Janvier 2017 /260

Liège a son Labville

Développer un cadre urbain qualitatif

Créé en 2015 par la ville de Liège et l’Université et annoncé à l’occasion de la Quinzaine d’architecture et d’urbanisme, le Labville vise à mettre en place une véritable collaboration entre ces deux acteurs sur les quatre thématiques suivantes : architecture, urbanisme, paysage, développement social et territorial.

RuelleChristineL’idée, comme l’explique Christine Ruelle, chercheuse au sein de l’unité Local Environment Management and Analysis (LEMA), est de « construire un espace commun de réflexion, de débat, d’expérimentation, d’échange d’informations sur la ville ». Le Labville est le résultat d’une vraie volonté, d’une part, des échevins liégeois de renforcer la collaboration avec l’Université, et, d’autre part, de quelques acteurs universitaires. L’intérêt de la démarche est manifeste d’un côté comme de l’autre. Par exemple, il est de plus en plus demandé au travers des financements européens que les projets universitaires débouchent sur des applications concrètes et, dès lors, que les universités s’associent à un partenaire opérationnel. De son côté, la Ville souhaite avoir une meilleure idée des recherches menées par l’Université et pouvoir impulser de nouvelles recherches. « On se rend compte que la collaboration entre chercheurs et acteurs de terrain n’est pas toujours optimale, que certains travaux de recherche ne sont pas assez connus et valorisés et, inversement, que certains projets universitaires auraient mérité plus de contact en amont avec les acteurs de terrain, afin d’améliorer leur pertinence », résume Christine Ruelle, également membre du Comité de pilotage du Labville.

En Belgique, ce type de collaboration Ville-Université a déjà vu le jour, à Bruxelles et à Gand notamment. Cependant, s’il est possible de s’inspirer mutuellement, chaque centre urbain est spécifique et requiert des recettes sur mesure. Ainsi, comme chacun sait, la Cité ardente doit composer avec un paysage urbain marqué par un passé industriel glorieux et florissant mais qui vieillit mal. En cela, les expérimentations initiées au sein du Labville pourraient aider à mieux appréhender cette problématique. « Dans les quartiers anciennement industriels, il y a beaucoup de friches urbaines, de bâtiments qui sont délaissés. Il pourrait y avoir des recherches-expérimentations sur les usages temporaires qui permettraient de valoriser ces lieux, en y accueillant des entreprises innovantes, des start-ups, des initiatives citoyennes, etc. On éviterait de cette manière la création de chancres urbains tout en contribuant au développement social des quartiers et à l’économie urbaine. » De même, comme le décrit Christine Ruelle, certaines recherches pourraient contribuer à soutenir le commerce en centre-ville. Des réflexions pourraient par exemple être menées sur les moyens à mettre en œuvre pour soutenir le “remembrement” commercial, c’est-à-dire le regroupement de plusieurs cellules souvent trop petites et peu lumineuses afin de créer un commerce adapté et de taille suffisante pour l’époque actuelle. L’ambition ainsi affichée de valoriser au maximum le centre-ville permettrait à plus long terme d’éviter l’exode de certains ménages avec enfant(s) qui ne trouvent pas la qualité de vie à Liège.

LabvilleL’attractivité urbaine fait intervenir de nombreux thèmes de recherche et nécessite donc plus que jamais une approche multidisciplinaire. Pour Christine Ruelle, il apparaît également très important de favoriser à l’avenir les infrastructures vertes, « c’est-à-dire un réseau d’espaces végétalisés, permettant ainsi le développement d’un véritable maillage écologique, mais aussi le déplacement des cyclistes et des piétons dans un environnement agréable et plus sain ». Le logement est aussi jugé fondamental par les acteurs urbains. « La division du bâti en milieu urbain, pour la création de kots et de petits appartements, studios pose notamment question. C’est très difficile d’avoir des données précises sur ce phénomène. Des recherches pourraient aider à mieux le cerner et à avoir une action plus efficace. »

Pour l’heure, le Labville de Liège n’en est pas encore là. Le 15 décembre dernier a cependant constitué une avancée notoire avec l’organisation de la première rencontre sous forme d’ateliers entre les agents de la Ville et les universitaires sur le thème de “l’observation territoriale”. Ces premiers échanges devraient renforcer le partenariat, de quoi créer de véritables synergies pour l’avenir.


Ariane Luppens
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