Mai 2016 /254

L’imagerie MALDI

Nouvel outil à la pointe de la technologie

Grâce à l’obtention d’un financement Feder dans le cadre du portefeuille Giga, le laboratoire de spectrométrie de masse sera bientôt équipé d’une technologie révolutionnaire. Un spectromètre de masse plus rapide, plus performant et plus précis qui permettra de localiser et de resituer chaque masse moléculaire à une distribution précise dans un échantillon. La plateforme disposera d’un ensemble d’équipements uniques en Europe.

Le laboratoire de spectrométrie de masse dirigé par le Pr Edwin De Pauw possède une panoplie de machines, plus complexes et performantes les unes que les autres, pour identifier et mesurer précisément la masse moléculaire et la structure d’une molécule. À cet arsenal impressionnant viendra bientôt s’ajouter un nouvel appareillage d’une valeur d’un million d’euros et dont l’acquisition a été rendue possible grâce à l’octroi d’un financement du Fonds européen de développement économique et régional (Feder), dans le cadre du portefeuille Giga.

AU-DELÀ DE L’IDENTIFICATION

SpectrometreCe nouvel outil à la pointe de la technologie renforce non seulement les possibilités de spectrométrie de masse déjà existantes mais offre une fonctionnalité supplémentaire. En plus de l’identification et de la quantification d’un composé, il permet de retranscrire visuellement les données de position des masses identifiées dans l’échantillon pour aboutir à une image en haute résolution. Et tout cela... en 20 minutes seulement ! « Avec le matériel dont nous disposons actuellement, nous pouvons identifier une molécule dans un échantillon, la doser, mais il est beaucoup plus compliqué de la localiser. L’acquisition d’image est lente (plusieurs heures). Grâce au nouvel imageur par spectrométrie de masse MALDI, nous pourrons situer chaque molécule dans l’échantillon en une vingtaine de minutes ! Les applications sont nombreuses : biodistribution des composés pharmaceutiques et de leurs métabolismes, identification des molécules de communication chimique, analyse des coupes histologiques – dont les biopsies – pouvant mener à une histologie moléculaire. À terme, l’imagerie moléculaire générée par ce type de technique pourrait devenir un outil quotidien pour le typage de tissus », explique le Pr De Pauw.

L’imagerie par spectrométrie de masse MALDI pourrait en effet s’avérer très utile pour les anatomopathologistes. Ces spécialistes analysent les coupes histologiques et identifient les tissus pathologiques par examen visuel. « Cet outil localisera très rapidement des zones de signature spectrale identique, de manière non supervisée, affirme Edwin De Pauw. Il permettra de localiser de façon précise les régions caractérisées par les marqueurs pathogènes (zone d’inflammation, de nécrose, cancéreuse, etc.) dans un tissu. Une analyse détaillée des zones d’intérêt après microdissection permettra d’augmenter le score d’identification de marqueurs et d’enrichir la base de données du système. »

BASE DE DONNÉES INTELLIGENTE

Deuxième nouveauté : un logiciel hyper puissant accompagne cet équipement. Celui-ci est capable de comparer les cas qui lui ont été soumis et de les classer par catégorie, un travail fastidieux qui désormais pourrait se faire sans l’intervention humaine. Si les techniques continuent à se développer, l’histologie moléculaire représente quant à elle une véritable révolution dans le champ de la médecine, comme l’a été le typage rapide des bactéries il y a quelques années. La plateforme, qui comporte plusieurs équipements, sera accessible aussi dans d’autres domaines. Edwin De Pauw évoque notamment des applications dans le secteur de la biotechnologie, des matériaux et de la protection des récoltes, en collaboration avec Gembloux Agro-bio Tech.

L’arrivée de ce petit bijou technologique au sein du laboratoire de spectrométrie de masse de l’ULg donne accès à des possibilités exponentielles. Ce haut niveau d’instrumentation permettra « de nouer de nouvelles collaborations, notamment avec Aix-la-Chapelle et Maastricht, pour regrouper nos intérêts à travers une Imaging Valley et de participer à des réseaux européens plus larges », se réjouit le Pr De Pauw.


Marjorie Ranieri
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