Le 15e jour du mois
February 2017 /261

Humaniser les soins

Démarche proactive en milieu hospitalier

L’unité de psycho-traumatismes et psychologie légale est engagée depuis peu dans une recherche-action autour d’un projet pilote pour l’humanisation des soins pédiatriques.

En matière de soins ou de consultations, des milliers d’hommes et de femmes – soignants et patients – interagissent quotidiennement dans des conditions parfois difficiles sur le plan physique et émotionnel. Parmi les patients, les enfants et leurs parents sont les plus perméables au stress généré par le cadre hospitalier. « L’annonce d’une opération ou d’un examen médical complexe suscite des questionnements, de l’appréhension ou encore de la peur chez les petits, constate Adelaïde Blavier, chargée de cours et directrice de l’unité de psycho-traumatismes et psychologie légale. Cette peur incontrôlable peut engendrer des traumatismes profonds ; c’est pourquoi, il est nécessaire de les prendre en charge en amont et d’accompagner les enfants tout au long du processus. »

RÉPÉTITION GÉNÉRALE

HumanisationDans cette optique, de nombreuses initiatives d’humanisation des soins ont vu le jour en Belgique depuis une vingtaine d’années. À travers la création de la “clinique En-jeu”, la clinique de l’Espérance de Montegnée (CHC) a adopté une démarche accordant un rôle central aux parents et à l’enfant dans le processus thérapeutique. Aujourd’hui, des milliers de petits ont déjà expérimenté la préparation à l’intervention chirurgicale grâce au dispositif d’information par le jeu. Bénédicte Minguet, docteur en psychologie de l’ULg, à l’initiative de la démarche, a récemment sollicité l’unité de psycho-traumatismes et psychologie légale afin d’obtenir un éclairage scientifique sur son nouvel espace d’information et de préparation aux examens d’imagerie médicale organisé sur un mode ludique. L’objectif est d’accompagner scientifiquement la démarche qui insiste sur une approche préventive. « Nous allons intervenir en amont afin d’évaluer comment les séances d’information et d’accompagnement par le jeu peuvent améliorer l’expérience vécue par l’enfant, par ses parents et par le personnel soignant. Notre recherche-action portera sur cette triade, car le traumatisme infantile est intimement lié à la détresse parentale. La démarche d’humanisation des soins a aussi un effet positif sur le soignant qui se sent beaucoup plus valorisé », explique Adelaïde Blavier.

Le nouvel espace de la clinique En-jeu entend permettre aux enfants de faire l’expérience en différé d’un examen d’imagerie médicale et, ainsi, de mieux appréhender le processus et la finalité de cet examen. Cette familiarisation se fait par le biais de trois jeux complémentaires : une maquette playmobile qui les aide à se situer dans le temps et à se repérer dans l’espace, tout en apprivoisant une machine en petit format; vient ensuite la mise en scène de l’examen abordée par l’intermédiaire d’une poupée ou d’un mannequin placé dans un équipement miniature; enfin, lorsque l’enfant est bien informé, il entre dans une phase de préparation active en simulant l’examen dans une coque vide. « Ce dispositif permet à l’enfant de devenir acteur de son propre traitement et aux parents de devenir des partenaires dans l’alliance thérapeutique. Grâce à cette démarche, le petit a évité une anesthésie générale et sera capable de parler de son expérience comme d’un moment particulier qu’il a traversé activement », souligne Bénédicte Minguet, en charge de l’humanisation des soins et du travail au CHC.

LONG TERME

La recherche-action a l’ambition de mesurer l’efficacité du dispositif, d’identifier les acteurs sur lesquels il a des effets bénéfiques et d’affiner des méthodes spécifiques aux pathologies. « Notre étude se concentrera sur les effets immédiats et à long terme de l’initiative. En effet, lorsque l’enfant doit subir de fréquentes interventions, il risque de rejeter le cadre hospitalier. Nous tenterons de déterminer les détails à ajuster pour obtenir des résultats probants », conclut Adelaïde Blavier.

À noter que le service de pédiatrie du CHU de Liège, situé sur le site des Bruyères, propose également des séances d’information préopératoires par le jeu. Les consultations sont accessibles aux enfants accompagnés de leurs parents, dès l’âge de 2,5 ans.

Marjorie Ranieri

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