January 2017 /260

Pacte pour un enseignement d’excellence

L’opinion de V. Bluge et M.-TH. Delhoune

Le Pacte pour un enseignement d’excellence trouve son origine dans la Déclaration de politique communautaire du gouvernement de juillet 2014, l’enseignement en Belgique francophone présentant un déficit en matière d’équité et d’efficacité. Ce grand projet de réforme est ambitieux à plusieurs titres et notamment en ce qu’il mobilise l’ensemble des acteurs de l’enseignement et qu’il s’articule autour de cinq axes stratégiques. Outre la mixité sociale, l’ambition est bien d’assurer à chaque enfant une place dans une école de qualité. En décembre 2016, le troisième projet a été rendu et est, à ce jour, soumis à l’examen des instances concernées.

Parmi les modifications envisagées, la création d’un véritable tronc commun jusqu’à la 3e secondaire et son renforcement au niveau polytechnique et pluridisciplinaire nous paraissent particulièrement intéressants car l’objectif est bien de se recentrer sur une “plus grande maîtrise des compétences disciplinaires de base et un bagage commun de savoirs fondamentaux par tous les élèves”. Un objectif crucial. Au terme de ce nouveau tronc commun qui se veut polytechnique, le choix pour la filière de transition ou de qualification pourrait être facilité sous deux aspects. D’une part, les élèves seraient davantage à même de poser un choix grâce à une approche éducative d’orientation initiée dès le début de la scolarité. D’autre part, leur décision serait positive plutôt que guidée par une restriction à poursuivre dans la filière la plus valorisée C’est là une opportunité particulièrement précieuse de valoriser l’enseignement qualifiant.

Nul besoin par ailleurs de revenir sur les mesures qui ne relèvent pas de la compétence de la ministre de l’Enseignement obligatoire, telle une meilleure information et formation de tous les enseignants, afin de mieux les armer pour faire face à l’énorme défi de différenciation des apprentissages auquel ils seront confrontés.

Cependant, nos réserves tiennent en deux points. Le premier concerne l’enseignement qualifiant. Bien que les certificats soient également délivrés depuis plusieurs années via des formations en alternance ou d’autres opérateurs encore, seuls les acteurs de l’enseignement de plein exercice ont été conviés, à l’heure actuelle, aux travaux du Pacte. Le second est lié à la mise en œuvre des mesures par phasage, qui s’étendra jusque 2030. Si on peut comprendre qu’une réforme d’une telle ampleur ne peut s’organiser sans une préparation sérieuse et progressive, le report à un horizon aussi lointain n’est pas sans créer une forme de frustration au vu des indicateurs (inter)nationaux pointant les faiblesses de notre système éducatif.

Même si les axes stratégiques et les intentions sont connus avec une relative précision, nous n’en sommes encore qu’aux prémices d’une réforme systémique. Les intentions sont louables, mais un immense travail législatif doit dès à présent concrétiser toutes les mesures du Pacte.

Valérie Bluge, professeure en CaP (et chercheuse) et
Marie-Thérèse Delhoune, inspectrice de l’enseignement secondaire ordinaire en Communauté française
(alumni, sciences de l’éducation, 2015)

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