Juin 2016 /255
Très peu est encore tropBisphénol-A, pertubateur-endocrinien
La France l’a banni de tout contenant alimentaire. La Belgique s’est limitée à ceux destinés aux enfants de moins de trois ans. De quoi parle-t-on ? Du bisphénol-A (BPA), un agent perturbateur endocrinien (PE) qui entre dans la composition de récipients en plastique, de cannettes et autres conserves mais aussi de ciments dentaires et de papiers thermiques. En 2015, l’European Food Safety Authority a fixé la dose quotidienne “de sécurité” pour la santé à 4 μg/kg. Une étude de l’ULg vient de démontrer que deux semaines d’exposition de ratons nouveau-nés à une dose 160 fois plus faible que ce seuil suffisent à perturber un système essentiel de neurotransmission dans le cerveau. Chez plus de 95 % d’entre nous, on retrouve du BPA dans l’urine. « Les nourrissons sont les plus exposés, aux alentours d’1 µg/kg/jour alors que l’exposition moyenne d’un adulte est de 40 à 60 ng/kg/jour. Ces quantités représentent respectivement 50 et 2 fois plus que la dose très faible de 25 ng/kg/jour administrée aux ratons dans notre étude », précise Anne-Simone Parent. Jamais dose aussi faible n’avait été étudiée jusque-là. Après exposition à des doses relativement élevées de 5 mg/kg/jour, les travaux ont confirmé une avance du timing pubertaire. Le fait nouveau : un retard de puberté apparaît après la très faible dose de BPA. « Le déclenchement de la puberté est précédé, dans l’hypothalamus, par des changements dans la sécrétion de l’hormone cérébrale (GnRH ou gonadolibérine) qui commande les ovaires ou les testicules via l’hypophyse. Nous avons montré que ces changements étaient accélérés ou ralentis en fonction de la dose de BPA », poursuit pour sa part Delphine Franssen. Le cerveau est donc bien une cible du BPA. Mais par quel mécanisme ? « Chez le fœtus, le GABA joue un rôle stimulant dans le cerveau, sans doute crucial pour son développement et son fonctionnement ultérieur. Nous devons nous interroger davantage sur les effets dommageables du BPA dans le cerveau fœtal, avec des conséquences possibles sur les troubles du neuro-développement comme l’autisme, dont la prévalence est en augmentation », conclut le Pr Bourguignon. Ne doit-on pas voir ici des justifications à appliquer à la femme enceinte et au fœtus le principe de précaution qui a prévalu chez le jeune enfant ?
Carine Maillard
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