June 2016 /255

L’Eifel belge sous toutes les coutures

Des étudiants viennent de cartographier et modéliser ce territoire de 5 communes à l’est de la Belgique

Cartographier et “modéliser” l’Eifel belge, l’autre nom du canton de Saint-Vith, territoire de cinq communes situé à l’est de la Belgique : tel est le travail de fourmi que viennent de boucler une quarantaine d’étudiants du master en ingénieur civil architecte et du master complémentaire en urbanisme et aménagement du territoire, dans le cadre du cours de “Morphologie urbaine et intégration paysagère”.

Fort de son “or vert” – ses espaces naturels diversifiés et de grande beauté qui favorisent le tourisme –, le canton de Saint-Vith doit cependant composer avec une baisse attendue de la population à l’horizon 2035, avec un réseau de commerces, de services et de transports en commun lacunaire et avec une disparité de types de constructions.

DIX AXES À SUIVRE

C’est là un “terrain de jeu” idéal pour de futurs urbanistes, centrés sur l’aménagement du territoire, la mobilité et l’attractivité. « Le travail pratique associé à ce cours était d’ordinaire consacré au milieu urbain, à Liège et sa périphérie. Nous avons cette fois décidé de changer complètement de cap, en nous focalisant sur une région rurale dont les étudiants connaissent très peu les spécificités », explique le Pr Jacques Teller (urbanisme et aménagement du territoire, faculté des Sciences appliquées). Il s’est associé avec le Groupe d’action locale (GAL) “100 villages – 1 avenir” de la Communauté germanophone, qui souhaite tracer les grandes lignes d’un master plan pour Saint-Vith.

EifelLe travail minutieux des étudiants a alors débuté en février dernier. Répartis en dix groupes mixtes (architectes et urbanistes), ils ont “scanné” l’Eifel belge pas à pas, en suivant des axes précis (dynamique de croissance des noyaux villageois et urbains, trames vertes et bleues, urbanisme commercial et industriel, paysages protégés, identifications des types de bâtis, etc.). Objectif commun : s’appuyer sur des observations de terrain, sur la digitalisation de cartes et sur la consultation de documents et personnes-ressources afin d’émettre des recommandations urbanistiques.

Le vendredi 13 mai, au Centre culturel Triangel à Saint-Vith, l’heure était aux conclusions. Dans la salle, la ministre de la Culture et du Tourisme de la Communauté germanophone, Isabelle Weykmans, est présente de même que plusieurs bourgmestres, représentants des communes concernées et employés du secteur touristique. Après trois mois et demi de travail, les étudiants étaient donc invités à présenter publiquement leurs recherches et à défendre leurs dossiers, en touchant parfois là où ça fait mal… L’un des groupes propose l’élaboration d’une boucle lente supplémentaire rattachée à la Vennbahn (ancienne ligne de chemin de fer devenue piste cyclable) afin d’optimiser encore la mobilité douce au sein des villages. Un autre groupe pointe la menace qui pèse sur les “points de vue remarquables” de la région s’ils ne sont pas davantage valorisés. Les cartes, les schémas, les simulations défilent. Les exposés se répondent, formant une vue d’ensemble détaillée et complète, saluée par le public.

GRANDEUR NATURE

« Ce travail nous a permis de découvrir des endroits insoupçonnés et de proposer des pistes d’action concrètes », souligne Philippe, futur ingénieur architecte. Déjà diplômée en architecture, Laura travaille quant à elle dans un bureau d’études mais achève son master complémentaire en urbanisme. « Ce projet a fait sortir de bonnes idées, c’était très intéressant », estime-t-elle. Outre les séances de recherche sur le terrain – les étudiants se souviendront des 90 km qui séparent Liège et Saint-Vith… –, ce défi a permis d’approfondir des compétences de synthèse, de présentation orale, de perception d’enjeux de société.

« Le travail qui vient d’être présenté constitue une première esquisse solide d’un master plan pour le canton, se réjouit Jacques Teller, qui souhaite que le GAL s’empare de certaines réflexions. La volonté est de poursuivre dans ce sens, car l’analyse du paysage rural représente un bel enjeu. On pense à un état des lieux de la zone nord autour d’Eupen et à un partenariat avec la faculté d’Architecture et la RWTH Aachen pour affiner l’analyse des villages avec une vue à 10, voire 20 ans. »

* informations sur https://morphologiestudent.wordpress.com

Marie Liégeois
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