.master-agroecologie.eu

Philippe Lamotte
Photo : Marc Dufrêne
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