Septembre 2016 /256

Le futur CIO sort de terre

Le CHU de Liège s'équipe d'un centre intégré d'oncologie.

Les plus grandes institutions hospitalières regroupent les spécialités d’un domaine au sein d’un même centre : c’est également ce que va faire le CHU du Sart-Tilman pour l’oncologie. Le tout nouveau bâtiment en construction sur le site accueillera, sur quelque 30 000 m², toutes les spécialités cliniques et techniques en lien avec le traitement ambulatoire du cancer. Il devrait ouvrir dans le courant de l’année 2018.

Un homme sur trois et une femme sur quatre présenteront un cancer avant l’âge de 75 ans, soit 29 % de la population, ce qui démontre la nécessité de rendre le traitement de la maladie le plus efficace possible. La recherche en la matière s’active et progresse à pas de géant ; les technologies sont de plus en plus pointues et coûteuses. Pour permettre aux patients de la région, et même au-delà, d’en profiter pleinement, il était nécessaire de créer une structure unifiée avec grand soin, rassemblant les praticiens de toutes spécialités. C’est ainsi que l’idée du projet de Centre intégré d’oncologie (CIO) a germé chez une poignée de médecins en 2008 et s’est, depuis, concrétisée.

UN CENTRE EN PLUS DU CHU

CIOPour le financer, le CHU a déboursé les 120 millions d’euros nécessaires sur fonds propres. « Il fallait une institution bien gérée, admet le Pr Georges Fillet, chef de projet CIO. Grâce aux administrateurs précédents – Georges Bovy qui a redressé la santé financière du CHU et Pol Louis qui l’a consolidée tout en lançant le projet –, Julien Compère, actuel administrateur, a pu compter sur une capacité d’investissement suffisante pour mener à bien ce projet ambitieux. »

Et Georges Fillet de poursuivre : « En 2014, plus de 3000 patients ont bénéficié d’une consultation multidisciplinaire oncologique au CHU de Liège. Les équipes de recherche prennent de l’ampleur. Les moyens techniques pour les traitements se diversifient. Il était donc nécessaire de ne plus disperser les forces dans le traitement du cancer et de décloisonner les disciplines. » Le CIO, centre unique en Wallonie, rassemblera en un même bâtiment les cabinets de consultation, les locaux d’examens et de traitements (hôpital de jour, radiothérapie, radiologie oncologique, médecine nucléaire, etc.), le laboratoire de thérapie cellulaire et génique, les services et consultations paramédicaux (psychologie, services sociaux, centre de bien-être, infirmières de liaison, etc.) ainsi que les unités de recherche en oncologie. En ce qui concerne celles-ci, la proximité des spécialistes cliniciens et des patients constituera un avantage pour mener des études cliniques. « Chaque étage aura sa spécificité. Mais en termes de traitements, le CIO se limitera à l’hospitalisation de jour et à la radiothérapie : aucune hospitalisation de longue durée ne sera prévue dans ce centre, puisque le CHU se trouve juste à côté. Il n’est donc pas question de créer un nouvel hôpital à côté de l’hôpital ; ce centre se chargera principalement d’établir les diagnostics et bilans d’extension du cancer et d’assurer les traitements ambulatoires », précise le Pr Fillet. Par ailleurs, la collaboration sera étroite avec le Giga voisin.

LE PATIENT AU CŒUR DU PROJET

« Notre souci majeur est le bien-être du patient, insiste Georges Fillet. C’est ainsi que la prise en charge sera transversale, et facilitée par ce regroupement physique. Imaginons un patient traité pour un cancer du poumon : il pourra effectuer les examens en ambulatoire ; il pourra rapidement passer en consultation oncologique multidisciplinaire où son cas sera discuté entre tous les intervenants, notamment sur base de l’histologie de la tumeur, le bilan d’extension, etc. De façon collégiale, le meilleur traitement sera proposé en tenant compte également du profil du patient et de ses désidérata. S’il doit suivre des traitements en ambulatoire, cela se fera au CIO ; s’il doit être opéré et être hospitalisé, ce sera au CHU. »

Cette structure unique pourra également favoriser l’organisation des rendez-vous pour les consultations et les examens qui, dans la mesure du possible, pourront être regroupés sur une même journée. « Grâce à cette approche intégrée, tous les médecins concernés seront plus aisément au courant de chaque cas, les spécialistes dialogueront facilement, ce qui permettra une cohérence dans le discours médical et améliorera l’accompagnement de support par les psychologues, assistants sociaux, infirmières de liaison, kinés… Il a également été prévu un centre de bien-être permettant d’offrir la possibilité de soins esthétiques, massages, revalidation physique douce et même un atelier de cuisine adapté aux patients atteints de certains cancers, ou en chimiothérapie. Tout cela, évidemment, gratuitement pour les patients », complète-t-il.

Ce type de centre est soumis à certaines exigences, notamment des autorités. « Nous devrons favoriser l’auto-évaluation, développer les marqueurs de performance et le contrôle de qualité. Le centre sera audité sur ces marqueurs de performance, comme le nombre de patients, le respect des lignes directrices, le taux de survie, les effets secondaires, etc. Autrement dit, nous devrons pousser encore plus notre culture de la qualité et ces contraintes seront autant d’opportunités. Le tout sans sombrer dans la mécanisation de la médecine et la tyrannie de la transparence, en perdant tout l’aspect humain qui nous est cher », conclut Georeges Fillet. Le CIO, qui doit encore se trouver un nom, devrait ouvrir ses portes en 2018.

Healing environment

L’architecture est un élément constitutif de l’hôpital. Des études montrent que le patient est plus réceptif à son traitement s’il se trouve dans un contexte agréable non générateur de stress et l’on sait aussi combien les conditions environnementales sont importantes pour le personnel médical.

À l’heure de la construction de son Centre intégré d’oncologie (CIO), le CHU de Liège a fait appel à l’expertise des étudiants de la faculté d’Architecture afin de réaliser l’aménagement de son espace bien-être de 150 m2 environ, où les patients pourront participer à différentes activités liées à la détente, à la rencontre et au ressourcement. Cet exercice a été encadré par une équipe interdisciplinaire de l’ULg (médecins, psychologue de la santé, architectes, sociologue et historien). Tout comme l’année dernière, le projet sélectionné par un jury a été intégré au plan d’aménagement. Nul doute qu’il contribuera réellement à améliorer le quotidien des praticiens et des patients du CIO.

 

L’envers du décor : incursion des Amis de l’ULg au CHU

Au programme, visite du Centre intégré d’oncologie, du robot de pharmacie et de l’unité d’endoscopie digestive et respiratoire, le vendredi 30 septembre, de 17 à 21h, et le samedi 1er octobre, de 9 à 13h.

* informations et inscriptions sur le site amis.ulg.ac.be/incursionchu

 



Carine Maillard
Illustration : Bureau Architecture Engineering Verhaegen SA
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