Novembre 2016 /258

Nouveau souffle ?

Bridge au RCAE

Bill Gates et Warren Buffet, les deux Américains qui figurent parmi les hommes les plus riches du monde, en sont véritablement férus. Mais, à écouter ou observer n’importe quel amateur de bridge, il semble impossible de ne pas se laisser complètement absorber par ce jeu de cartes une fois que l’on y a vraiment goûté. Et c’est d’ailleurs ce que propose aux jeunes le RCAE, le deuxième et quatrième jeudi de chaque mois au Cercle royal de bridge du boulevard Frère-Orban : des séances d’initiation gratuites pour tous les membres du cercle des sports de l’Université.

BridgeSPORT?

« C’est un sport cérébral, assure Jos Clijsters, directeur du RCAE. La Fédération internationale de sport universitaire l’intègre au même titre que d’autres disciplines sportives, avec des championnats. Ce qui fait que le bridge est également répertorié en tant que tel dans d’autres universités belges. » L’origine la plus plausible du nom proviendrait de deux variantes du whist, grec et russe, pratiquées dans les cercles français et anglais, qui ont fusionné pour devenir le “britch” (biritch). Le terme, anglicisé, deviendra le “bridge” à la fin du XIXe siècle. Et l’on ancre vers 1860, aux confins de la Méditerranée orientale (sur les rives du Bosphore, en Grèce, à Alexandrie), la naissance de ce jeu de cartes aux règles complexes. Les premiers joueurs étant des diplomates, de grands voyageurs cosmopolites, des aristocrates ou de grands bourgeois, le bridge a conservé une image mondaine renforcée par le fait qu’il requiert une mobilisation intellectuelle et un apprentissage de plusieurs années pour devenir un joueur correct. Si l’on croise bon nombre d’universitaires ou de professions libérales dans le club de bridge liégeois, les amateurs proviennent en réalité d’horizons très éclectiques.

MOINS HASARDEUX QUE LE POKER

« C’est très distrayant et ce qui est passionnant, c’est que l’on joue souvent avec le même partenaire. On apprend à bien se connaître et à bien se comprendre. On joue en silence, tellement on est absorbés », témoigne Jean-Louis Lilien, professeur honoraire à la faculté des Sciences appliquées. Dans la grande salle, les chaises en bois garnies façon cuir vert, usées aux accoudoirs, font penser à des tables de poker inspirées de films américains du siècle passé. Mais si le but du bridge est aussi de deviner les cartes et de reconstruire les “mains” des autres, il requiert de la mémorisation et de la vivacité d’esprit plutôt que de l’intuition, de la psychologie ou le bluff mis en avant au poker. Cette gymnastique de l’esprit demande donc des heures de pratique pour atteindre un niveau moyen. « Après une demi-heure d’explications, on sait théoriquement jouer car on connaît les règles. Et l’on s’amuse tout de même bien avant de commencer à devenir bon », relativise Thierry Defossé, l’un des deux professeurs du RCAE. « C’est tellement prenant que certains pourraient rater leurs études s’ils s’investissent trop dans le jeu », assure un autre protagoniste de la partie, assis en face.

Heureusement, la majorité des joueurs du Cercle royal de bridge a passé le cap de la cinquantaine. Le risque est donc ténu pour ce qui concerne le noyau plus jeune du RCAE, limité pour le moment à moins d’une vingtaine de membres. Mais l’engouement pourrait bien renaître car, dans beaucoup de pays, le bridge de compétition est pratiqué essentiellement par les jeunes. Aux Pays-Bas ainsi que chez nos voisins nordiques, les cours de bridge sont même dispensés à l’école. Et pour cause : ce jeu développe chez les pratiquants des qualités d’organisation, de mémoire, d’analyse et de logique nécessaires dans bien d’autres domaines.

* tout le programme du RCAE sur www.rcae.ulg.ac.be

* voir aussi www.CRLBridge.com

Fabrice Terlonge
Photo : F.T.
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