June 2016 /255

Agriculture de précision

À Arlon, la spin-off Agroptimize part à la conquête du monde agricole avec Phytoprotech, un outil d’aide à la décision pour une meilleure utilisation des produits phytosanitaires.

Fraîchement créée à Arlon, la spin-off Agroptimize ambitionne de mettre à profit deux décennies de travaux en agro-météorologie, domaine qui relie la météo à la croissance des cultures et à leurs pathologies. À l’horizon 2017, chaque agriculteur abonné à l’outil d’aide à la décision (OAD) Phytoprotech, développé par la spin-off, pourra recevoir un conseil personnalisé pour chacune de ses parcelles qui lui indiquera le moment le plus opportun pour protéger ses cultures contre une ou plusieurs maladies bien identifiées.
Ce conseil se fonde sur des données météorologiques et des modèles patiemment construits au cours de 20 années de recherche sur le terrain menées par le Dr Moussa El Jarroudi, sanctionnées de très nombreuses publications scientifiques. « Comme pour les plantes, les maladies sont influencées par les conditions météorologiques, la nature du sol, la gestion de la parcelle les années précédentes, etc. », explique Bernard Tychon, chargé de cours au campus d’Arlon, initiateur de la spin-off. Lorsque les conditions s’annoncent optimales pour le développement d’un champignon, par exemple, l’agriculteur reçoit un avis de traitement en provenance de l’outil Phytoprotech. Il peut alors prendre les mesures nécessaires pour enrayer sa croissance, au bon moment.

Les essais déjà menés au Luxembourg ont démontré leur pertinence : neuf fois sur dix, cette approche ciblée s’avère plus économique et écologique qu’une approche basée sur la protection systématique à large spectre des parcelles. Pour l’heure, les modèles couvrent une douzaine de maladies fongiques affectant les céréales.

Soutenue dans ses démarches par l’ULg et des fonds de la Région wallonne, Agroptimize s’est aussi entourée de partenaires, dont notamment le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) qui appuie la spin-off dans la mise au point du suivi entomologique des cultures et, en France, la société Drone agricole pour l’aider à commercialiser ses produits. « C’est un véritable partenariat public-privé, s’enthousiasme Bernard Tychon. Le résultat de nos recherches en phytopathologie est mis à profit dans le secteur privé qui finance en retour la poursuite des travaux, en veillant à notre indépendance. »

L’objectif est clairement énoncé : la spin-off veut étoffer sa gamme à destination d’autres types de cultures, d’autres maladies et d’autres pans de l’agro-météorologie. Ce faisant, elle vise un statut de référence européenne en matière d’agriculture de précision. D’abord « dans la protection des cultures et plus tard dans le conseil en matière de fertilisation azotée et de prévision des récoltes », précise le chercheur. Le partenariat avec Drone agricole est d’ailleurs conçu en ce sens : l’entreprise française dispose déjà d’un outil d’aide pour la fertilisation et l’équipe d’Agroptimize est chargée de l’améliorer.

Et si Agroptimize se caractérise d’emblée par sa philosophie transnationale, ce n’est pas seulement pour élargir son champ de prospection ; c’est aussi pour toucher les marchés où la demande est accrue, notamment dans les pays en développement. L’agriculture de précision, telle que proposée par la spin-off, pourrait rapidement y susciter de nouvelles réponses concrètes et contribuer, entre autres, à la réduction du grave problème de l’insécurité alimentaire.

Jean-Baptiste Marechal
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