Juin 2016 /255

Shell Eco-marathon

Fin juin, une équipe de l’ULg rejoindra Londres.

Le concours remonte à 1939 lorsque des employés de Shell, aux États-Unis, ont fait le pari de parcourir la plus longue distance avec un seul gallon de carburant (3,8 litres). Aujourd’hui, le Shell Eco-marathon se dispute sur trois continents. Fin juin, une équipe de l’université de Liège, emmenée par Pierre Duysinx, rejoindra Londres. Objectif : figurer parmi les trois premiers.

Umicore02Pour la douzième année consécutive, une équipe dirigée par le Pr Pierre Duysinx (chaire d’ingénierie des véhicules terrestres en faculté des Sciences appliquées) alignera un véhicule lors du Shell Eco-marathon. « Nous y participons depuis 2004, rappelle-t-il. À l’époque, nous étions inscrits dans la catégorie des véhicules prototypes mus par une pile à combustible. » En 2010, l’Université décide de basculer vers celle des véhicules “urban concept”. « Ces engins, à la forme plus conventionnelle, sont conçus, construits et adaptés aux routes et aux besoins des conducteurs actuels », poursuit Simon Bauduin, assistant-doctorant.

Le concours, qui s’inscrit dans un enseignement transversal, est proposé aux étudiants dès la rentrée de septembre et réalisé tout au long de l’année académique. « Ce délai est parfois un peu court, constate Pierre Duysinx. Cette année, nous faisons évoluer le modèle de l’an passé et nous mettons en application les améliorations conçues par les étudiants lors de l’année académique précédente. »

35 000 euros sont nécessaires au projet soutenu financièrement depuis ses débuts par notre Alma mater et, aujourd’hui, par un don d’Umicore (20 000 euros). « Certaines entreprises nous offrent du matériel, comme Bicyclic à Awans, ou les ateliers Jean Del Cour, à Grâce-Hollogne, qui ont fabriqué plusieurs pièces en composite. Ce sponsoring des sociétés régionales est important pour l’esprit du projet », insiste Pr Pierre Duysinx.

DANS LA COUR DES GRANDS

Les règles du concours sont assez strictes : outre quatre roues et quatre freins à disques, le véhicule (ici, entièrement en carbone) doit comporter un klaxon, des essuie-glaces en état de marche, même si ces équipements énergivores ne doivent pas fonctionner pendant la course. « Par ailleurs, le pilote doit être assis dans l’habitacle qui contiendra aussi une valise », poursuit Simon Bauduin.

L’objectif, qui animera les quelque 260 équipes d’ores et déjà inscrites, est d’effectuer huit tours de 2250 mètres (soit 18 km) en 43 minutes, à la vitesse moyenne de 25 km/h. Avec, pour ce qui concerne la catégorie des “urban concepts”, un arrêt à chaque passage sur la ligne de départ. « L’anneau est tout neuf : il a été construit dans le parc olympique de Londres et compte plusieurs difficultés, comme des chicanes, des angles à 90°, des dénivelés et des rétrécissements », observe Pierre Duysinx.Umicore03

Au terme de quatre essais, la meilleure performance est retenue pour le classement final ou pour un prix dans une des catégories spéciales, comme l’éco-conception où les Liégeois ont déjà brillé à deux reprises. Préalablement, il faut bien sûr poser sa candidature et les étapes préliminaires sont capitales car éliminatoires. « Nous devons soumettre un rapport technique, puis un document financier et logistique qui détaille les moyens mis en œuvre pour prendre part à la compétition », poursuit le professeur.

Comme sur tout circuit professionnel, les jours qui précèdent la course sont réservés aux essais et aux contrôles techniques assez sévères puisque, même à ce stade, près d’une équipe sur deux est recalée... Durant cette semaine-là, le team, soit une vingtaine de personnes issues du bac 3 au master 2, sera dans les paddocks avec le véhicule partiellement démonté. Un stand assurera la maintenance et la publicité de l’événement, notamment au travers des réseaux sociaux.

DU DOIGTÉ

L’université de Liège ne connaît pas encore ses concurrents, mais elle s’attend à retrouver ceux qu’elle a côtoyés l’an passé lorsqu’elle a terminé cinquième. Cette fois, les panneaux solaires seront interdits ; or les quatre premiers, en 2015, en étaient équipés. « C’était du matériel hors prix et on perdait l’esprit de la compétition ; en revenant à un règlement plus équitable, j’ai bon espoir de terminer dans le trio de tête avec une consommation équivalente à 0,1 l/100 km », confie Pierre Duysinx. Au-delà de la performance technique, il faut aussi compter avec le doigté du pilote, qui doit peser 70 kilos au moins. « Nous effectuons quelques essais sur la piste d’athlétisme du Sart-Tilman, enchaîne-t-il. Mais les qualités du pilote sont aussi très importantes et j’ai observé que certains tirent réellement parti de la mécanique du véhicule. »

Sans encore même connaître les résultats de cette édition, la participation en 2017 est déjà envisagée. Et les esprits s’activent dès maintenant sur les améliorations à apporter…

SI VOUS DEVIEZ CITER TROIS DÉCOUVERTES SCIENTIFIQUES MAJEURES

DuysinxPierre

  1. La roue : une invention qui remonte à l’époque sumérienne (3500 ans avant notre ère). Aujourd’hui encore, la conception de roues ultra légères est une de nos préoccupations.

  2. L’ordinateur : l’un des principaux outils des ingénieurs, l’une des composantes permettant de rendre les véhicules plus intelligents, plus efficaces.

  3. L’optimisation : branche des mathématiques cherchant à modéliser, à résoudre de manière rationnelle des problèmes de performance maximale. Notre véhicule bénéficie de 40 ans de recherche à l’ULg en optimisation appliquée : une vitrine de notre recherche, un exemple du lien entre recherche et enseignement universitaire.



www.facebook.com/UmicoreElectra/ et www.shelleco.ulg.ac.be

Pierre Demoitié
Photos : UmicoreShelle Eco; Portrait : J.-L. Wertz
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