March 2017 /262

7 planètes capitales

Les astronomes liégeois au firmament

JehinGillon-WashingtonLes astronomes de l’ULg ont découvert trois, puis sept planètes telluriques autour de l’étoile Trappist-1. La publication dans la revue Nature relance la quête de la vie dans l’Univers*. La Nasa l’a annoncée en grande pompe lors d’une conférence de presse, le 22 février, en présence d’Emmanuël Jehin et de Michaël Gillon (à gauche sur la photo).

« Le système exoplanétaire Trappist-1 est le plus grand trésor de planètes de taille terrestre jamais détectées autour d’une seule étoile », s’enthousiasme Michaël Gillon, chercheur qualifié FNRS, du département d’astrophysique, géophysique et océanographie (AGO). Grâce à une traque de plus d’un an à l’aide de nombreux télescopes (dont le télescope spatial infrarouge Spitzer de la Nasa), l’équipe liégeoise – également composée d’Emmanuël Jehin et de Valérie Van Grootel, astronomes au FNRS – a pu confirmer les résultats obtenus en mai 2016 (soit la détection de trois planètes par le télescope Trappist-Sud) et a annoncé la découverte de quatre planètes supplémentaires de taille terrestre dans le même système. Tout cela autour d’une mini étoile naine rouge située à “seulement” 39 années-lumière.

UNE AUTRE VIE

Trappist1Une révélation d’importance et qui fait grand bruit publiée en Une de la revue Nature du 23 février. Ces exoplanètes, de tailles et de masses similaires à celle de la Terre, pourraient receler de l’eau sous forme liquide à leur surface. Et pour la première fois, grâce à la proximité de ce système planétaire unique en son genre, les astronomes pourraient faire un grand pas en avant dans la recherche d’une autre vie, ailleurs dans l’Univers.

« Notre système solaire abrite quatre planètes telluriques, dont une seule, la Terre, est dans sa zone habitable, reprend Michaël Gillon. Même si Mars et Vénus en sont proches, seule la Terre est habitée. » Avec ses sept planètes de tailles terrestres, dont trois dans sa zone habitable, Trappist-1 est manifestement un système d’une richesse immense. Les astronomes l’observent depuis un an sans relâche depuis le sol et l’espace. Selon Emmanuël Jehin « Nous devrions disposer en fin d’année de masses suffisamment précises pour connaître la leur composition et ce sont, à ce jour, les seules planètes de type terrestre pour lesquelles nous pourrons détecter la présence d’une atmosphère et mesurer leur composition. » Pour y arriver il faudra attendre cependant le lancement du James Webb Space Telescope (JWST) en 2018 par la Nasa et l’ESA. « Nous pourrons alors pour la première fois en dehors de notre système solaire établir une comparaison entre des planètes d’un même système. Dans quelques années, nous espérons même détecter dans leurs atmosphères des biosignatures, des molécules comme l’eau, le méthane, l’ozone… qui pourraient révéler la présence de vie à la surface de ces planètes. Ce n’est plus de la science-fiction ! », conclut Michaël Gillon.

WASHINGTON

C’est depuis le quartier général de la Nasa, au cœur de la capitale américaine, en présence de Michaël Gillon, Emmanuël Jehin et Julien de Wit (diplômé ULg et en postdoc au MIT à Boston, coauteur de l’étude) que l’annonce a été faite dans une effervescence médiatique sans pareil le 22 février. « La Nasa avait mis les petits plats dans les grands, relate Emmanuël Jehin. La conférence de presse devant une centaine de journalistes a été suivie en direct par des millions de personnes… L’Agence a réalisé un travail magnifique de mise en évidence des résultats à l’aide de nombreuses vidéos, de graphiques, de posters. La Nasa a très bien perçu l’importance de cette découverte réalisée notamment avec un de leur télescope. »Google

« Nous avons vécu une semaine intense à répondre aux interviews des médias du monde entier. Google nous a même fait l’honneur d’un banner animé qui a fait le buzz sur la toile ! Nous avons reçu des centaines d’emails, plus de 1000 dans mon cas ! », relate Michaël Gillon.  « Cela a été une aventure humaine sans pareil, conclut Julien de Wit. Nous avons même eu l’occasion de fêter notre découverte avec nos collègues américains… dans un bar belge de Washington. L’occasion de leur faire découvrir les spécialités des abbayes wallonnes. »

 

* Pour les astronomes cette découverte ne serait qu’un début car elle s’inscrit dans le cadre du projet “Speculoos”, un nouveau projet financé par l’Europe, encore plus ambitieux que Trappist. Il a pour objectif la détection d’exoplanètes potentiellement habitables autour des 1000 petites étoiles naines rouges du voisinage solaire. Il s’agit d’un nouvel observatoire formé de quatre télescopes de 1m de diamètre qui est en cours d’installation sur le site de l’Observatoire européen austral de Paranal au Chili, et qui devrait faire sa première lumière dès la fin de l’année.

* http://thema.ulg.ac.be/Spatial/TRAPPIST-1
* https://exoplanets.nasa.gov/trappist1/




Pa.J.
Infographie : ESO
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