Janvier 2017 /260

Parcours d’un combattant

Nicolas George est un homme occupé : alors qu’il termine actuellement le tournage d’un téléfilm canadien au château de Vierset, il planifie déjà le prochain qui aura lieu courant janvier, tout en supervisant l’écriture de la nouvelle série RTBF Rumeurs, écrite notamment par Christophe Bourdon, et Social Killers de François Verjans et Sylvain Daï. « On travaille beaucoup mais c’est un choix de vie : je ne le regrette absolument pas ! », déclare-t-il tout de go.

Les Films du Carré

GeorgeNicolasRien de prédestinait pourtant Nicolas à devenir producteur de cinéma au début de ses études. « J’ai commencé l’Université en 2000 en sciences appliquées, puis j’ai fait mes candidatures en droit, avant de me diriger vers la communication. Ma licence en “infomation et communication” en poche (en 2006), j’ai poursuivi, avec une passerelle vers HEC-ULg, un master en sciences de gestion en deux ans (2007). »

S’il peine les premiers mois à trouver un emploi dans le secteur, la chance lui sourit néanmoins rapidement. « J’ai commencé à travailler pour le Cluster Twist, un regroupement de sociétés de postproduction et tout ce qui touchait à l’image, au son et au texte en Wallonie, ce qui m’a permis de créer un premier réseau. J’y ai notamment rencontré Arnauld de Battice qui m’a engagé comme assistant de production dans sa boîte, AT-Production. » Deux ans plus tard, en 2012, Nicolas franchit une étape supplémentaire et crée sa propre structure de production, les Films du Carré. « J’étais angoissé à l’idée de créer une société sans garanties et de savoir que j’allais galérer pendant deux ou trois ans évidemment, mais j’avais également l’occasion de tourner un long métrage dans la foulée, une chance à saisir. » Quatre ans plus tard, la filmographie des Films du Carré compte cinq longs métrages, deux téléfilms, cinq documentaires et une demi-douzaine de courts métrages.

Passionné, Nicolas l’est, et il faut assurément l’être pour travailler dans le cinéma. « Notre rôle de producteur, c’est d’essayer de monter financièrement des projets tout en respectant le mieux possible la vision artistique de l’auteur, note-t-il. Cela va de la mise en place du tournage à la recherche d’un distributeur pour que le film ait une vie ensuite, ce qui n’est pas toujours évident. C’est un travail éreintant, et on n’est pas toujours récompensé à la hauteur de son investissement personnel et physique, mais je considère que cela reste une chance de travailler et de pouvoir vivre du cinéma en Belgique. »

Tout au long de la vie…

Au sein des Films du Carré, on retrouve plusieurs anciens étudiants de l’ULg : anciens et actuels assistants de production, régisseurs, et même réalisateurs. « Ce sont des profils intéressants car ils sont passionnés, sinon ils n’auraient pas fait ces études. Après, ils ont aussi l’avantage d’avoir pas mal bourlingué avant de travailler dans le cinéma. C’est une réalité : c’est une filière très compliquée; dans ma promotion, nous ne sommes que deux à travailler dans le cinéma par exemple. Et encore, pour atteindre le niveau de producteur, comme Olivier Bronckart ou Jean-Yves Roubin à Liège, cela demande un investissement bien plus large que celui lié à l’Université. » Son conseil ? « Ne pas croire que les études seules vont suffire : il faut se former, encore et encore, à la réalité du terrain. Multiplier les expériences, même pendant les études, c’est comme ça que ceux avec qui je collabore ont commencé. Se créer un réseau également. C’est important d’avoir un bagage théorique et esthétique du cinéma, mais, pour y travailler, il faut aller plus loin encore. Pour ma part, j’ai poursuivi la “commu” par HEC, mais j’ai un réalisateur qui a fait une école de cinéma avant de venir à l’Université. Plus vous vous frottez aux difficultés du métier, plus votre profil retiendra l’attention. C’est un secteur très difficile, et il faut s’accrocher pour espérer en vivre... »

* http://lesfilmsducarre.be

Bastien Martin
Photo : Marianne Grimont
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