February 2017 /261

La bosse des maths

Directrice du département des mathématiques et de statistique à l’université de Montréal au Québec jusqu’en 2012, Véronique Hussin travaille dans le domaine rigoureux de la physique mathématique.

Très tôt, Véronique Hussin manifeste une aptitude hors norme pour les sciences, et un vrai talent pour les maths. « J’avais environ 14 ans lorsque j’ai pris conscience de mon goût pour les mathématiques : le raisonnement logique était mon fort ! À la fin des humanités, j’ai choisi de faire une année de “spéciale math” à Liège 1 avant de présenter l’examen d’entrée en ingénieur. Un vrai bonheur puisque la plupart des cours concernaient la géométrie, la trigonométrie, l’algèbre, l’analyse, avec un peu de physique, de chimie et du dessin scientifique. J’avais trouvé ma vocation… »

Papier, crayons

Véronique réussit l’examen d’entrée en faculté des Sciences appliquées en 1976, mais elle choisit de s’inscrire dans la section mathématiques en faculté des Sciences. Aujourd’hui, professeur titulaire à l’université de Montréal, elle se souvient de ses premiers pas professionnels au FNRS après son doctorat décroché en 1984, puis à l’ULg puisqu’elle fut brièvement assistante du Pr Jules Beckers.

HussinVeronique-2Côté recherche, Véronique Hussin est une théoricienne. « Je tente de résoudre, à l’aide de plusieurs techniques sophistiquées, des équations mathématiques qui modélisent des phénomènes physiques en dynamique des fluides (comme des vagues déferlantes dans les océans) et en physique quantique (comme l’étude de mouvement des molécules simples dites diatomiques), explique-t-elle. J’extrapole aussi tout cela à des théories plus abstraites encore qui pourraient permettre de mieux comprendre le monde subatomique (l’infiniment petit). Ces théories sont associées à ce que l’on appelle la “supersymétrie”. L’existence de celle-ci dans le monde réel fait toujours l’objet de recherches dans les accélérateurs de particules. Pour ma part, je travaille sur mon ordinateur portable équipé de logiciels mathématiques très puissants mais aussi avec du papier et des crayons… »

Elle profite des “congés sabbatiques” accordés aux professeurs tous les six ans et s’envole, en 1995, à l’université de Valladolid pour un projet de recherche en collaboration avec des collègues espagnols. Une expérience qu’elle renouvellera dix ans plus tard, en 2005, à l’université de Durham en Angleterre.

Mais le côté enseignement de son métier la motive plus encore peut-être. Partie pour un post-doctorat en 1987 – 30 ans déjà ! –, Véronique Hussin découvre le plaisir d’enseigner à l’université de Concordia, une des quatre universités montréalaises. « Mon anglais était encore approximatif, mais les étudiants de cette institution anglophone étaient très compréhensifs », note-t-elle. Preuve de ses progrès et de son indéniable talent didactique, elle reçoit en 2005 dans son institution d’appartenance depuis 1988, l’université de Montréal, un prix en enseignement de la faculté des Arts et des Sciences. Désormais, activités de recherche et d’enseignement s’entrecroisent harmonieusement dans une carrière particulièrement riche en activités diverses.

Service d'appui

HussinVeronique-1De 2005 à 2012, elle dirige le département de mathématiques et de statistique qui compte une trentaine de professeurs, plus de 400 étudiants de premier cycle et une centaine aux cycles supérieurs. Plus récemment, en 2012, elle prend la direction du Service d’appui à la formation interdisciplinaire et à la réussite étudiante (Safire). Une promotion et de nouvelles responsabilités ! « Ce service s’occupe de la gestion de plusieurs programmes dits facultaires de premier cycle (à forte population) ainsi que des cycles supérieurs, explique-t-elle. La particularité de ces programmes est qu’ils reposent sur des compétences inter-disciplinaires au sein de la Faculté. Le Safire a aussi pour mission de développer des stratégies et actions afin d’aider les étudiants dans leurs études (dépistage précoce, “trousse réussite”, tutorat, service d’aide). Et le service comprend aussi le Centre de langues anglaise et étrangères qui organise leur apprentissage à tous les étudiants de l’Université (soit un éventail de 13 langues). Je rappelle que l’université de Montréal est une université francophone et que tout étudiant qui désire s’y inscrire, au premier cycle du moins, doit maîtriser la langue française. À noter que l’anglais n’est pas une langue étrangère au Canada… »

Originaire de Liège, Véronique Hussin est maintenant belgo-canadienne. Elle a appris l’art du patin et les joies de la luge avec sa fille et s’est habituée, progressivement, aux tempêtes de neige fréquentes lors des longs hivers d’Amérique du Nord. Chasses-neige et “chenillettes” (pour déblayer les trottoirs) font partie de son quotidien… six mois par an à peu près. Mais elle n’en démord pas : «  Les étés sont très chauds à Montréal et l’automne est magnifique… »

Femmes scientifiques

Le Pr Annie Cornet, directrice d’Egid-HEC-ULg, organise, en collaboration avec le consortium “Diversité Région wallonne”, un colloque intitulé “Carrières, trajectoires professionnelles et conditions de travail des femmes scientifiques”, le mercredi 8 mars, journée internationale des femmes, à la Cité Miroir, place Xavier Neujean, 4000 Liège.

* www.liege-diversites.be

Patricia Janssens
|
Egalement dans le n°269
Éric Tamigneaux vient de recevoir le prix ACFAS Denise-Barbeau
D'un slogan à l'autre
Résultats de l'enquête auprès de "primo-arrivants" en faculté des Sciences
21 questions que se posent les Belges
Le nouveau programme fait la part belle à l’histoire de la cité
Panorama des jobs d'étudiants