Octobre 2016 /257

Atmosphère, atmosphère

La science forensique au service de la vie

ForensiqueLe laboratoire de chimie analytique organique et biologique en faculté des Sciences est spécialisé dans l’analyse des composés volatils organiques. Ce type d’analyse, particulièrement utilisé dans le domaine de la science forensique, trouve aujourd’hui, grâce à l’expertise développée à l’université de Liège, de nombreuses applications dans des domaines scientifiques variés.

PerraultKatelynnLa science forensique existe depuis une dizaine d’années. « Cela fait maintenant trois ou quatre ans que l’on s’y intéresse vraiment, souligne Katelynn Perrault, chercheuse canadienne en post-doc au laboratoire de chimie analytique organique et biologique. Le laboratoire s’est spécialisé dans l’une des méthodes d’analyse qui permet aujourd’hui de donner des réponses sur les circonstances liées au décès d’une personne. Comme, par exemple, donner une estimation sur le moment du décès ou encore savoir si un corps a été ou non déplacé post-mortem. » Comment ? Grâce à l’analyse des composés organiques volatils (COV) – des substances composées essentiellement de carbone et d’hydrogène qui se dégagent dans l’atmosphère sous forme gazeuse – émis par un corps ou un objet.FocantJeanFrancois

L’intérêt de cette méthode ? Son caractère non invasif. Là où de nombreuses disciplines scientifiques ont besoin de découper et de décortiquer, la méthode utilisée par le laboratoire liégeois n’a besoin que d’un simple échantillon d’air. « Nous capturons l’air ambiant autour d’un corps ou d’un objet au moyen d’un tube contenant une matrice absorbante connectée à une pompe, explique le Pr Jean-François Focant, directeur du laboratoire. Après, cet échantillon d’air est analysé par une méthode qui couple la chromatographie gazeuse bi-dimensionnelle à la spectrométrie de masse. En résumé, nous étudions l’odeur qui se dégage d’un corps ou d’un objet afin d’en identifier les signatures chimiques. »

Devenu expert dans le domaine, le laboratoire tente désormais de développer et de valider ses méthodes d’analyse dans des domaines plus inattendus : par exemple, glisser doucement de l’analyse de COV émis par des corps inertes vers un procédé qui pourrait permettre, notamment, de déceler la présence de tumeurs cancéreuses chez un patient. « Ce que nous offrons, c’est la technologie que nous développons, celle qui nous permet d’identifier la signature des composés volatils d’un corps ou d’une cellule. Nous travaillons actuellement avec les Prs Renaud Louis et Édouard Louis, pneumologue et gastroentérologue au CHU de Liège, sur des projets qui visent à détecter la présence de cellules tumorales chez des patients », reprend Jean-François Focant.

DuboisLenaStefanutoPierreHuguesCette technologie pourrait également être utilisée pour retrouver des victimes après une catastrophe naturelle. « Le sang possède, lui aussi, une signature chimique, expliquent Lena Dubois et Pierre-Hugues Stefanuto, chercheurs au sein du laboratoire. La protection civile s’est montrée très intéressée par un procédé qui permettrait – à l’image des chiens pisteurs – de pouvoir retrouver, grâce à l’odeur de traces de sang, des personnes toujours en vie ensevelies sous des décombres. »

La méthode mise en place par le laboratoire de chimie analytique organique et biologique, qui trouve déjà de nombreuses applications dans domaines aussi variés que la médecine légale, la biologie, l’entomologie ou l’archéologie, pourra, demain peut-être, aider à diagnostiquer un cancer du poumon ou un cancer du colon de manière moins invasive grâce à l’analyse des COV capturés dans un échantillon d’haleine de patient.

Texte et photos : Julie Louis
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