Novembre 2011 /208

Thierry Chantraine, nouveau stratège au CSL

ChantraineThierryLe Centre spatial de Liège (CSL), pôle universitaire de haute technologie et de renommée mondiale pour les systèmes spatiaux, était à la recherche d’un pilote expérimenté ayant des idées nouvelles pour sa gouvernance et sa restructuration. Cet été, au terme d’une procédure minutieuse de sélection et sur recommandation du comité de gestion du CSL, le conseil d’administration de l’ULg a choisi Thierry Chantraine lequel a pris ses fonctions le 16 août dernier.

Ce Liégeois, né aux Etats-Unis en 1960 au début de l’ère spatiale, obtient en 1985 le diplôme d’ingénieur civil aérospatial de l’ULg. Sa carrière de manager a pris forme au sein de l’industrie aéronautique, notamment dans le domaine des moteurs d’avion. Après un apprentissage au Laboratoire des techniques aérospatiales (LTAS), puis dans une PME spécialisée dans des instruments de mesure pour la métallurgie, il entre en 1992 chez FN Moteurs qui allait devenir Techspace Aero dans le groupe français Snecma. Durant dix ans, il fut en charge de responsabilités au sein de la production, de la qualité et du bureau d’études. En 2002, Techspace Aero lui confie la direction de la division “Maintenance-réparation-essais” des moteurs d’avions militaires.

En 2008, Snecma-Safran cède cette division au motoriste américain Pratt & Whitney (United Technologies) qui en fait son implantation en Europe. Thierry Chantraine devient le premier directeur de Pratt & Whitney Belgium Engines Center à Vottem. En début d’année, en raison de profondes divergences de vue sur la stratégie locale et sociale, c’est la séparation. « Je considère qu’une entreprise est avant tout implantée dans le tissu économique d’une région, qu’elle s’en nourrit pour créer de la valeur avec des produits, des services et des emplois. C’est ce fil conducteur stratégique que je compte suivre pour renforcer le potentiel et garantir le futur du CSL », affirme Thierry Chantraine.

C’est donc un spécialiste des essais et de la qualité dans le domaine aéronautique qui se trouve aux commandes du Centre spatial de Liège. « Je suis très intéressé par l’activité spatiale, poursuit-il. D’ailleurs, jeune homme passionné par la conquête de l’espace, j’aurais voulu devenir astronaute. L’odyssée de l’espace est une grande aventure pour laquelle il reste beaucoup à faire. En m’investissant dans l’Université qui m’a formé, je veux donner un nouveau souffle, de façon progressive, aux capacités du CSL. »

Son objectif actuel ? Retrouver l’équilibre financier en mettant le cap sur de nouveaux horizons de la pertinence scientifique et de l’innovation technologique : « Le personnel a atteint un niveau exceptionnel de compétences et le CSL jouit d’une très belle réputation à l’étranger, relève son directeur. Sa principale force est d’être intégré dans une université dynamique qui cherche une plus grande ouverture sur le monde et l’industrie. Par ailleurs, la Cité ardente bouge face aux défis de la reconversion de son tissu industriel. »

Si une réorganisation des activités s’impose dans de nouvelles structures qui interagissent et si le CSL mérite, selon lui, d’être mieux connu à l’Université, « l’entreprise est à taille humaine, forte d’une centaine de personnes qui se connaissent, se parlent, partagent leurs ressources ». Pas question de séparer son service des tests sous vide – interlocuteur privilégié de l’ESA pour les contrats avec les industriels – ni de l’instrumentation optique qui fait son renom à bord des systèmes dans l’espace, qu’ils soient européens et américains. Mais il est notamment un domaine technologique émergent qui lui tient à cœur : l’observation radar par satellites. « Une de nos équipes a développé une compétence unique en Belgique dans le traitement complexe de l’imagerie radar. On entend bien la valoriser en misant sur la renaissance de la collaboration belge avec l’Argentine pour le programme de satellites Saocom », conclut Thierry Chantraine.

Théo Pirard
Photo : ULg - Michel Houet

• Cap sur Jupiter avec la sonde Juno
La Nasa a précipité la sonde Juno vers la plus grosse planète du système solaire le 
5 août dernier. En 2016, Juno se placera autour de Jupiter pour recueillir des informations scientifiques sur le comportement tourmenté de son atmosphère. Le CSL a contribué à la réalisation du sous-système de mécanisme du miroir UVS.

• A bord du satellite vietnamien
Le gouvernement du Vietnam a retenu l’offre belge pour son deuxième microsatellite de télédétection, le “Vietnam Natural Resources Environment and Disaster monitoring small Satellite” qui sera lancé en 2017. L’ULg est fort impliquée dans ce premier succès à l’exportation de l’industrie belge des systèmes spatiaux. C’est la société Spacebel, l’une des premières entreprises issues du Centre spatial de Liège, qui est responsable de la maîtrise d’œuvre de ce petit observatoire de l’environnement terrestre basé sur le premier satellite Proba made in Belgium. Aux côtés de Spacebel, on trouve le CSL et Amos qui en est une retombée, pour la composante optique de l’instrument hyperspectral, un senseur capable de voir dans des dizaines de bandes spectrales. Le contrat définitif est en cours de négociation, pour une signature en mars 2012 lors d’une mission économique conduite par le prince Philippe.

 

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