Avril 2017 /263

Nouveau plumage juridique

Le perroquet gris du Gabon mieux protégé

La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites), signée à Washington en 1975, vient d’accorder au perroquet gris du Gabon (Psittacus erithacus) un nouveau statut. Cet oiseau, très présent dans les familles belges, vient d’être intégré dans l’annexe I de la Convention, ce qui lui confère un statut d’espèce protégée au même titre que certains grands félins ou mammifères marins. La Belgique, qui a adhéré à la Cites le 1er janvier 1984, va adapter sa législation en conséquence1.

« Cette modification de statut entraîne et entraînera toute une série de changements pour les propriétaires, les éleveurs et les vendeurs, confie le Pr Didier Marlier de la faculté de Médecine vétérinaire (département médecine des oiseaux, des lagomorphes et des rongeurs). Dès l’entrée en vigueur de la charte, le 1 er avril, les propriétaires de ce type d’oiseau devront le déclarer auprès de leur commune, comme cela se fait déjà pour certains reptiles. Auparavant, les perroquets étaient bagués ; ils devront maintenant être pucés, comme les chiens et les chats. »2

« On peut se réjouir de cette initiative visant à responsabiliser les futurs nouveaux propriétaires, indique Frédéric Gandar, docteur en médecine vétérinaire et assistant à la clinique des oiseaux. Élever un perroquet gris du Gabon (ou “perroquet jaco”) comporte nombre de responsabilités puisqu’il s’agit d’un animal exotique. Cependant, la complexité des démarches à effectuer est rédhibitoire... » Les propriétaires s’exposent, il faut le savoir, à des amendes et saisies si l’irrégularité est constatée.

Originaires d’Afrique de l’Ouest – d’où leur nom –, les volatiles ont d’abord été exportés en Europe mais, leur capture ayant été interdite, 99% des perroquets gris du Gabon proviennent maintenant d’élevages belges. Hélène Deflers, docteure en médecine vétérinaire et clinicienne, précise : « La décision de la Cites est importante pour la protection de l’espèce. Sur le plan belge, il faudra maintenant faciliter les démarches de mise en conformité. »

Conçue dans un esprit de coopération entre États, la Cites protège à ce jour quelque 3500 espèces sauvages (faune et flore comprises). Elles sont reprises sur une liste aménageable en regard de la réalité in situ des espèces commercialisées. Si tous les animaux exotiques ne sont pas en voie d’extinction, il est important de veiller à leur démographie dans leur milieu d’origine afin de préserver les ressources pour l’avenir et de garantir un commerce durable. Les recettes obtenues grâce à la vente des espèces sauvages se comptent, en effet, à quelques milliards de dollars au niveau mondial.

Désormais, le perroquet gris du Gabon est bien protégé.

 

1 183 États ont signé la Convention et se sont dès lors engagés à la faire respecter sur leur territoire. Notons qu’en Belgique, la question du bien-être animal est dévolue aux Régions.
2 Pour ce faire, les propriétaires devront fournir les coordonnées relatives à la provenance de l’oiseau (magasin, éleveur), la date d’acquisition ainsi que le numéro de bague ou numéro de micropuce électronique. Les propriétaires peuvent remplir le formulaire disponible en ligne sur le site www.citesenbelgique.be afin de se mettre en règle. Le certificat et l’identification devront être d’emblée fournis par le vendeur. Les particuliers se rendront ensuite à la commune afin de remplir un document de permis d’environnement (classe 2).

Aliénor Petit
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