Octobre 2011 /207
La médecine vétérinaire au cœur de la sociétéLes 14, 15 et 16 octobre prochains, l’université de Liège célébrera le 175e anniversaire de sa faculté de Médecine vétérinaire : c’est en effet en 1836 que le jeune Etat belge décidait de fonder une “Ecole vétérinaire et d’agriculture de l’Etat” à Cureghem (Bruxelles). L’eau a coulé sous les ponts depuis lors, et c’est maintenant l’université de Liège – et elle seule – qui assure la formation complète des médecins vétérinaires. Chiens, chats et reptilesInstallée à l’entrée du site du Sart-Tilman, cette clinique reçoit chaque année, 24 heures sur 24, plus 12 000 “patients” : 10 000 animaux de compagnie (chiens et chats majoritairement, mais également lapins, canaris, rongeurs, voire reptiles), 1250 chevaux et 850 ruminants. Une cinquantaine de médecins vétérinaires se relaient dans cette structure dirigée par le Pr Didier Serteyn – où les étudiants prêtent main forte à l’occasion de stages – structure qui dispose d’équipements de pointe : imagerie médicale, scanner sur table spéciale pour équidés, laboratoire mobile. Le rôle des médecins vétérinaires concerne donc la santé animale et la santé humaine, à la fois pour maîtriser les maladies transmissibles à l’homme (zoonoses) comme la récente grippe aviaire ou la maladie de Creutzfeldt-Jakob (dite la “maladie de la vache folle”) et pour assurer le contrôle sanitaire des produits d’origine animale utilisés dans l’alimentation humaine. « Depuis les crises des années 1990, la société considère cette thématique comme prioritaire, reconnaît le Pr Antoine Clinquart, président du département de sciences des denrées alimentaires. Aujourd’hui, nous adoptons une approche de la “fourche à la fourchette” : le médecin vétérinaire contrôle la chaîne alimentaire du début à la fin, soit en faisant de l’inspection officielle, soit en travaillant directement avec l’industrie comme “manager qualité”. Les procédés de fabrication sont décortiqués, les risques potentiels identifiés et évalués. » La guerre des virusAutre voie de prévention : le vaccin. Le laboratoire d’immunologie et vaccinologie, dirigé par le Pr Alain Vanderplasschen, a mis au point un vaccin contre un redoutable virus qui tue massivement la carpe commune et la carpe Koï, un poisson d’ornement (cette découverte lui a valu à deux reprises la “une” du J Virol, le plus important journal de virologie). Or la carpe commune, dont la production mondiale annuelle avoisine les trois milliards d’unités, représente la première source de protéines animales dans certains pays. Le laboratoire d’immunologie et vaccinologie a réussi à rendre le virus inoffensif grâce à une manipulation génétique. « Nous avons ôté au virus des gènes essentiels pour tuer la carpe, explique le Pr Vanderplasschen qui a lancé la recherche. Ainsi, il ne fait que provoquer une infection douce de l’animal qui produit une réponse immune. » Le vaccin et un kit de diagnostic sont en cours de développement. Du côté des traitements, les chercheurs progressent également. En embryologie – discipline qui décrit le développement de l’animal du stade de la fécondation à celui de sa naissance –, les chercheurs travaillent sur les animaux transgéniques, non pas pour les consommer mais pour développer des médicaments à l’usage de l’homme. L’objectif est de faire produire par des poules transgéniques des protéines thérapeutiques dans l’œuf. « Depuis le scandale de la “vache folle”, on ne veut plus extraire ces protéines des mammifères proches de l’homme, observe le Pr Daniel Desmecht, président du département de morphologie et de pathologie. Une solution est de les produire dans une espèce très différente, d’où l’idée des œufs de poule. L’avantage est qu’il y a peu de molécules dans le blanc d’œuf et qu’il est donc plus facile de purifier une molécule que l’on reproduit ensuite pour l’homme. » La révolution génomiqueLa révolution génomique touche aussi la production animale. Nées de la convergence entre la biologie moléculaire, la robotique et l’informatique, les méthodes d’analyse du génome ont révolutionné, sur le plan agronomique, la sélection animale. « On les utilise pour éradiquer les tares héréditaires, précise le Pr Michel Georges, directeur de l’unité de génomique animale aujourd’hui au sein du Giga. La race Blanc-Bleu-Belge est à présent en grande partie “assainie” de ce point de vue. Grâce à l’analyse ADN, on peut dire avec précision, dès le stade embryonnaire, ce qu’un animal deviendra en termes de productivité, qualité des produits, fertilité, etc. » Selon le Pr Georges, le transgénique représente une opportunité stratégique pour l’agriculture de demain : « si l’on veut que la population mondiale accède un jour au même niveau d’alimentation, l’agriculture devra être techniquement extrêmement performante. Les organismes génétiquement modifiés (OGM) feront probablement partie de l’arsenal technique indispensable. La pression exercée par la société sur les scientifiques pour qu’ils se montrent prudents est positive. En revanche, rejeter les OGM me semble irrationnel. Notre Université se doit d’investir dans ces technologies afin de donner à la société les éléments d’information qui l’aideront à faire des choix raisonnés. »
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