Mai 2016 /254
TypeArt

Merci Patron !

MerciPatron

Un documentaire de François Ruffin
À voir aux cinémas Churchill,
Le Parc et Sauvenière

Jocelyne et Serge Klur, anciens employés du Groupe LVMH, vivent dans la misère depuis la délocalisation de l’usine où ils travaillaient. Surgit alors François Ruffin, fondateur du journal Fakir. Il est confiant, il va les sauver. Entouré d’un inspecteur des impôts belge, d’une bonne sœur rouge, de la déléguée CGT et d’ex-vendeurs à La Samaritaine, il ira porter le cas Klur à l’assemblée générale de LVMH, bien décidé à toucher le cœur de son PDG, Bernard Arnault.

Précédé d’une aura incroyable (plus de 300 000 entrées en France, moteur de l’action Nuit debout), Merci Patron ! est un documentaire comme on aimerait en voir plus souvent : engagé pour ne pas dire militant, frondeur, non dénué d’humour. C’est un pavé social dans la mare capitaliste de plus en plus exaspérante depuis quelques années.

Reprenons : fondateur du journal Fakir (une presse alternative se définissant comme “Fâché avec tout le monde. Ou presque”), François Ruffin endosse le rôle de chevalier blanc partant, tel un Michael Moore, combattre un système infernal qui broie les petits gens au profit de quelques portefeuilles. Comme pour le réalisateur américain, l’humour sera son arme de prédilection. Et comme lui, l’ego du réalisateur amènera quelques petits défauts, quelques séquences un peu critiquables davantage sur la forme que sur le fond.

Mais peut-on réellement critiquer ce documentaire ? Financé de manière participative, Merci Patron ! est surtout une œuvre syndicaliste comme le cinéma français n’en a plus produit depuis des décennies (citons, notamment, le Groupe Medvedkine dans les années 60-70). François Ruffin rappelle que le cinéma peut, aussi, montrer la réalité de notre monde, de ceux qui le composent. Révoltant, le film l’est à plus d’un titre, tant il soulève de nombreux points de rupture entre deux classes sociales – car la lutte des classes n’est pas finie, non.

L’intelligence de Ruffin est de ne jamais perdre espoir et, surtout, de partager cette confiance avec le spectateur. Alternant les séquences dramatiquement cocasses, parfois tragiquement absurdes, le film se termine sur une surprise totale, lueur d’espoir dans le paysage gris de la crise économique, des évasions fiscales et du taux de plus en plus élevé de personnes vivant sous le seuil de pauvreté.

Merci Patron ! est un film salutaire, car il constitue un geste inspirant pour toute une génération en quête d’un autre système économique – un système plus juste, plus égalitaire – peut-être pas si utopiste que ça à la fin du film.


Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’ASBL Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.48.28, le mercredi 25 mai entre 10 et 10h30, et de répondre à la question suivante : quel est le titre du film de Michael Moore dénonçant la crise financière ?

Bastien Martin
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