Novembre 2016 /258
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Adrian Hopgood

HEC Liège, aujourd’hui et demain

HopgoodAdrianIl y a un an, le Britannique Adrian Hopgood était nommé doyen et directeur général de l’École de gestion de l’université de Liège, rebaptisée “HEC Liège”. Retour sur ces 12 premiers mois, qui ont vu HEC confirmer certaines accréditations internationales, tout en en préparant d’autres, répondant à un effort concerté d’internationalisation. Objectif : booster la réputation de l’École, en Belgique mais surtout à l’étranger. Entretien.

Le 15e jour du mois : Quelles ont été les étapes importantes de votre première année au décanat de HEC Liège ?

Adrian Hopgood : Si l’arrivée d’un doyen étranger était attendue avec une certaine appréhension, je crois être parvenu, rapidement, à me montrer rassurant quant à mes intentions. Lesquelles n’étaient pas de transformer l’École de fond en comble, mais de poursuivre l’excellent travail entrepris jusque-là et, partant, de pousser plus avant l’amélioration continue de l’École. J’aspire donc à développer la réputation de HEC Liège, à la hisser à l’échelon supérieur. Prenez la liste des meilleures Écoles de commerce en Europe établie par le Financial Times : on y trouve 85 institutions, mais pas HEC Liège. Je souhaite que nous figurions désormais sur cette liste, mais plus encore, que nous figurions dans le top 50. Dans cette perspective, nous avons cherché à obtenir ou renouveler, au cours de l’année qui s’est écoulée, une série d’accréditations. Celles-ci attestent des valeurs et de l’excellence de notre établissement. Elles démontrent que nos programmes sont innovants, que les cours dispensés chez nous sont rigoureux, cohérents et nourris par la recherche, que la recherche elle-même rencontre certaines exigences de qualité, que notre personnel académique est qualifié et doté d’un véritable standing professionnel, que notre École possède une dimension internationale avérée, etc. Ces accréditations ont deux effets directs : elles représentent d’abord un label nous permettant d’élever la réputation de l’École, et, plus fondamentalement, l’effort mobilisé pour l’obtenir a pour effet de forcer le progrès au sein même de l’École.

Le 15e jour : Il s’agit des accréditations EPAS ?

A.H. : Pas seulement. J’ai pris mes fonctions deux mois avant la visite qui allait nous permettre de prolonger l’accréditation “EPAS” de notre programme en ingéniorat de gestion. Ce label international est délivré par l’European Foundation for Management Development (EFMD). J’ai donc dû rapidement apprendre à connaître HEC Liège dans toutes ses forces et faiblesses afin de pouvoir la présenter et la défendre au mieux face aux auditeurs. Depuis 2011, trois de nos programmes sont accrédités : notre master en business engineering, notre master en management et notre programme doctoral. Ces accréditations nous ont permis de nous préparer progressivement à notre principal objectif, qui était d’obtenir la prestigieuse accreditation EQUIS. Celle-ci, délivrée également par l’EFMD, certifie toute l’École, ses programmes, sa recherche et ses activités de service à la communauté. La visite des auditeurs vient d’avoir lieu et nous attendons le verdict, qui devrait tomber en novembre 2016 ou en février 2017. En juin 2016, nous avons également été l’une des premières écoles à obtenir l’accréditation Business School Impact System, laquelle examinait l’influence de notre école sur sa région. Cet impact fut, en l’occurrence, estimé à 125 millions d’euros par an : un chiffre assez impressionnant au vu de la taille de notre École. Enfin, nous avons obtenu la confirmation qu’en mai 2018, nous aurons la visite des auditeurs d’une autre accréditation internationale majeure, celle de l’Association to Advance Collegiate Schools of Business (AACSB).

Le 15e jour : Vous parlez de “forcer le progrès au sein de l’École”. Dans quel domaine ce besoin se fait-il le plus ressentir ?

A.H. : Un effort incontournable est à faire en matière d’internationalisation. HEC Liège a peut-être eu tendance à se penser en relation avec son contexte local plutôt que global. Or, notre mission implique de préparer nos étudiants aux défis d’un marché du travail mondialisé. Certes, notre école est d’ores et déjà ouverte sur le monde à bien des égards : nos étudiants acquièrent une expérience internationale par le biais d’un programme d’échanges ou d’un stage à l’étranger, et c’est l’une des forces de notre École. Tous nos diplômés sont préparés à pouvoir travailler dans un environnement international car, même s’ils décident de rester à Liège, ils seront en contact avec des clients et des marchés internationaux. Il est cependant nécessaire de pousser plus loin cet effort. Il convient à présent d’attirer à HEC Liège davantage d’étudiants et d’enseignants étrangers. Si, actuellement, 35% de nos étudiants de master proviennent d’autres pays, en bachelier, ils sont majoritairement issus de la région.

Nous souhaitons donc faire mieux, en particulier dès lors que nous commencerons à introduire des modules en anglais dans les programmes de bachelier. Nous enseignons actuellement en langue anglaise au niveau du master principalement. Mais même pour ces étudiants internationaux inscrits en master, nous mettons à disposition une infrastructure – administrative, de virtual learning – qui, en grande partie, suppose la connaissance du français. Nous devons donc améliorer cette infrastructure si nous souhaitons accroître notre attrait. Quant à la recherche, l’une des mesures de sa qualité est sa reconnaissance internationale. Je souhaite donc voir notre recherche publiée dans des revues reconnues au-delà de nos frontières, mais je souhaite également que soient établis des partenariats internationaux avec des institutions accréditées susceptibles de nous aider à générer ces outputs de recherche. Dans un contexte où, en Belgique, il est possible – et tant mieux – d’accéder à l’enseignement supérieur à faibles coûts, mais où les fonds publics directs demeurent limités, il est nécessaire de trouver des sources de revenus supplémentaires. Attirer à HEC Liège des étudiants internationaux dont le coût des études serait enfin adapté au marché, ce qui n’a pas été le cas jusqu’à présent, s’inscrit dans cette perspective. Nous comptons également renforcer notre Executive School, qui a pris de l’ampleur ces dernières années et que je souhaiterais voir se développer davantage de manière à doper la réputation de notre établissement en tant que lieu d’expertise en matières commerciales. Il s’agira également d’une source supplémentaire de revenus qui permettra de le renforcer.

Le 15e jour : Votre année de mandat a été également marquée par la reconnaissance du CFA Institute. En quoi ceci est-il important pour HEC Liège ?

A.H. : Il s’agit d’une reconnaissance très prisée : le Chartered Financial Analyst Institute est une prestigieuse association d’analystes financiers dont l’objectif est de promouvoir un comportement éthique dans la communauté financière et de développer l’excellence professionnelle. La reconnaissance indique que les étudiants titulaires d’un master en gestion à finalité Banking & Asset Management seront dans les meilleures conditions pour réussir les examens de certification professionnelle du CFA Institute. HEC peut par ailleurs désigner, chaque année académique, trois étudiants qui recevront une bourse réduisant de façon importante les frais d’inscription à l’épreuve. Cette reconnaissance contribue donc au positionnement de notre master puisqu’elle signale aux étudiants qui choisissent ce cursus qu’ils recevront, à HEC Liège, une excellente préparation à une carrière en finances. Elle met également en valeur l’aspect international de notre école et souligne que l’éthique, qui fait bien entendu l’objet d’un regain d’intérêt depuis la crise financière, est l’une des valeurs que notre institution souhaite porter, au même titre que son étroite proximité avec le monde de l’entreprise.

Le 15e jour : Au sujet du Brexit, vous attendez-vous à ce que la sortie du Royaume-Uni contrarie vos plans pour HEC Liège ?

A. H. : J’ai bien entendu été profondément déçu par le résultat du référendum. Je me considère citoyen européen – et je resterai personnellement un citoyen de l’Union européenne (UE) du fait de mon passeport secondaire irlandais. Mais s’il a été, dans ce débat, abondamment question de migrations vers le Royaume-Uni, je suis un exemple de migration allant dans le sens contraire, vers l’Union européenne. Les bénéfices sont évidemment mutuels et je ne peux qu’espérer qu’un compromis sera trouvé permettant de maintenir des liens solides entre le Royaume-Uni et l’UE. Quoi qu’il en soit, si impact il doit y avoir sur HEC Liège, ce Brexit ne peut être qu’une opportunité : notre École, qui accueille en flux continu des étudiants des quatre coins du monde, sera heureuse de s’ouvrir également aux étudiants internationaux frappés par le refus d’accéder au Royaume-Uni !

Propos recueillis par Patrick Camal
Photos : J.-L. Wertz
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