Projet européen SWARM

Le laboratoire d’ingénierie des véhicules terrestres (IVT) de l’université de Liège fait partie d’un consortium européen qui entend favoriser l’hydrogène comme alternative aux combustibles classiques pour automobile. Des premiers essais ont eu lieu à la mi-novembre sur le circuit de Spa-Francorchamps. Depuis octobre 2012, la Commission européenne finance le projet SWARM réunissant 16 partenaires institutionnels, académiques et industriels. L’objectif de ce projet est double : tester les véhicules propulsés à l’hydrogène et implémenter un réseau de stations-service.

ESSAI IN SITU

Dans un premier temps, il convient donc d’évaluer la qualité du véhicule qui, explique le Pr Pierre Duysinx, à la tête de l’IVT, « doit être livré au public à la double condition de l’acceptabilité, à savoir, par exemple, sa facilité d’utilisation et sa fiabilité, c’est-à-dire sa maturité industrielle ». Aussi, au sein du consortium, l’ULg a notamment été chargée des tests en vue de l’amélioration du véhicule et de ses composants. Tandis que le Pr Nathalie Job, sa collègue, s’est penchée sur les tests sur banc de la pile à combustible, le Pr Duysinx s’est focalisé sur les tests sur route. « L’instrumentation du véhicule et l’analyse des paramètres de fonctionnement, dont l’efficacité et la durée de vie des batteries et de la pile à combustible, ont été réalisées au cours de la première quinzaine de novembre, à la fois au sein du laboratoire et au campus automobile de Spa-Francorchamps. »

À l’issue de ces deux semaines, Pierre Duysinx tire un bilan plutôt positif, même si la pile à combustible a montré quelques défaillances après trois jours de test. « Le raidillon a eu raison du véhicule », concède-t-il. La partie belge de l’équipe internationale a néanmoins démontré qu’elle était parfaitement capable, « d’une part, de réaliser une instrumentation embarquée, c’est-à-dire mesurer en temps réel différentes variables comme la tension ou le rendement des organes du véhicule et, d’autre part, de le faire rouler sur une piste dans des conditions classiques d’utilisation pour valider ses performances ».
Les essais ont permis d’engranger énormément de données sur la voiture, sur la pile à combustible, sur la batterie et même sur les convertisseurs électroniques du moteur. Elles permettront de nourrir, in fine, les modèles numériques qui ont été développés en partenariat avec le constructeur automobile et l’université de Coventry (Royaume-Uni).

CHERCHE STATION DÉSESPÉRÉMENT

Le véhicule à l’hydrogène est-il la solution d’avenir ? Le Pr Duysinx le pense : « La première raison est l’autonomie : un plein à l’hydrogène permet de rouler près de 500 kilomètres, le double d’un véhicule électrique. » Autre point fort : la rapidité du rechargement. En effet, il faut compter à peine trois minutes pour l’hydrogène contre plusieurs heures pour l’électricité. Enfin, budgétairement, le véhicule à l’hydrogène est également plus avantageux puisqu’il est 3,5 fois plus énergétique que l’essence. Reste néanmoins un obstacle de taille : l’absence de la station de rechargement. Le deuxième volet du projet SWARM vise, justement, la conception d’un réseau de stations performant.

« Pour l’instant, il existe une station à hydrogène à Aix-la-Chapelle et une autre à Zaventem inaugurée il y a quelques mois. Elles font partie d’un maillage qui va de Birmingham à Hambourg et qui est appelé à s’étendre vers l’écosse et vers les pays scandinaves », note le Pr Duysinx.

La Région wallonne, partenaire du projet, devrait à terme octroyer le permis d’urbanisme pour une station en Wallonie, d’autant qu’une directive européenne sur le déploiement d’une infrastructure pour carburants alternatifs est en cours de transposition dans l’ordre juridique régional. Dès lors, si les producteurs suivent, comme Toyota et sa Mirai (“futur”, en japonais) – vendue 66 000 euros en Europe –, le véhicule à hydrogène est assuré d’avoir de beaux jours devant lui.

* Voir le site www.swarm-project.eu