Septembre 2012 /216

ERC Grants : le sommet de l’excellence scientifique en Europe

Obtenir un ERC Starting Grant (au même titre qu’un ERC Advanced ou Synergy Grant), c’est l’opportunité de mener un projet scientifique d’envergure avec des moyens importants et une grande liberté de chercheur. Pas étonnant, dès lors, que ce soit une bourse très convoitée. Instruments majeurs du Conseil européen de la recherche pour financer des projets de recherche exploratoire en Europe, les ERC Grants veulent stimuler l’excellence scientifique et la créativité des chercheurs. Seuls 12% des projets soumis en 2011 ont été retenus : les procédures s’avèrent en effet très sélectives, ne retenant que les meilleurs chercheurs et les projets de recherche audacieux, susceptibles d’enrichir substantiellement les connaissances. Mais sans certitude : c’est la logique high gain, high risk qui prévaut !

C’est une de ces bourses prestigieuses – et prisées – que deux chercheurs de l’ULg viennent de recevoir : les Prs Gaëtan Kerschen et Emmanuelle Javaux. Ce qui porte à quatre désormais (en plus de Liesbet Geris et Alberto Borgès, dont les projets ont déjà démarré) le nombre de chercheurs de l’ULg titulaires d’un ERC Grant. Près de trois millions d’euros sont investis par l’Europe dans les projets de ces deux chercheurs, dans le domaine de l’évolution précoce de la vie sur Terre pour Emmanuelle Javaux, dans celui de la maîtrise des phénomènes vibratoires sur les structures d’avion pour Gaëtan Kerschen.

Par ailleurs, dans les prochaines semaines ou prochains mois, l’ULg espère encore recevoir de bonnes nouvelles concernant une dizaine d’autres candidatures à des bourses ERC.

Absorber les vibrations en vol

Réduire la consommation (et donc les émissions) des avions passe par une diminution de leur masse. De nouveaux matériaux le permettent, par exemple. Problème : les avions sont soumis au phénomène du flottement aéroélastique qui fait vibrer leur structure quand il ne menace pas tout simplement leur intégrité. Or, réduire le poids des avions, c’est augmenter leur exposition à ce flottement aéroélastique… Le projet du Pr Gaëtan Kerschen (laboratoire de structures et systèmes spatiaux) vise à concevoir un concept d’amortisseur et de vibrations d’un genre radicalement différent.

A l’heure actuelle, peu d’avions sont équipés d’amortisseurs de vibrations, car ils sont conçus à partir de méthodes de calcul linéaire alors que le phénomène du flottement aéroélastique est intrinsèquement un phénomène non linéaire. Ces amortisseurs sont donc largement inefficaces et l’absence d’un système satisfaisant de prise en charge de ces vibrations limite les performances des avions.

Puisque le phénomène est fondamentalement non linéaire, Gaëtan Kerschen se propose de le supprimer avec un amortisseur non linéaire lui-même. Evident, mais inédit. Et ardu. « C’est un peu inventer une méthode très compliquée pour contrer un phénomène plus compliqué encore », fait-il remarquer. Son projet, intitulé “Novib” (Nonlinear Tuned Vibration Absorber), est doté de plus de 1,3 million d’euros et va permettre, pendant les cinq prochaines années, d’engager six chercheurs – doctorants ou postdoctorants – ainsi que de tester des prototypes dans la soufflerie de l’ULg en collaboration avec Grigorios Dimitriadis.

A la source de la vie

Pour étudier l’origine, l’évolution et la distribution de la vie dans l’Univers (ce qui est l’objet de l’astrobiologie), il est indispensable de connaître préalablement avec le plus de précision possible les différentes étapes de l’évolution précoce de la vie sur la Terre. « C’est un peu comme un puzzle, explique Emmanuelle Javaux (paléobiogéologie, paléobotanique, paléopalynologie). On a déjà pas mal de fragments d’informations mais il reste de nombreuses zones d’ombre, ce qui explique que les controverses se multiplient. »

Avec son projet “Elite” (Early Life Traces and Evolution & Implications for Astrobiology, près de 1,5 million d’euros pour cinq ans), Emmanuelle Javaux ambitionne de découvrir de nouvelles pièces et de les identifier. Avec une équipe de six doctorants, post-doctorants (et un spectroscopiste) ainsi que de nombreuses collaborations à l’ULg (dont le Dr Annick Wilmotte notamment, spécialiste des cyanobactéries actuelles), en Europe et dans le monde, elle va étudier des matériels fossiles uniques provenant d’Afrique du Sud et centrale, d’Australie, de Russie, de Chine, des Etats-Unis… Il s’agira de caractériser ces traces de vie très anciennes (de 3,5 à 0,5 milliards d’années) pour proposer une chronologie des grandes étapes de l’émergence et l’évolution de la complexité biologique sur Terre, particulièrement l’évolution du domaine des eucaryotes et le rôle des cyanobactéries. Une chronologie intégrant les causes environnementales (oxygénation, glaciations, tectonique, etc.) et biologiques de l’évolution de la vie au Précambrien, avec des implications pour la recherche de traces de vie extraterrestre.

Didier Moreau

Dernière minute

Autre bonne nouvelle, on apprend que Veerle Rots, chercheur qualifié FNRS en archéologie préhistorique de l’ULg, reçoit également un ERC Starting Grant pour son projet “Evolution of stone tool hafting in the Palaeolithic”. D’un montant de 1,2 million d’euros, il permettra de mieux comprendre l’évolution de l’emmanchementdes outils en pierre durant le Paléolithique, indicateur de l’évolution de capacités cognitives et techniques, de stratégies de subsistance,etc.

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